ARGENTPensez à faire expertiser vos objets de valeur

Cambriolage : Pensez à faire expertiser vos objets de valeur

ARGENTSi le contrat multirisques habitation repose sur une évaluation globale du patrimoine, certains objets précieux méritent une attention toute particulière pour être correctement couverts en cas de cambriolage
La crédibilité du professionnel réalisant le rapport est essentielle
La crédibilité du professionnel réalisant le rapport est essentielle - iStock / City Presse / City_presse
Julie Polizzi pour 20 Minutes

Julie Polizzi pour 20 Minutes

Un cambriolage a lieu toutes les 2 minutes en France. Or, pour être correctement indemnisé, la déclaration de patrimoine faite lors de la souscription de votre contrat multirisques habitation ne suffit pas : vous devez fournir des justificatifs attestant du prix des biens endommagés ou dérobés. À défaut de factures, il peut être judicieux de faire réaliser une expertise préalable pour certains objets précieux.

Des trésors sous-estimés

Vous chérissez votre alliance, la bague en diamant héritée de votre mère, les perles véritables offertes par votre grand-mère ou le bracelet en or légué par votre tante ? Le contenu d’une boîte à bijoux atteint vite plusieurs milliers d’euros avec seulement quelques belles pièces, a fortiori lorsque le cours de l’or bat des records comme c’est le cas actuellement (54 euros le gramme fin février).

Hélas, « pour tous les objets de prix, et notamment les bijoux de famille, l’absence de justificatif peut poser problème lors de l’indemnisation d’un sinistre », explique Anne-Sophie Roussel-Truffy, responsable risques habitation pour France Assureurs (la nouvelle dénomination de la Fédération française de l’assurance). Trop souvent, seules des photos prouvent l’existence des biens dérobés, sans pour autant attester de leur authenticité. Car comment distinguer l’or véritable du toc ou déterminer le nombre de carats sur un cliché du quotidien ? Et Anne-Sophie Roussel-Truffy d’ajouter : « Pour des bijoux et autres objets précieux pour lesquels on n’a aucune facture ni certificat d’authenticité, l’expertise préalable est très utile, voire indispensable, afin de prouver leur valeur en cas de vol. » Mais attention, c’est à vous d’en faire la démarche et elle sera à votre charge.

Un chiffrage détaillé

« Ce qui compte, c’est d’avoir un descriptif technique complet de chaque bijou​, accompagné de photos. C’est ce qui permettra d’actualiser le chiffrage en fonction des cours des matières précieuses au jour du cambriolage, même s’il a lieu des années plus tard », précise Jean Chol, expert d’art dans le cadre de l’assurance établi à Aix-en-Provence et intervenant en PACA. Équipé de sa balance, de ses outils de mesure, de sa lumière blanche et de sa pierre de touche, ce spécialiste inspecte chaque pièce pour repérer les poinçons, déterminer le nombre de carats, la taille et la pureté des pierres précieuses, mais aussi évaluer le style du bijou et le travail d’orfèvrerie, afin d’aboutir à un chiffrage pertinent et quasi incontestable.

Gare aux freins

Le souci du détail ainsi que la crédibilité du professionnel réalisant le rapport sont essentiels dans la mesure où l’expertise préalable sera étudiée, avec vos autres justificatifs, par l’expert missionné par votre assureur pour évaluer le montant de vos pertes en cas de vol. En tant qu’expert habilité auprès de la Cour d’appel et membre de la Chambre nationale des experts spécialisés, Jean Chol traite ainsi une trentaine de dossiers par mois, le plus souvent sur recommandation des assureurs qui lui envoient leurs assurés.

Mais cette démarche n’est ni évidente ni de simple, tant les spécialistes indépendants en ce domaine sont peu nombreux en France. Certains bijoutiers proposent eux aussi de réaliser ce type d’expertise. Bémol : le chiffrage est parfois basé sur la valeur à neuf (comme si le bijou était vendu en magasin) et sera donc revu à la baisse en cas de vol, puisque l’expert de l’assurance lui appliquera une valeur d’occasion.

L’essentiel à retenir

  • Une couverture spécifique : si vous avez des objets précieux (bijoux, bibelots, tableaux, collections de valeur, instruments de musique…), précisez-le lors de la souscription de votre assurance habitation car ces biens bénéficient d’un capital dédié dans le contrat et distinct du mobilier classique.
  • Être proactif : profitez-en pour interroger votre assureur sur les justificatifs nécessaires mais aussi sur les mesures de sécurité à prendre pour être indemnisé en cas de sinistre. N’hésitez pas non plus à lui demander les coordonnées d’un expert le cas échéant. Et si vous avez manqué le coche, il suffit d’un appel à votre conseiller pour remédier à cet oubli.
  • Le prix de la protection : le tarif de l’expertise préalable peut être fixé en fonction du nombre de bijoux ou d’un forfait basé sur la valeur globale du lot. À titre d’exemple, l’expert que nous avons consulté applique des paliers : 318 euros jusqu’à 7.500 euros de capital, 366 euros jusqu’à 15.000 euros… Un coût certes non négligeable mais finalement raisonnable au regard de l’enjeu financier.
  • La prudence avant tout : photos du mobilier, factures, certificats d’authenticité et expertises doivent être conservés en lieu sûr. Outre les archives papier, vous pouvez les enregistrer sur le cloud ou opter pour un coffre-fort numérique et les envoyer à votre assurance.