RUGBYLes Bleus à la hauteur malgré la « forte tension » liée au Grand Chelem

France – Angleterre : Les Bleus à la hauteur de l’événement malgré la « forte tension » liée au Grand Chelem

RUGBYCette fois, le XV de France de Fabien Galthié n’a pas flanché au moment de prendre ses responsabilités pour conclure en battant l’Angleterre pour s’adjuger le Grand Chelem
France - Angleterre : Les Bleus réalisent le Grand Chelem
William Pereira

William Pereira

Au Stade de France,

La phrase aurait sa place en ouverture d’un Goncourt. « Il faisait jour, c’était un dimanche. Il faisait beau, c’était différent. » Fabien Galthié se souvient d’il y a 20 ans, de son Grand Chelem à lui, époque joueur. « C’est chouette de pouvoir toucher à nouveau du doigt cette sensation. La différence est là, maintenant, c’est eux qui jouent. Avant t’es sur le terrain, 20 ans plus tard t’es en tribune. »

Les émotions ne sont pas les mêmes, mais sont toujours intenses à défaut d’être perceptibles au premier coup d’œil. Les visages fermés et le ton monocorde du sélectionneur, accompagné de son capitaine Antoine Dupont en conférence d’après victoire contre l’Angleterre, donnent l’impression d’une victoire anecdotique, de celles dont on se réjouit mais sans plus, avant de rentrer à la maison, siroter une camomille et ronfler un bon coup.

Seuls les yeux encore humides du Toulousain trahissent une émotion intense. « Bien sûr qu’on est contents, jure Dupont. Ce sont des émotions incroyables qu’on ressent. » Galthié voit dans ce curieux décalage l’expression d’une usure. « Il y a de la fatigue, c’est sûr. »

Les Bleus sous tension

Car contrairement à ce que laissaient présager le niveau de jeu honteux des Anglais en première mi-temps et l’essai prématuré de Gaël Fickou, la pression de l’événement a fini par rattraper les Français. Même Maxime Lucu l’a sentie alors qu’il est entré au bas mot à trois minutes de la fin du match et à +12 points pour les Bleus.

« « Je sentais énormément de tension, c’était difficile de se défaire des Anglais. On sentait que le souffle était coupé dans le stade pendant les cinq dernières minutes. A titre personnel je voulais pas entrer et être celui qui ferait l’erreur qui relancerait l’Angleterre. » »

Le sélectionneur anglais Eddie Jones regrette de n’avoir pas pu entrer durablement dans le cerveau des Français, comme ça, pour le plaisir. « L’idée du grand chelem dans les dix dernières minutes [dans les têtes françaises], ça aurait été plus intéressant si on avait été plus proche au score. »

Trembler pour apprendre

Les Anglais auraient sans doute pu gâcher la fête si la France n’avait pas eu la bonne idée de marquer des essais quand elle en avait le plus besoin. D’abord avant la pause, grâce au bras miraculeux de François Cros venu récompenser un superbe travail de Romain Ntamack. Puis à l’heure de jeu, quand Antoine Dupont est venu éteindre le quart d’heure de folie du XV de la rose avec un autre petit coup de main, celui de l’inénarrable Gregory Alldritt. Une force de caractère dont se satisfait Fabien Galthié.

« « Les Anglais ont réussi à revenir à six points, c’est ce qu’on a vécu sur d’autres grands matchs. On était sur des scénarios qui ressemblaient aux matchs contre la Nouvelle-Zélande, à l’Irlande au pays de Galles… On est rodé à ces scénarios d’intensité maximale. » »

Même si au fond, le sélectionneur concède à cette « finale » un caractère particulier. « Jouer ce match et cette tension qui nous est montée dessus, alors qu’on avait préparé la rencontre dans un climat de détachement, ça prouve qu’il faut vivre ces matchs de finale pour continuer à grandir et acquérir du vécu. » Samedi, le XV de France a donc appris à trembler. Et gagner.