POLITIQUE« L’histoire marseillaise de Jean-Luc Mélenchon est terminée »

Législatives 2022 : A Marseille, « l’histoire de Jean-Luc Mélenchon est terminée »

POLITIQUELa candidature à la présidentielle de Jean-Luc Mélenchon suspend la question de son éventuelle réinvestiture dans les Bouches-du-Rhône, à laquelle pas grand nombre croit
Mélenchon à Marseille en juin 2020
Mélenchon à Marseille en juin 2020 - CLEMENT MAHOUDEAU / AFP / AFP
Caroline Delabroy

Caroline Delabroy

L'essentiel

  • Dans la foulée de la présidentielle de 2017, Jean-Luc Mélenchon est élu député des Bouches-du-Rhône dans une circonscription conquise à la gauche, mais où il ravit la place au socialiste sortant.
  • Le candidat de la France insoumise semble avoir pris ses distances avec Marseille, où il pourrait bien laisser une place vacante.
  • Le candidat citoyen Kevin Vacher est le premier à gauche à s’être véritablement lancé dans la campagne des législatives dans la circonscription, sans attendre les résultats d’une présidentielle qui rebattra les cartes.

Saint-Denis de la Réunion, Lyon, Paris annoncés dans les meetings à venir, après Montpellier, Tours, Strasbourg ou Bordeaux ces dernières semaines : l’agenda du candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) évite pour le moment soigneusement Marseille, où son principal concurrent à gauche, Fabien Roussel (PCF) a choisi de tenir son premier meeting national début février. C’est peu de dire que le député des Bouches-du-Rhône, élu avec succès en 2017 face au socialiste Patrick Mennucci, ne laboure pas ses terres électorales.

Sans surprise, la publication vendredi dernier des premiers chefs de file insoumis en vue des législatives (sous la bannière de l’Union populaire) laisse en blanc la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, celle où Jean-Luc Mélenchon est élu. Le temps des (ré) investitures n’est pas encore là, et les scores à la présidentielle donneront assurément le cap. Mais sur le terrain, la question est dans toutes les têtes. Pour certains, déjà tranchée.

« L’histoire marseillaise de Jean-Luc Mélenchon est terminée, sinon il se serait donné les moyens avec les centaines de militants qu’il avait au début sur la ville », assure Alain Barlatier, militant de la gauche républicaine et socialiste et ancien proche de Mélenchon. « Il n’a pas du tout investi le champ local, notamment après l’effondrement de la rue d’Aubagne où il y avait un travail à mener sur la question de l’alternance politique à Gaudin », regrette-t-il.

« Si la greffe Mélenchon a pris à Marseille ? »

« Tout ce qu’il a fait, c’est se fâcher avec sa suppléante, mettre des bâtons dans roues du Printemps marseillais [coalition de gauche qui a conquis la mairie], réduire sa base militante », ajoute celui qui fut aussi le directeur de campagne à la mairie du 1er secteur de Marseille de Sophie Camard, la suppléante de Jean-Luc Mélenchon (qui a fait le choix de soutenir Fabien Roussel à la présidentielle).

« Si la greffe a pris à Marseille ? Tout dépend si vous posez la question à l’Après-M, aux sucres Saint-Louis, aux habitants d' Air Bel exposés à la légionellose à cause de l’eau, bref à tous ces gens qui étaient dans des luttes sociales que Jean-Luc Mélenchon a relayé, ou si vous demandez à l’opposition », réagit de son côté Bernard Borgialli, candidat France insoumise aux départementales à Marseille, face au binôme Sophie Camard et Benoît Payan.

Figure des insoumis à Marseille, et chef de file déjà désignée pour une investiture législative dans les quartiers nord, Mohamed Bensaada connaît par cœur la rengaine d’un député Mélenchon qui serait absent, trop absent de Marseille : « Est-ce qu’on se pose des questions sur la greffe entre les Marseillais et Alexandra Louis ou Saïd Ahamada [députés LREM des Bouches du Rhône] ? La personnalité de Jean-Luc Mélenchon, son statut fait que tout le monde en parle. Cette ombre tutélaire arrange tout le monde. Sur la question de l’eau à Air Bel, sur McDo, et bien d’autres sujets, il a fait son travail d’élu de la nation. »

Pour lui, comme pour les autres militants de terrain, l’heure est au tractage pour la présidentielle : « L’urgence, elle est là. » Et si un nom circule bien chez LFI pour succéder à Jean-Luc Mélenchon dans les Bouches-du-Rhône, l’intéressé est occupé à d’autres choses : il s’agit en effet de Manuel Bombard, son directeur de campagne pour la présidentielle….

Une circonscription sous les projecteurs

A gauche, Kevin Vacher est le premier à s’être officiellement lancé dans la campagne des législatives dans la circonscription détenue par Jean-Luc Mélenchon. Pour faire entendre la voix des mouvements citoyens et porter l’existence d’un bloc citoyen à l’assemblée nationale, aux côtés de la gauche et des écologistes. Ce sociologue, figure du collectif du 5 novembre né après l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne, sait que la circonscription dans laquelle il se présente est au centre de toutes les attentions. « Tout le monde la regarde, depuis des années c’est la circonscription la plus à gauche de France. »

Il botte en touche sur le bilan de Mélenchon, se refusant « à faire campagne contre les autres candidats de gauche quand on voit le score au niveau national », et jugeant même « intéressante » la démarche de l’union populaire. « Son entourage dit qu’il ne se représentera pas », continue-t-il, observant que son élection en 2017 a été « un événement assez contradictoire » : « Il a été trop peu député local, et en même temps un très bon député national, estime Kevin Vacher. Cet événement a renforcé une gauche radicale plus citoyenne. La raison pour laquelle il est venu à Marseille, c’est pour tout ce qui s’y passait, pour cette révolution citoyenne qu’il théorisait. » Reste, selon lui, « à passer à l’acte 2 ».