REPORTAGE« Ne vous dérobez pas ! » A Paris, Mélenchon vise le vote utile à gauche

Présidentielle 2022 : « Ne vous dérobez pas ! » Jean-Luc Mélenchon met la pression sur les électeurs de gauche

REPORTAGEA trois semaines du premier tour, Jean-Luc Mélenchon a rassemblé des milliers de personnes ce dimanche à Paris lors d'une marche pour la « VIe République »
Jean-Luc Mélenchon lors d'un discours à Paris.
Jean-Luc Mélenchon lors d'un discours à Paris. -  Thomas Padilla/AP/SIPA  / SIPA
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Jean-Luc Mélenchon a rassemblé des milliers de personnes ce dimanche à Paris lors d’une marche pour la « VIe République ».
  • A trois semaines du premier tour, le candidat de La France insoumise a appelé au vote utile à gauche.
  • « Chaque personne est personnellement responsable du résultat. Ne vous dérobez pas ! », a notamment lancé l’insoumis.

Lorsque l’insoumis arrive place de la Bastille, le soleil est déjà haut dans le ciel. Pas un nuage en vue, il est 14 heures, Jean-Luc Mélenchon rejoint le premier rang de sa grande « marche pour une sixième République ». Le candidat de La France insoumise salue ses militants, des dizaines de milliers selon l'AFP, pour « abolir la monarchie présidentielle ». A trois semaines du premier tour, la mobilisation se veut surtout une démonstration de force, dans la lignée de celles de 2012 et 2017, pour renforcer sa candidature, désormais en troisième ou quatrième position dans les sondages. Voilà l’enjeu de ce dimanche : marteler qu’il est le « vote utile » à gauche et convaincre les derniers récalcitrants.

« C’est vous qui faites la décision. Ne vous dérobez pas ! »

« Il nous reste trois semaines pour aller devant chaque porte, dans chaque cage d’escalier, sur chaque marché. Trois semaines pour convaincre qu’il faut dégager ce président de la République et installer Jean-Luc Mélenchon à l’Elysée », assure Thomas Portes, l’un de ses porte-paroles, à l’arrivée, place de la République. Le candidat LFI monte alors sur l’estrade et lève le poing. Critiqué pour ses positions concernant la Russie depuis la guerre en Ukraine, le tribun dédie le rassemblement du jour à « la résistance du peuple ukrainien contre l’invasion russe ».

Jean-Luc Mélenchon et ses soutiens se mobilisent à Paris.
Jean-Luc Mélenchon et ses soutiens se mobilisent à Paris.  - TLG/20Minutes.

« Loin d’être inertes et résignés, nous sommes venus dire de toutes nos forces qu’un autre monde est nécessaire. Et parce qu’il est nécessaire, alors, nous allons le rendre possible », lance-t-il dans la foulée. Dans la dernière ligne droite de la campagne, le candidat de LFI met la pression sur les électeurs de gauche. « Chaque personne est personnellement responsable du résultat, parce que chaque personne a les clés du deuxième tour. Telle est la responsabilité morale et matérielle de chacun. Ne vous cachez pas derrière les divergences entre les chefs et les étiquettes. C’est vous qui faites la décision. Ne vous dérobez pas ! »

« On va gagner » et « Mélenchon président ! ».

Place de la République, beaucoup sont convaincus par le discours sur le vote utile, à l’image d’Hugo, 23 ans. « Ca me fait un peu chier de voter pour lui, car je n’étais pas fan de sa politique internationale. Mais le projet de casse sociale de Macron me fait extrêmement peur. Ce ne sera pas un vote de conviction, mais un vote d’urgence, un vote utile, un vote pragmatique », souffle le barman venu du NPA. « La candidature de Zemmour a été un déclencheur pour moi. Il y a besoin de faire bloc pour face aux urgences sociales, écologiques et politiques. Et autour de moi, je vois un effet d’entraînement. Beaucoup iront voter Mélenchon, même sans grande conviction », abonde Lisandru, étudiant de 21 ans.

Reste que ce dimanche, le député de Marseille préfère taire les divergences de fond avec ses concurrents à gauche et leurs électeurs : la sortie du nucléaire avec le communiste Fabien Roussel, les questions européennes avec l’écologiste Yannick Jadot, la laïcité avec Anne Hidalgo. L’insoumis préfère dérouler son projet, qu’il oppose à celui du président sortant. Et prévient une énième fois les siens : « En choisissant l’union populaire dès le premier tour vous faites un choix de société. C’est le sens de cette élection puisque monsieur Macron a annoncé fort et clair son programme. Ce vote est un référendum social. Vous êtes prévenus ».