RUGBYComment Fabien Galthié choisit les VIP qui viennent voir les Bleus

XV de France : Comment Galthié et les Bleus choisissent les VIP qui donnent la leçon à Marcoussis, de Cabrel, à Dujardin en passant par Thomas Coville

RUGBYFrancis Cabrel a rendu visite au XV de France dimanche. Une initiative lancée par Fabien Galthié qui invite des personnalités pour échanger autour de leur parcours, de leur expérience
C'est grâce à Cabrel que les Bleus vont battre l'Ecosse, samedi.
C'est grâce à Cabrel que les Bleus vont battre l'Ecosse, samedi. - Franck FIFE / AFP / Montage 20 Minutes
Antoine Huot de Saint Albin

Antoine Huot de Saint Albin

L'essentiel

  • Francis Cabrel est venu à Marcoussis échanger avec les joueurs et pousser la chansonnette.
  • Le chanteur agenais s'est ajouté à la liste des personnalités, choisies par Fabien Galthié, venues raconter leur expérience, leur parcours.
  • Guy Savoy, Thomas Coville, Jean Dujardin, Emmanuel Macron ou Max Guazzini ont rendu visite aux Bleus ces derniers mois.

Ils étaient 6.000 au Zénith de Toulouse et à l’Arena de Bordeaux, 3.000 à Strasbourg… et 42 au Centre national du rugby de Marcoussis, dimanche. Francis Cabrel a bouclé la première partie de sa tournée devant les joueurs du XV de France, en pleine préparation du troisième match du Tournoi des VI Nations face à l’Ecosse, samedi à Murrayfield. Posé sur une chaise, guitare à la main, le chanteur agenais a entonné Je l’aime à mourir, repris d’une voix fluette par une assistance conquise, émerveillée de voir son « idole », dixit Gaël Fickou, comme si le Père Noël était apparu devant une bande de bambins.

De tous les guests, Francis Cabrel est sûrement celui qui a fait le plus l’unanimité. Tout le monde ou presque y est allé de sa photo, de sa petite story Instagram. « Tous les joueurs sont fans. Lors des rassemblements, ils chantent du Cabrel, explique un témoin. C’était un bon moment ». Et pas que pour la session karaoké. Car le but de ces sessions VIP, régulièrement organisées par Fabien Galthié et son staff depuis leur nomination, est aussi d’échanger sur les parcours de chacun.

Souvent des amis de Galthié

« C’est un moment de partage, où les questions peuvent être nombreuses, complète un proche du groupe. C’est pour faire une sorte de parallèle entre le sportif de haut niveau et le chanteur, savoir comment il s’est relevé pendant les moments de doute. » Un moyen d’organiser une séance de psychologie collective où chacun y va de son bon mot, de son expérience. C’est pour cela que Spinoza Galthié invite des convives venus d’univers différents. Sont passés sur le divan de Marcoussis Guy Savoy, Jean Dujardin, Thomas Coville ou Max Guazzini.

L’ancien président du Stade Français avait ainsi été invité par son ancien coach en octobre 2020 : « Fabien m’avait demandé de venir témoigner sur ce que j’avais fait dans le rugby, dans ma vie. J’ai parlé du rugby tel que je l’ai vécu et tel que je l’ai fait. Ça avait beaucoup intéressé les joueurs, qui m’avaient posé pas mal de questions. C’était très festif et ensuite j’avais dîné avec eux, à une table de 6 hein, et j’étais avec beaucoup de Toulousains, Antoine Dupont, Cyril Baille, Julien Marchand et Romain Ntamack. D’ailleurs, Cyril et Antoine sont venus chez moi dîner dans le sud cet été. »

Dujardin inspirant avant les Blacks

On ne sait pas si les joueurs du XV de France ont également rejoint Jean Dujardin dans sa demeure de Saint-Cloud, mais le passage d’OSS 117 au Centre national du rugby avait également été très apprécié, avant le match face à la Nouvelle-Zélande, cet automne. « Ça fait du bien d’avoir des sollicitations extérieures qui nous permettent de décompresser, de prendre l’air, s’était réjoui le deuxième ligne Thibaut Flament. Ce sont des moments très inspirants. C’est très bien pour le groupe de pouvoir relâcher de cette façon. »

Dujardin y était allé lui aussi de sa petite séquence sortie des meilleurs posts LinkedIn pour motiver les troupes : « Cette pression, elle est bonne, c’est un moteur inouï. (…) J’ai une bonne phrase de Claude Lelouche, qui m’avait bien aidée : « Fais comme si ce film ne sortirait jamais. » Et bien ça te libère de plein de trucs. Ça pourrait s’appliquer aussi : « Faites comme si ce match n’était pas filmé. » » Visiblement, la séance avait fonctionné puisque les Bleus avaient rossé les Blacks et l’acteur était même revenu dans les vestiaires après la rencontre.

Le fameux cadre de vie-cadre de jeu de Galthié

Ce choc face aux Blacks, Thomas Coville ne l’a pas raté. Depuis qu’il a rencontré Fabien Galthié aux Etoiles du sport, puis lors de l’Atelier des coachs, le marin est vraiment tombé raide dingue des méthodes du sélectionneur, avec qui il discute régulièrement. « J’enregistre les matchs, je les visionne deux ou trois fois, nous explique le skippeur de Sodebo. Je suis habité par ce que je fais et rentrer dans cette logique de quelqu’un qui est aussi habité et vous rend habité, c’est fabuleux. » Les deux hommes ont tellement accroché que Galthié a même embarqué à bord :

« Il s’est fait peur, a eu le mal de mer. Mais Fabien a besoin de cette mise en danger. Je n’en connais pas beaucoup qui aillent jusque-là et qui soient aussi éclectique dans leur ouverture. » »

Fabien Galthié sur le bateau de Thomas Coville. Et un des deux n'a pas le pied marin.
Fabien Galthié sur le bateau de Thomas Coville. Et un des deux n'a pas le pied marin. - Martin Keruzoré / Team Sodebo

Invité lui aussi à Marcoussis, Coville, après avoir discuté de ses tours du monde, ses échecs, ses réussites, a laissé les joueurs lui poser des questions. « Il n’y avait pas de tabou, on pouvait parler de vie, de mort, de relation avec un environnement familial. Moi, j’ai des enfants, qu’est-ce qu’on leur raconte quand on va faire onze fois le tour du monde ou le cap Horn, les dangers qu’on prend. Ces choses-là font partie de ce que Fabien a appelé cadre de jeu-cadre de vie. Il essaie de faire entrer dans cette équipe, dans cette famille, un cadre de vie-cadre de jeu, qui permet aux athlètes de s’épanouir et de rentrer dans une certaine communauté d’esprit, une communion de valeurs. »

« Un athlète heureux est un athlète qui devient performant »

D’où le côté gourou qu’on lui accole parfois. Mais Thomas Coville préfère parler du côté pragmatique de Galthié : « Il y a une vraie adhésion à un projet commun qui met l’homme et son épanouissement au centre du projet. On a travaillé sur la récupération, ajoute-t-il. Fabien est persuadé qu’un athlète heureux est un athlète qui devient performant. Un athlète qui se sent bien, au début il est impliqué, ensuite il devient concerné et il finit par être habité. »

Thomas Coville a également parlé pugnacité, engagement collectif, récupération. « J’ai eu des questions sur comment, moi, en solitaire, j’arrive à récupérer en vingt minutes, reprend le détenteur du trophée Jules-Verne en 2016. On a fait un exercice avec le groupe des kinés liés à l’endormissement, à l’imagerie mentale. Tout est très articulé, mais Fabien est dans une responsabilisation très forte des joueurs. » On attend maintenant le passage d’Olivier Minne pour évoquer la prise de masse rapide et les courses à haute intensité dans le Fort.