RECHERCHEUn laboratoire lyonnais veut révolutionner le traitement des diabétiques

Lyon : Un laboratoire lyonnais s’apprête à révolutionner le traitement contre le diabète

RECHERCHELe laboratoire de biotechnologie Adocia est en train de mettre au point un hydrogel qui permettrait aux patients greffés de se passer d’un lourd traitement immunosuppresseur
Les traitements des patients greffés sont lourds et instables.
Les traitements des patients greffés sont lourds et instables. - Mark Zaleski/AP/SIPA / SIPA
Jennifer Lesieur

Jennifer Lesieur

L'essentiel

  • Adocia est un laboratoire lyonnais de recherche de pointe dans les maladies métaboliques comme le diabète et l’obésité.
  • Ses chercheurs visent à améliorer le traitement des diabétiques, en particulier ceux qui nécessitent une greffe des cellules produisant de l’insuline.
  • La mise au point actuelle d’un hydrogel réduirait le risque de rejet de greffe et permettrait se passer de médicaments immunosuppresseurs.

Un souffle d’espoir pourrait bien changer le quotidien des diabétiques. Il incube actuellement chez Adocia, une société familiale fondée en 2005 à Lyon, qui a atteint un niveau de pointe dans ce domaine. « Notre objectif est d’améliorer les traitements des maladies métaboliques, essentiellement le diabète », explique Jérémy Benattar, directeur de la stratégie d’Adocia.

Le laboratoire travaille déjà à améliorer les médicaments existants, en élaborant de nouvelles formules d’insuline. « Nous nous intéressons aussi à l’obésité, car les molécules utilisées pour réguler la glycémie ont un effet de perte de poids. »

Des greffes de cellules aux effets peu sûrs

Le diabète est une maladie chronique qui survient lorsque le pancréas ne produit pas suffisamment d’insuline, hormone régulatrice de la glycémie ; le taux de sucre dans le sang est alors trop élevé. Incurable, le diabète impose un traitement quotidien lourd, en particulier pour les types 1 (où le pancréas ne sécrète pas du tout d’insuline) et 2 (l’organisme utilise mal l’insuline).

Or, parmi les diabètes de type 1, une sous-population ne parvient pas à équilibrer sa glycémie, même avec les traitements existants. Ces diabétiques dits « instables » ont alors recours à une greffe de cellules sécrétant de l’insuline. Mais ces greffes nécessitent de trouver des donneurs, et elles ne fonctionnent pas systématiquement. Le patient doit prendre des médicaments immunosuppresseurs, aux lourds effets secondaires.

Un hydrogel qui bloquerait les anticorps destructeurs de cellules

C’est ici qu’Adocia innove : en mettant en point un hydrogel qui permettrait aux diabétiques instables d’être greffés sans avoir recours aux médicaments immunosuppresseurs. Comment ? « En protégeant les cellules greffées dans un hydrogel, qui a une porosité sélective », explique Jérémy Benattar. « Il laisse passer le sucre qui stimule les cellules pour qu’elles sécrètent l’insuline, et laisse sortir celle-ci pour qu’elle joue son rôle régulateur ». Cet hydrogel, composé à 95 % d’eau, empêche en revanche le passage des éléments du système immunitaire : « un anticorps ne peut plus y entrer pour aller tuer les cellules ».

Les chercheurs d’Adocia sont parvenus à des résultats in vitro. « Aujourd’hui, nous testons sur l’animal, sur des rongeurs et des cochons », confirme Jérémy Benattar. « L’objectif est d’obtenir, à moyen ou à long terme, une sécrétion satisfaisante d’insuline. Une fois que nous aurons prouvé cela, nous pourrions réaliser assez rapidement une première étude chez l’homme. C’est un énorme défi, mais nous espérons pouvoir le faire d’ici la fin de l’année. »

Si un tel traitement se démocratise, il pourra être élargi à des patients moins gravement atteints. Un enjeu majeur puisque le diabète touche actuellement 530 millions de personnes dans le monde, dont plus de 3,5 millions de Français.