TELEVISION« Je n’ai pas vu le temps passer » assure Olivier Ménard avant sa 3000e

« L’Equipe du Soir » : « J’aimerais une émission spéciale avec Roger Federer », confie Olivier Ménard

TELEVISION« L’Equipe du soir » célèbre ce lundi sa 3000e émission avec une édition spéciale. Olivier Ménard fait le bilan, calmement, d’une aventure commencée en septembre 2008
Nicolas Stival

Propos recueillis par Nicolas Stival

L'essentiel

  • Olivier Ménard est le concepteur et l’animateur de L’Equipe du soir, dont la 3000e émission est diffusée ce lundi sur la chaîne L’Equipe.
  • Le journaliste revient sur les moments forts depuis septembre 2008 et évoque sa bande de chroniqueurs, notamment le meilleur d’entre eux.
  • Il aimerait accueillir le « mythe » Roger Federer qui présente l’immense avantage d’être francophone. Idéal pour un ping-pong verbal sur le plateau.

Depuis la création de L’Equipe du Soir en septembre 2008, Olivier Ménard trimballe son flegme angevin au milieu de chroniqueurs bien plus agités. Ce lundi, le talk-show quotidien de la chaîne L’Equipe fête sa 3.000e édition et, à 13 ans et demi, affiche une forme d’adolescent survolté : 275.000 téléspectateurs de moyenne sur l’année 2021 (un record), avec une pointe à 903.000 le 21 juin, au cœur de l’Euro de foot.

A 52 ans, le journaliste et animateur ne se voit pas arrêter de sitôt : « Mes chroniqueurs sont fins, ils m’ont beaucoup apporté intellectuellement et humainement. Si tu fais un bilan, tu te dis : c’est quand même vachement bien. »

Que ressentez-vous en voyant l’émission que vous avez proposée et lancée fêter son 3000e numéro ?

Je n’ai pas vu le temps passer. C’est une émission que j’ai créée avec Benoît Pensivy, le patron de l’époque. Au moment de la création, tu n’imagines rien. Tu te demandes juste si ça va fonctionner. Dès la première émission, j’ai eu le sentiment que l’enfant était bien né. Je voulais avoir des gens qui s’expriment bien, qui donnent leur regard sur une actualité, avec de la culture, de l’originalité et de la sensibilité.

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Au début, la chaîne était diffusée sur le câble et sur le satellite. 2012 est une date importante avec le passage sur la TNT, mais la chaîne n’était pas encore reçue dans toutes les communes françaises. L’émission est née en 2008 mais le moment où elle a commencé à faire potentiellement le plein, c’est en 2016-2017. C’est une fausse vieille, ou une vieille jeune.

Cette émission spéciale promet de dévoiler « les petits secrets de L’Equipe du Soir ». C’est-à-dire ?

Ce sont les coulisses, des choses que les téléspectateurs vont apprendre. Les petites inimitiés ou les grandes fâcheries. Mais il y a aussi des témoignages de téléspectateurs connus, comme Nicolas Sarkozy, Michel Drucker, Michaël Youn et Michel Denisot. Je trouve que le documentaire est plutôt sympa et nous ressemble avec pas mal d’ego, de tempérament, des moments où ça « fighte », d’autres où ça se réconcilie. Parfois, c’est irréconciliable. La vie, quoi.

Quels sont les moments forts que vous retenez ?

J’ai une capacité d’oubli immédiat, car je suis toujours tourné vers la prochaine émission. C’est le propre du rythme quotidien. Je retiens quand même le soir de la remontada (FC Barcelone – PSG, 6-1 le 8 mars 2017). On arrive avec des questions mais il y a le dernier but de Sergi Roberto qui les rend obsolètes. Pendant vingt minutes, on a fait la conférence de rédaction en direct sans que les téléspectateurs ne s’en rendent compte. Je parlais à la régie tout en animant l’émission.

Sergi Roberto, héros de la remontada du Barça face au PSG, le 8 mars 2017.
Sergi Roberto, héros de la remontada du Barça face au PSG, le 8 mars 2017. - Emilio Morenatti / AP / Sipa

Je me souviens aussi que lors du Vendée Globe, on a eu de la chance de recevoir des marins sur le plateau ou en duplex. Leurs aventures nous avaient fait toucher l’essence du sport : des gens qui font des choses extraordinaires. Tu es seul sur ton bateau, tu traverses l’océan et il peut t’arriver des soucis.

Nous ne sommes que des chroniqueurs de sport et les personnes dont on parle sont en général hors normes. Et puis, chez les marins, il y a la victoire mais aussi l’idée de terminer une épreuve. Parce que d’habitude, on est dans une culture du succès, même si tu perds plus que tu gagnes dans le sport. Tout d’un coup, il y avait quelque chose d’assez sain en entendant leurs discours. Ça m’a beaucoup marqué.

Qui est le meilleur chroniqueur de L’Equipe du Soir ?

Ma réponse sera partagée par bon nombre d’autres chroniqueurs. C’est Grégory Schneider [journaliste à Libération]. Il a des vues très originales, mais il y a quelque chose dans sa personnalité qui fait que tu es content de ne pas être d’accord avec lui.

Et le pire ?

Je ne vais pas donner de nom par élégance. Il faut parfois opérer un renouvellement, et puis il y a des gens qui ne font pas l’affaire et je leur dis aimablement. Pour certains qui sont restés un peu longtemps, leur faire cette annonce, c’est comme priver quelqu’un d’une récréation. Il y a un côté émission de bande. Les gens ne vont pas forcément passer leurs vacances ensemble mais le temps d’une soirée, ils vont partager un moment et c’est bien agréable.

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Raymond Domenech et Dominique Séverac n’apparaissent jamais dans la même émission. Y a-t-il d’autres cas d’incompatibilités d’humeur à gérer ?

Oui, quelques-uns. Et puis, il y a des chroniqueurs qui ont le même emploi, comme Dominique Séverac et Bernard Lions. Il n’y a aucune inimitié entre eux, mais ce sont tous les deux des gens qui vont interrompre les autres, les questionner, rendre un peu ridicules leur façon de penser. Avoir un double effet, ça annule la puissance de leur personnage, comme au théâtre.

Raymond Domenech veut bien s'asseoir devant Nicolas Mahut, mais pas à côté du journaliste Dominique Séverac.
Raymond Domenech veut bien s'asseoir devant Nicolas Mahut, mais pas à côté du journaliste Dominique Séverac. - Lionel Urman / Sipa

C’est pareil quand tu mets trop de savants du foot. Un jour, j’avais un plateau de cinq personnes avec Vincent Duluc, Didier Roustan et Sébastien Tarrago. Chacun connaît parfaitement ce sport. C’était trop. Il faut avoir des gens complémentaires, peut-être un peu opposés. S’ils ont la même fonction, le circuit de parole est un poil grippé.

Y a-t-il une phrase devenue culte, qui revient souvent dans l’émission ?

J’ai une petite nostalgie des réflexions de Thierry Bretagne, un chroniqueur qui avait un vocabulaire et une expression orale fantastiques. On l’avait surnommé l’avocat car il partait dans des plaidoiries magnifiques. Je me souviens aussi de l’expression d’Eric Blanc : « tu fais rire la France », qui veut dire « ton propos est ridicule ».

Parmi les invités, y en a-t-il qui vous ont particulièrement marqué ?

Les champions du Vendée Globe et, dans une tout autre discipline, Samir Nasri. A l’époque, il jouait au FC Séville, prêté par Manchester City (lors de la saison 2016-2017). Il nous avait expliqué Pep Guardiola qu’il avait croisé à City, son intransigeance. Il nous avait vraiment ouvert les portes du vestiaire à travers son témoignage.

Samir Nasri période Manchester City avec Pep Guardiola, le 28 août 2016.
Samir Nasri période Manchester City avec Pep Guardiola, le 28 août 2016. - Oli Scarff / AFP

Guardiola s’intéressait même à la fréquence des rapports sexuels de ses joueurs. Mais lui n’était pas là pour faire une leçon de morale. Il disait : « tu as eu un rapport sexuel jeudi, on a joué samedi et tu n’as pas été si bon que ça. Est-ce que, éventuellement, tu pourrais éviter d’avoir ce rapport sexuel deux jours avant le match et le programmer la veille, ou l’avant-avant-veille ? »

Là, on touche au côté obsessionnel des gens qui font du sport de haut niveau, à travers un exemple qui paraît fou et original. De plus, Samir s’exprime magnifiquement. Tu découvres des choses en direct sur L’Equipe du Soir, ça nous intéresse, ça doit donc intéresser la personne devant sa télé.

Quel invité aimeriez-vous accueillir sur le plateau ?

J’aimerais une émission spéciale avec Roger Federer, car c’est une star du sport mondial et il est francophone. C’est un mythe, comme Tyson, Fangio ou Senna. Comme il parle français, on va pouvoir se comprendre sans traducteur et il va pouvoir faire des petites blagues. Il y aura une connexion certainement plus naturelle qu’avec d’autres légendes du sport actuelles comme Messi, Ronaldo, LeBron James, Curry, Pacquiao ou Bolt.