DIPLOMATIESommets et visios en série pour coordonner la riposte contre la Russie

Guerre en Ukraine : En Occident, sommets et visios en série pour coordonner les nouvelles sanctions

DIPLOMATIELes Occidentaux se réuniront dans un G7 virtuel ce jeudi à 15 heures, lors d'un sommet européen prévu à 20 heures à Bruxelles et à l'occasion d'un sommet de l'Otan en visioconférence vendredi matin
Guerre en Ukraine: Une vague de condamnations en Occident
Marion Pignot

M.P. avec AFP

De premières sanctions de l’UE sont entrées en vigueur mercredi soir contre Moscou en réaction à la reconnaissance lundi de l’indépendance des territoires séparatistes dans l’est de l’Ukraine. Mais alors que Vladimir Poutine a lancé jeudi une invasion de l’Ukraine, avec frappes aériennes et entrée de forces terrestres depuis plusieurs directions, de nouvelles nations, l’Australie en tête, ont annoncé une seconde salve de sanctions.

Pour coordonner leur riposte, les Occidentaux se réuniront dans un G7 virtuel ce jeudi à 15 heures, lors d’un sommet européen prévu à 20 heures à Bruxelles et à l’occasion d’un sommet de l’Otan en visioconférence vendredi matin. 20 Minutes fait le point.

L’Australie s’attaque aux banques russes

L’Australie a annoncé jeudi matin très tôt une « deuxième série » de sanctions à l’encontre de la Russie, après son attaque contre l’Ukraine, ouvrant ainsi la voie à de nombreux pays désireux de prendre de nouvelles mesures à l’encontre de Moscou. Le Premier ministre australien Scott Morrison a condamné l'« invasion illégale » de la Russie en annonçant des sanctions à l’encontre de quatre institutions financières et de 25 personnes appartenant à quatre entités en charge du développement et de la vente de technologies militaires et d’armes. Dans la foulée, à Moscou, Sberbank chutait de 38,85 %, VTB Bank de 37 %. A Vienne, Raiffeisen perdait 15,50 % et à Milan Unicredit cédait 8,67 %.

Les Etats-Unis pourraient sanctionner Vladimir Poutine lui-même

Joe Biden doit s’adresser aux Américains ce jeudi soir et annoncer des représailles massives contre l’économie russe. Joe Biden, qui a réuni jeudi matin ses conseillers à la sécurité nationale dans la célèbre « Situation Room », doit s’exprimer jeudi sur les « conséquences » pour la Russie de cette annonce – à la mi-journée à l’heure locale, selon la Maison Blanche. Il se sera auparavant entretenu avec ses homologues du G7. Joe Biden a promis que « le monde exigera (it) des comptes » de Moscou.

La porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki a dévoilé plusieurs autres pistes de sanctions mercredi : « il existe d’autres institutions financières, par exemple les deux plus grandes banques russes, qui ne font pas partie » des sanctions déjà annoncées. En l’occurrence Sberbank et VTB Bank, deux établissements qui ensemble détiennent 750 milliards de dollars d’actifs, la moitié du système bancaire russe.

Le président américain a, de plus, déjà fait savoir qu’il n’excluait pas de sanctionner financièrement Vladimir Poutine lui-même, et qu’il envisageait aussi d’interdire l’exportation vers la Russie de technologies américaines. Enfin, les Etats-Unis ont aussi laissé entendre qu’ils pourraient couper l’accès de la Russie aux transactions en dollars, la devise reine des échanges mondiaux.

Le Royaume-Uni promet des sanctions « massives »

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a averti jeudi que les Occidentaux imposeraient des sanctions « massives » visant l’économie russe. « Diplomatiquement, politiquement, économiquement et, en fin de compte, militairement, cette entreprise atroce et barbare de Vladimir Poutine doit se solder par un échec », a déclaré le chef du gouvernement dans une adresse télévisée aux Britanniques. « Nous ne pouvons, et nous n’allons pas, détourner le regard ».

« Pour cela, nous devons également mettre fin collectivement à la dépendance à l’égard du pétrole et du gaz russes qui, pendant trop longtemps, a permis à Poutine d’exercer son emprise sur la politique occidentale », a-t-il ajouté.

La République tchèque s’attaque « au réseau de transactions »

Le président de la République tchèque Milos Zeman a qualifié l’invasion russe de l’Ukraine d'« acte d’agression non-provoqué », estimant que « le fou doit être isolé ». Milos Zeman a notamment souhaité dans la foulée des sanctions financières, mentionnant le réseau interbancaire Swift, « ce qui éliminerait la Russie du réseau de transactions ». La République tchèque figure avec les États-Unis sur « la liste des Etats inamicaux » établie par le Kremlin, à la suite de révélations en avril 2021 sur l’implication des services russes dans des explosions survenues dans un dépôt de munitions sur son sol en 2014.

L’Allemagne veut limiter l’accès aux marchés

Les sanctions que s’apprêtent à prendre les pays occidentaux contre la Russie « limiteront considérablement » son accès aux marchés européens et américain, a averti jeudi le ministre allemand de l’Economie et du Climat. Ces mesures vont « découpler » l’économie russe de nombre d’activités industrielles, « geler les actifs financiers » du pays et enfin « limiter considérablement l’accès aux marchés européens et américains », a déclaré Robert Habeck lors d’une conférence de presse.

De son côté, le club de foot allemand de Schalke (D2) a décidé de retirer de ses maillots le nom et le logo du fournisseur de gaz russe Gazprom, son sponsor principal, à la suite de l’attaque de la Russie contre l’Ukraine. Schalke est un club historique du bassin de la Ruhr, plusieurs fois champion national au XXe siècle, mais actuellement en lutte pour tenter de remonter en première division.

Emmanuel Macron promet des sanctions « sans faiblesse »

Emmanuel Macron a promis que la France et ses alliés décideront de sanctions « sans faiblesse » contre la Russie, à la fois « sur le plan militaire et économique autant que dans le domaine de l’énergie », lors d’une allocution enregistrée à l’Elysée.

L’Elysée a précisé que les mesures « militaires » dont a parlé le chef de l’Etat signifiaient l’envoi de troupes supplémentaires en Roumanie sous l’égide de l’Otan, qui feront l’objet de discussions lors d’un sommet de l’Otan vendredi. « A cet acte de guerre, nous répondrons sans faiblesse » lors des décisions qui seront prises lors du G7 et du Conseil européen jeudi soir, a ajouté le président de la République, qui s’exprimait avec le drapeau ukrainien en arrière-plan, aux côtés des drapeaux français et européen.

Le Canada continuera sur sa lancée

Les actions décidées par le président russe Vladimir Poutine "auront de lourdes conséquences", poursuit Justin Trudeau, qui va s’entretenir avec les pays du G7 et de l’Otan pour "apporter une réponse collective à ces actes irresponsables et dangereux, notamment par l’imposition d’importantes sanctions" supplémentaires.

Mardi, son gouvernement avait déjà annoncé, dans la foulée des Occidentaux, une "série de sanctions" économiques contre la Russie : interdiction des transactions avec les territoires séparatistes prorusses, sanctions contre des parlementaires et banques russes et interdiction aux Canadiens d’acheter de la dette russe.

Du côté de l’UE

Le Kremlin va devoir « rendre des comptes » et des sanctions aux « conséquences massives » contre Moscou seront examinées jeudi soir à 20 heures lors du sommet des Vingt-Sept en vue d’une « adoption rapide ». « Les dirigeants russes devront faire face à un isolement sans précédent », a déclaré à Bruxelles devant la presse Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE, en soulignant que les Vingt-Sept préparaient un nouveau train de sanctions qui est le « plus sévère jamais mis en œuvre ».


Notre dossier sur la guerre en Ukraine

Entrées en vigueur mercredi soir, les premières sanctions de l’UE ont frappé au total 23 « personnalités de premier plan », dont notamment le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et les chefs militaires russes (air, terre, mer), ainsi que trois banques, une société et 351 membres de la Douma (interdiction de voyage et un gel des avoirs dans l’UE). Une « restriction » des capacités de financement des autorités et de la Banque centrale russes est également instaurée, en limitant leur « accès aux marchés financiers et de capitaux » européens, ce qui pénalisera le refinancement de la dette russe.