HOLLYWOODLes jeunes sont-ils condamnés à subir la pop culture des boomers ?

« Massacre à la tronçonneuse », « Jurassic Park », « Star Wars »... Les jeunes sont-ils condamnés à subir la pop culture des boomers ?

HOLLYWOODUn nouveau « Massacre à la tronçonneuse » est disponible vendredi sur Netflix, le film est ce qu’on appelle un « legacyquel », et Hollywood ne peut plus s’en passer
Ces jeunes font-ils face à Leatherface et sa tronçonneuse ou à 
Hollywood et un énième reboot, suite, revival, « legacyquel » ?
Ces jeunes font-ils face à Leatherface et sa tronçonneuse ou à Hollywood et un énième reboot, suite, revival, « legacyquel » ? - Netflix / Netflix
Vincent Jule

Vincent Jule

L'essentiel

  • Massacre à la tronçonneuse est disponible vendredi sur Netflix, il est la suite directe du film original de Tobe Hooper et fait table rase de toutes les autres.
  • Star Wars, Jurassic Park, Scream, Matrix… Toutes les franchises à succès se voient ressusciter un oeil dans le rétro, un autre vers l’avenir, ce sont les « legacyquels ».
  • Derrière le modèle économique mis en place par Hollywood, il est aussi question de transmission entre générations de spectateurs et spectatrices.

Disponible vendredi sur Netflix, Massacre à la tronçonneuse de David Blue Garcia est la suite directe du film homonyme – et culte – de Tobe Hooper de 1974. Cinquante ans se sont ainsi écoulés depuis le massacre original, et une bande de jeunes influenceurs et entrepreneurs débarque dans la ville fantôme de Harlow, au Texas, avec l’idée de la réhabiliter et de faire du business. Mais ils vont croiser la route de Leatherface, ainsi que de Sally Hardesty, la seule à avoir échappé à sa tronçonneuse. Ce nouvel épisode est le neuvième de la franchise, mais fait table rase de tous les autres. Encore.

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Une suite directe qui fait table rase de toutes les autres

Massacre à la tronçonneuse a déjà connu des suites, un remake, une préquelle, et même « une suite directe qui fait table rase de toutes les autres » avec Texas Chainsaw 3D en 2013. C’était hier. Halloween, l’autre grande saga horrifique, est passée par le même processus, en faisant revenir Jamie Lee Curtis en Laurie Strode, la première victime et survivante de Michael Myers, dans le bien nommé Halloween, 20 ans après, pour mieux la tuer ensuite dans Halloween : Résurrection.

Vous pensiez peut-être à un autre Halloween ? Car, oui, rebelote, Jamie Lee Curtis est de retour, 40 ans après, dans la nouvelle trilogie Halloween de David Gordon Green, à la fois suite directe du film original de John Carpenter et retcon de toute la franchise. Retcon pour «continuité rétroactive». Si vous aimez les termes barbares, on parle également de « legacyquel ».

Bienvenue dans le monde des « legacyquels »… des quoi ?

Théorisé par le journaliste américain Matt Singer et décrypté dans une vidéo de Télérama, ce mot-valise – entre legacy et sequel, héritage et suite – désigne tous les récents films qui ne sont ni une suite, ni un remake, ni un reboot, ou alors, tout à la fois : Creed, Blade Runner 2049, Terminator : Dark Fate, Tron – L’Héritage, SOS Fantômes – L’Héritage, Matrix Résurrections, et, bien sûr, la postlogie Star Wars. Pour rester dans l’horreur et dans la tradition de son approche méta, le dernier Scream cite et s’amuse même du terme.

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Un « legacyquel » se déroule un minimum de temps après le film original ou le dernier épisode, au moins dix ans, réunit le casting original aux côtés de nouveaux et jeunes personnages, pour ce qui se veut à la fois une suite et un passage de flambeau. Pour Hollywood, il s’agit également d’exploiter une franchise qui a déjà fait ses preuves, et donc une prise de risque moindre, si ce n’est de perdre les nouvelles générations.

Une nouvelle génération perdue d’avance ?

Il suffit de voir Steven de la chaîne YouTube Les Dossier Geek gentiment buguer devant la bande-annonce de Jurassic World - Le Monde d'après et les retrouvailles avec le trio de Jurassic Park pour mieux comprendre : « Ah mais oui, je les resitue, c’est bon. De la trilogie originale ». Si l’industrie conçoit ces films ou séries (coucou Cobra Kai) comme des œuvres à part entière, mieux vaut en effet avoir vu les précédents, les originaux. Croisées à la sortie d’un multiplexe, deux amies, la vingtaine, discutaient du dernier Spider-Man. L’une, fan de cinéma et de pop culture, l’avait vu et adoré, l’autre avait préféré passer son tour, car elle « n’avait pas vu tous les films et incarnations précédentes ». Elle avait peur de rien comprendre. Force est de constater qu’ils étaient peu dans son cas : Spider-Man : No Way Home est devenu le premier film de super-héros en France, avec plus de 7 millions d’entrées au box-office.

L’univers, ou plutôt le multivers, des super-héros est propice aux « legacyquels » et au fan service, avec déjà il y a quelles années X-Men : Days of Future Past et bientôt Doctor Strange in the Multiverse of Madness pour Marvel, et The Flash avec le retour de Michael Keaton en Batman pour DC. Oui, le procédé est devenu presque systématique à Hollywood. Le Livre de Boba Fett l’a rappelé de la meilleure des manières, ou de la pire c’est selon. La série sur le chasseur de primes, et personnage culte de Star Wars, s’est vite transformée en best of avec de multiples références et guests de The Mandalorian, The Clone Wars, la trilogie originale, etc. Encore plus parlant : Harrison Ford a déjà revisité ses trois rôles les plus iconiques avec Indiana Jones 4, Blade Runner 2049 et Le Réveil de la Force. Mais est-ce une mauvaise chose ?

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« Tout est vrai. Le côté obscur. Les Jedi. Ils sont réels »

Comme le dit Rey à Han Solo : « Il y avait des histoires sur ce qui s’est passé ». A quoi il répond : « C’est vrai. Tout est vrai. Le côté obscur. Les Jedi. Ils sont réels ». C’est aussi le sujet des « legacyquels » et finalement de la pop culture, de passer le flambeau entre générations de spectateurs et spectatrices. De ce point de vue, le nouveau Massacre à la tronçonneuse est intéressant, car il est proposé sur Netflix, la plateforme de tout le monde mais surtout des jeunes. Si le film se tient tout seul, il invite également à remonter aux originales du « mal », le film séminal de Tobe Hooper, ses suites dont un Next Generation avec les pré-stars Renée Zellweger et Matthew McConaughey, et pourquoi pas pousser jusqu’au livre encyclopédique de Julien Sévéon : Massacre(s) à la tronçonneuse, 1974-2017, une odyssée horrifique.

Reste à savoir combien d’années, de générations, Hollywood peut encore tenir sur ce phénomène. Le journaliste Matt Singer annonce d’ores et déjà un pic, voire un début de fin, avec la majorité des franchises à succès revisitées, quelques échecs (les deux Terminator, Genisys et Dark Fate), et la limite voire l’impasse pour les créateurs, à l’image de l’autocritique voire autodestruction d’un Matrix Résurrections.