EPIDEMIELa flambée des cas de Covid-19 marque-t-elle une sixième vague épidémique ?

Covid-19 : La flambée des contaminations marque-t-elle le début d’une sixième vague épidémique ?

EPIDEMIELes contaminations par le coronavirus repartent à la hausse sous l’effet du sous-variant BA.2
Lors d'un test de dépistage du Covid-19 (illustration)
Lors d'un test de dépistage du Covid-19 (illustration) - EPN/Newscom/SIPA / SIPA
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

L'essentiel

  • Depuis le début du mois de mars, les contaminations au coronavirus repartent à la hausse.
  • Une reprise épidémique provoquée par le sous-variant BA.2 d’Omicron, plus contagieux que les souches précédentes.
  • Mais la levée des restrictions sanitaires participe également à l’augmentation des contaminations.

Et de six ? En ce début de printemps, alors qu’il fait beau et plutôt chaud, et que l’on reprend goût à la vie d’avant, sans masque ni restrictions sanitaires, le Covid-19, lui, fait encore des siennes. Depuis le début du mois de mars, les contaminations au Covid-19 repartent à la hausse.

Si on est loin du pic de janvier, où le seuil des 500.000 cas quotidiens avait été franchi, la situation sanitaire montre une reprise de l’épidémie. Lundi, la moyenne sur sept jours s’élevait à 89.763 cas quotidiens, contre 65.882 cas en moyenne une semaine plus tôt (+ 36 %), et 52.715 le lundi précédent. Pourquoi, malgré le retour des beaux jours et la hausse des températures, l’épidémie repart-elle ? Faut-il s’en inquiéter ? Cette reprise est-elle le signe d’un ressac de la cinquième vague, ou la marque d’une sixième déferlante en deux ans de pandémie ?

Une vague de sous variant d’Omicron BA.2

Cette hausse des contaminations est due « à la diffusion du sous-variant BA.2 d’Omicron, explique à 20 Minutes Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie et évolution des maladies infectieuses à l’Université de Montpellier. En décembre – janvier, il y a eu une vague Delta et une vague Omicron BA.1 qui se sont chevauchées. On l’a vu de manière plus ou moins nette dans la dynamique hospitalière, mais dans certaines régions comme l’Occitanie, cela a été assez franc : avec un pic Delta puis un pic d’Omicron BA.1. Le sous-variant BA.2 était déjà présent lors de la vague de BA.1. D’abord à bas bruit, avec seulement quelques cas identifiés ».

En quelques semaines, BA.2 a remplacé BA.1. « Le sous-lignage BA.2 représente désormais 57 % des séquences Omicron », confirme Santé publique France dans son dernier bulletin. « BA.2 est plus transmissible que BA.1 d’environ 30 % », relève le Conseil Scientifique. Ainsi, « d’un point de vue purement génétique, il s’agit d’une nouvelle vague, puisque ce n’est pas une reprise de BA.1. De ce point de vue, je parlerais même de septième vague. Est-ce suffisant pour dire qu’on est dans un épisode différent de l’épidémie ? Oui, estime l’épidémiologiste. Même si entre les deux vagues, certains indicateurs n’ont pas drastiquement baissé : entre la vague BA.1 et la vague BA.2, les chiffres ne sont pas repassés sous le seuil des 1.500 patients en soins critiques visé par le gouvernement, observe-t-il. C’est un peu le même schéma observé l’an dernier avec la troisième vague, qui suivait en plateau élevé la deuxième ».

Alors, cinquième vague à rallonge, sixième ou septième… « ce qu’il faut appeler "vague", c’est plutôt une reprise qui dure un certain temps, tempère Mircea Sofonea, avec une circulation active et un taux de reproduction – le fameux R – supérieur à 1 pendant plusieurs semaines, dans un contexte sanitaire et génétique d’un point de vue viral différent. Et là, c’est ce qu’on observe : non seulement on a affaire à BA.2 et non plus à BA.1, mais en plus on a un contexte sanitaire différent puisque les gestes barrières ont été abolis ».

« L’effet du relâchement des gestes barrières »

Car tout le monde – ou presque – a vite repris goût à la vie sans masque. Conséquence : dans les pharmacies, ces derniers jours, on dégaine plus fréquemment les écouvillons, et le taux de positivité des tests grimpe plus vite que le thermomètre. « On voit une nette différence ces derniers jours : on refait beaucoup plus de tests, et beaucoup sont positifs », souffle-t-on dans une pharmacie parisienne. Dans le même temps, les admissions quotidiennes à l’hôpital pour cause de coronavirus ont augmenté de plus de 9,6 % en une semaine.

La levée des restrictions le 14 mars était-elle prématurée ? « Il n’y aura jamais de consensus sur le bon moment pour le faire, juge Mircea Sofonea. D’autant que le gouvernement a eu pour objectif, avec l’apparition Omicron, de vivre avec le virus sans restrictions supplémentaires, comme on l’a vu lors du pic épidémique cet hiver. Ce sont des marqueurs du fait que l’exécutif souhaite minimiser la prévention vis-à-vis de la circulation du SARS-CoV2 en France », qui affiche par ailleurs une couverture vaccinale importante. « Ce relâchement des mesures dans un contexte de campagne électorale est cohérent, poursuit-il. Dans un autre contexte, on aurait certainement utilisé la clause de revoyure pour remettre en place certaines restrictions. Manifestement, ce ne sera pas fait dans les prochains jours ».

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Plusieurs scénarios

« Nos projections montrent certes l’avantage de transmissibilité de BA.2, mais aussi l’effet du relâchement des gestes barrières, insiste l’épidémiologiste. Un relâchement progressif, déjà avant le 14 mars, qui marque une baisse de vigilance générale ». Et qui fait que la machine s’emballe de nouveau. « Cette progression du relâchement des gestes barrières induit une progression du taux de transmission de base du virus, indépendamment de la transmissibilité plus importante de BA.2 », souligne Mircea Sofonea.

Le problème, « c’est que les modèles ne peuvent pas dire jusqu’où ce niveau d’augmentation de la transmission de base va plafonner. On peut seulement établir des scénarios, expose-t-il. Dans le premier, sur la base de ce qui est observé aujourd’hui, il n’y a pas de submersion des hôpitaux. En revanche, si le R dépasse 1,5 pendant plusieurs semaines, cela peut localement poser problème. Pour le moment, il n’y a pas de raison de s’inquiéter au niveau hospitalier, mais l’épidémie n’est ni derrière nous, ni bénigne : il y a toujours des hospitalisations en soins critiques, des décès et des Covid longs, même avec Omicron ».

Pour autant, dans son dernier avis du 14 mars, le Conseil scientifique ne s’alarme pas : « le nombre d’hospitalisations augmentera de façon transitoire dans les semaines qui viennent ». Mais « dans tous les scénarios explorés, le pic reste très inférieur au pic de janvier ». Pour Mircea Sofonea, cette reprise « souligne plus que jamais l’importance du port du masque face à ce sous-variant plus contagieux que tous les précédents. Les gestes barrières se réimposeront spontanément : tout le monde fera plus attention quand il y aura davantage de cas autour de nous ».