ECONOMIELa CCI de Bordeaux en « alerte maximum » face à la guerre en Ukraine

Guerre en Ukraine : La CCI de Bordeaux craint des « chambardements économiques et sociaux »

ECONOMIELes conséquences de la guerre en Ukraine sur les entreprises en Gironde se font déjà ressentir, suscitant l’inquiétude du président de la Chambre de commerce et d’industrie Patrick Seguin
Patrick Seguin, président de la CCI Bordeaux-Gironde
Patrick Seguin, président de la CCI Bordeaux-Gironde - Mickaël Bosredon/20Minutes / 20 Minutes
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Selon une enquête réalisée auprès de 180 chefs d’entreprise de la Gironde, 40 % des dirigeants ont déjà ressenti un impact négatif de la guerre en Ukraine sur leur activité.
  • La crise autour de certaines matières premières pourrait ainsi avoir des impacts sur des programmes de construction d’avions.
  • La CCI de Bordeaux-Gironde a donc réactivé son dispositif de crise, qui avait été mis en place au pic de la crise du Covid-19.

Une crainte de « chambardements économiques et sociaux dans les prochaines semaines, si le conflit ne s’arrête pas ». Le président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Bordeaux-Gironde, Patrick Seguin, a reconnu, mardi, que sa « nature d’ordinaire positive » est aujourd’hui mise à mal avec la guerre en Ukraine et ses conséquences.

A la demande du gouvernement, la CCI a « réactivé » son « dispositif de crise mis en place lors du Covid-19, face à la gravité de la situation en Ukraine. » « Nous sommes en alerte maximum, et il faut réagir dans le même esprit du "quoiqu’il en coûte" mis en place en mars 2020 » même si « nous n’avons pas encore les détails des accompagnements qui seront mis en place », explique Patrick Seguin.

« On a une sorte de mur devant nous »

Dans une enquête réalisée auprès de 180 chefs d’entreprises girondins il y a quelques jours, s’il ressort que seuls 9 % d’entre eux ont des échanges commerciaux avec la Russie et l’Ukraine, « 40 % des dirigeants ont ressenti un impact négatif immédiat sur leur activité par ricochet, c’est-à-dire par augmentation du coût des matières premières, ou par manque de premières matières ». 59 % d’entre eux évoquent déjà des difficultés d’approvisionnement, et 31 % anticipent un impact à court terme. Les industriels sont les plus touchés : 54 % ont ressenti un impact négatif immédiat.

« Les problèmes s’accumulent, et ça va très, très vite, s’inquiète le président de la CCI. On a une sorte de mur devant nous. On a des transporteurs qui préfèrent ne plus sortir leurs camions car, vu le prix des carburants, ce serait à perte. » Les entreprises agricoles sont également en première ligne, « même si l’impact pour elles pourrait se faire ressentir dans quelques mois, étant donné qu’il n’y aura pas ou peu de récoltes en Ukraine cette année. »

La crainte de cyberattaques

« Il y a aussi des conséquences qu’on n’imaginait pas, avec des entreprises qui utilisent des matières premières venant de ces pays-là, je pense au titane pour l’aéronautique. Cela pourrait avoir des impacts sur des programmes de construction d’avions, civils ou militaires. Il va falloir trouver des produits de substitution, ce qui va prendre du temps. » Le secteur du spatial et de l’aéronautique est effectivement très présent dans le département, avec des usines comme Dassault ou Thalès.

La crainte de cyberattaques à l’encontre d’entreprises est également réelle. « Il faut régulièrement réaliser des audits, il faut prendre le temps de changer ses mots de passe en les complexifiant, de fermer les sites inconnus et surtout ne pas ouvrir les mails en .uk ou en .ur, car c’est là qu’on peut être piraté. » La sécurité des outils de communication à distance, tels que Skype ou Teams, doit également « être renforcée ». « On en sait quelque chose à la CCI puisque nous avons nous-mêmes fait l’objet, en septembre 2021, d’une cyberattaque avec demande de rançon d’1,5 million d’euros, que l’on n’a pas payé. Cela nous a perturbés pendant trois semaines. »

Enfin, il va aussi se poser la question de l’emploi des déplacés Ukrainiens. « Bon nombre d’entreprises vont proposer des emplois pour ces déplacés, à partir du moment où ils ont les compétences et qu’ils souhaitent travailler », assure Patrick Seguin. Quelque 11.000 déplacés Ukrainiens sont attendus dans la région Nouvelle-Aquitaine. « Leur statut de déplacé leur donne le droit de travailler dès le lendemain de leur arrivée, et cela peut intéresser nos entreprises, notamment dans l’hôtellerie et la restauration en manque de main-d’œuvre. »