INTERVIEW DU LUNDI« Je me sens un peu anglais », reconnaît José Fonte avant Chelsea – Lille

Chelsea – Losc : « Je me sens un peu anglais », reconnaît José Fonte qui vit entre Lille et Londres

INTERVIEW DU LUNDILe capitaine du Losc, dont la famille vit à Londres, sera en terrain connu ce mardi (21h) à Chelsea où le Losc dispute son huitième de finale aller de Ligue des champions
José Fonte, le capitaine du Losc
José Fonte, le capitaine du Losc - avid Winter/Shutterstock/SIPA / SIPA
François Launay

Propos recueillis par François Launay

L'essentiel

  • Chaque lundi, 20 Minutes donne la parole à un acteur ou une actrice du sport qui fait l’actu du moment. Cette semaine, place au défenseur portugais José Fonte.
  • Le capitaine du Losc aura beaucoup de travail mardi soir en 8es de finale aller de la Ligue des champions à Chelsea.
  • Le champion d’Europe raconte son attachement à la ville de Londres, où vivent sa femme et ses enfants, et revient sur ses quatre belles années dans le Nord.

Le poids des années ne semble pas avoir de prise de lui. A 38 ans, José Fonte n’a jamais paru aussi fort. Son arrivée dans le Nord il y a quatre ans coïncide même avec la montée en puissance du Losc. Champion de France surprise la saison dernière, le club nordiste s’apprête à disputer le deuxième huitième de finale de Ligue des champions de son histoire.

Mardi, sur la pelouse de Stamford Bridge, ce sera même une grande première à ce niveau pour le défenseur portugais qui n’était jamais allé aussi loin dans la compétition. Clin d’œil de l’histoire, ça se passera à Londres, là où vivent à l’année sa femme et ses enfants. Alors qu’il arrive en fin de contrat en fin de saison, le champion d’Europe s’est confié à 20 Minutes sur le choc à venir contre Chelsea mais aussi ses belles années lilloises, sa vie londonienne sans oublier sa passion méconnue pour l’espace.

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Ce match face à Chelsea est-il le plus important de votre carrière à Lille ?

Non, le plus important, c’était le dernier match de la saison dernière à Angers lorsqu’on gagne le titre. Cette rencontre contre Chelsea est évidemment un match important dans une compétition importante mais ce n’est pas la finale. Après, c’était notre objectif et on est content d’être là. Mais on a l’ambition de toujours faire plus donc on va essayer de bien préparer ce match incroyable à jouer.

Le fait que personne ou presque ne croit en vos chances est-il une motivation supplémentaire ?

Il y a sûrement des personnes qui pensent que nous n’avons aucune chance donc on a zéro pression. Mais après, chaque joueur du Losc et toutes les personnes qui travaillent au club savent qu’on a de la qualité, qu’on a les joueurs et les professionnels pour faire quelque chose. On n’est pas devenus champions de France par chance. On est une bonne équipe. On a des bons joueurs, des bons entraîneurs. On aura quelque chose à dire dans ce match. Ce sera un match très très difficile mais on va bien se préparer avec notre plan de jeu pour faire un résultat. Pour nous, c’est surtout une belle opportunité d’écrire l’histoire à Lille.

Pour passer, il faudra bien défendre mais vous êtes moins bons dans ce domaine que la saison dernière. Pourquoi ?

C’est très facile. On a perdu le meilleur gardien du championnat français (Mike Maignan). C’est difficile de le remplacer. On a aussi eu d’autres changements importants. Mais on est conscients de l’importance d’avoir des clean sheets, d’être solides, d’être compacts. On travaille tous les jours pour trouver cette solidité.

Qu’est-ce que vous pensez de Chelsea ?

C’est une équipe de haut niveau avec un entraîneur de haut niveau, avec des joueurs qui ont tout gagné et qui jouent tous pour leur sélection nationale. Ils se battent pour tous les titres, c’est une équipe très dangereuse. Pour nous, c’est un très beau match à jouer. On croit en nous et on a la confiance pour faire un résultat positif. Je le répète, on n’a pas de pression.

Eliminer Chelsea serait-il plus fort que battre la France en finale de l’Euro ?

Pardon mais non. Si tu me dis que Lille gagne la Ligue des champions contre n’importe qui en finale, peut être qu’on pourra dire que c’est plus fort que l’Euro. Mais gagner ce premier titre avec le Portugal en France contre la France, c’est quelque chose de spécial pour tous les Portugais. C’est énorme.

Vous avez joué dix ans en Angleterre, et ça fait quatre ans que vous êtes en France. Quelles sont les différences entre les deux championnats ?

L’atmosphère et l’intensité de la Premier League sont plus élevées. Les clubs anglais ont aussi plus d’argent pour acheter de grands joueurs. Et les supporters transmettent une intensité dans les matchs qui fait souvent la différence. En France, on a aussi une ligue très compétitive. Le PSG se démarque un peu à cause de ses capacités financières. Pour le reste, c’est un championnat intéressant car tout le monde peut battre tout le monde.

Quels sont les attaquants qui vous ont le plus impressionné en Premier League ?

Il y en a eu beaucoup. Rooney, Suarez, Van Persie, Ibrahimovic, Drogba, Anelka, Lukaku… On peut continuer jusqu’à demain (rires). C’est ça qui fait la différence. En Premier League, toutes les équipes ont des attaquants de haut niveau.

Quelles sont les équipes anglaises que vous aimez bien regarder ?

J’aime bien regarder les équipes de Guardiola à Manchester City. Et aussi le Liverpool de ces trois, quatre dernières années avec Klopp. Et puis il y a bien sûr Southampton, West Ham et Crystal Palace parce que j’y ai joué. Je regarde leurs résultats plus attentivement.

Depuis que vous êtes à Lille, votre famille est restée vivre à Londres. Jouer à Chelsea c’est un peu comme jouer à la maison ?

Non. Ce n’est pas pareil. D’ailleurs, ce n’est pas sûr que je vois ma famille car le match contre Chelsea se joue tard et les enfants ont l’école le lendemain. On va vite repartir après le match donc je n’aurai sans doute pas le temps de les voir.

Vous sentez-vous un peu anglais malgré tout ?

Oui. Je suis un peu anglais bien sûr. Mes enfants sont nés et vivent en Angleterre. Ma femme est anglaise. J’ai passé dix ans là-bas et je me suis très bien adapté. Mais le Portugal, ça reste quand même chez moi.

Qu’est-ce qui vous plaît à Londres ?

Londres est une ville où on peut faire plein de choses, où il y a une vraie qualité de vie. Il y a des bons restaurants, des théâtres, des bonnes écoles. Le choix est large. Avec mes enfants et ma femme, on essaye de trouver des endroits où l’on peut voir des spectacles. On aime manger dans des restos comme Milos ou Zuma, on aime aussi aller voir des spectacles de mimes. On adore faire du shopping chez Harrod’s ou d’autres endroits. Plus largement, j’aime aussi la tranquillité que j’ai quand j’y suis là-bas. C’est très appréciable.

Comment gérez-vous votre vie de famille à Londres avec votre vie de footballeur à Lille ?

Avant le Covid-19, il n’y avait aucun problème. Il y avait beaucoup de trains, d’opportunités pour rentrer chez moi en Eurostar. Mais avec la pandémie, c’est devenu plus difficile et tout s’est un peu compliqué. Heureusement, le président et le coach me facilitent les choses. Quand je rentre à Londres, ils me donnent un peu plus de liberté car le côté familial reste le plus important. On fait tout notre possible pour trouver le meilleur équilibre.

Pourquoi votre famille ne vous a jamais rejoint à Lille ?

Mon garçon est dans une école qu’on a choisi pour lui et qu’il aime beaucoup. On ne va pas dérégler ça. Il y a des moments dans ta vie où tu es obligé de choisir le meilleur pour tes enfants et c’est ce qu’on a fait.

A la fin de votre carrière, vous aimeriez vivre à Londres, à Lisbonne ou entre les deux villes ?

Je n’ai aucune préférence. Je peux vivre partout. Je suis un homme du monde. Je suis allé jouer en Chine, en France, en Angleterre… J’ai des racines partout. Si j’ai la santé et ma famille, je suis bien. Après, quand ma carrière sera terminée, je pense qu’on vivra entre l’Angleterre et le Portugal.

A 38 ans, vous êtes toujours au top physiquement. Comment faites-vous ?

J’ai eu des bons exemples dans ma carrière. J’ai eu l’opportunité d’apprendre et de faire beaucoup de recherches aussi sur la récupération, la nourriture. Aujourd’hui, juste avec son téléphone, on peut avoir des informations très facilement sur le meilleur moyen de rester en forme. J’ai toujours été attentif à l’aspect physique et mental, à la nutrition, avant et après l’entraînement. Après c’est un peu lié à la génétique. Heureusement, je n’ai pas eu beaucoup de blessures dans ma carrière. Ça joue beaucoup aussi. Et puis, il faut surtout être pro en faisant ta gym et ta récupération tous les jours. Par exemple, je me couche tous les jours entre 22h30 et 23h30. Il n’y a pas de secret miraculeux, ce n’est que du travail.

Vous ne faites jamais d’écart ?

Bien sûr que si. Il y a des jours où je peux me permettre un petit écart après un beau match, après une belle victoire. Il faut vivre aussi ! C’est important pour l’aspect mental.

Qu’est-ce que vous aimez en dehors du foot ?

J’adore la Formule 1. Mon grand-père regarde tous les Grands Prix. Et dès l’âge de 8-9 ans, j’ai commencé à les regarder avec lui. Après mon père m’a donné la possibilité de faire du karting ce qui m’a beaucoup plu. Et j’aime beaucoup de pilotes de F1 : Ricciardo, Alonso, Hamilton, Verstappen, ou Norris. Dans ce sport-là, tu as 20 pilotes de haut niveau. Ils prennent beaucoup de risques. J’aime aussi l’atmosphère, le bruit des moteurs. J’ai déjà vu des Grand Prix en live, c’est juste incroyable. J’apprécie aussi beaucoup la NBA avec une préférence pour les équipes où joue Lebron James dont je suis fan.

Apparemment, vous avez aussi une passion pour le cosmos…

Oui. J’aimerais savoir s’il y a de la vie sur d’autres planètes, d’autres galaxies. J’aimerais savoir si on aura un jour la possibilité de visiter d’autres planètes Je regarde des émissions tous les jours. Je mets YouTube et je regarde l’univers, le cosmos ou dernièrement le télescope de James Webb. Ça me fascine. J’aime regarder ça la nuit, ça me calme beaucoup. Je trouve que c’est quelque chose d’excitant et d’incroyable.

Vous aimez aussi beaucoup la musique. Quels sont vos goûts ?

J’écoute tout. J’aime tout. J’adore la musique. Mes goûts évoluent en fonction de mon humeur, de la situation du club. J’aime le rock, la house music, le hip-hop, le classique. Et mes artistes préférés sont Kings of Leon, Artic Monkeys, DJ Black Coffee, Kendrick Lamar, Drake ou encore Kanye West…

En tant que capitaine, c’est vous qui décidez de la musique dans le vestiaire ?

Non, c’est partagé par tous. Mais si j’ai envie d’écouter quelque chose, je le mets et c’est fini (rires).

Justement, le brassard de capitaine, ça représente quoi pour vous ?

C’est un honneur de représenter le Losc et d’être choisi comme capitaine par les entraîneurs. Ça arrive souvent quand tu es un peu plus expérimenté. Je suis arrivé à Lille à 34 ans, et j’avais déjà eu le brassard à Southampton pendant plusieurs saisons. C’est normal pour moi de faire ce travail-là. C’est une belle responsabilité. J’essaie de donner l’exemple et d’être professionnel. Je parle quand j’ai besoin de parler mais mon rôle consiste surtout à responsabiliser tout le monde. Il n’y a que comme ça qu’on peut gagner.

Ça fait quatre ans que vous êtes au Losc, qu’est-ce qui vous plaît ici ?

Tout. Les supporters et les personnes qui travaillent au club me font me sentir bien. Ils apprécient mes qualités. Et puis, on a été performants et on a gagné des titres. Quand tu gagnes, c’est toujours plus facile. Il y a une ambiance agréable et un esprit de club au top. C’est ça que j’aime. C’est toujours difficile de trouver ça dans un club. Alors quand tu as ça, il faut en profiter le plus longtemps possible.

Un titre de champion de France, un huitième de finale de Ligue des champions à l’horizon. Vous pensez quoi de ces quatre saisons passées à Lille ?

Je me dis que c’était une belle décision de signer au Losc. C’est incroyable ce qu’on a fait ces quatre dernières saisons. Quand tu penses que l’équipe était 17e de Ligue 1 en mai 2018. Ça montre bien la qualité de tout le monde au club. Je pense que c’est bien de prolonger, de rester quand tu trouves un club comme ça. Le Losc m’a donné mon premier titre national dans un club. Ça représente beaucoup pour moi. C’est une partie de ma vie. Je n’oublierai jamais mes quatre ans passés ici. Ce sont sans doute les années les plus importantes de ma carrière. Ce sont des beaux moments que je n’oublierai jamais.