DOSSARD N°2Au marathon de Paris, il veut mettre une claque au cancer et à son record

Marathon de Paris : Antoine veut mettre une claque à son cancer et à son record dans la capitale

DOSSARD N°2Jeune militaire de 26 ans, Antoine Scortatore va tenter le 3 avril de battre son record sur le marathon à Paris (2h35) seulement trois ans après avoir été victime d'un cancer du système immunitaire
Antoine Scortatore va tenter de battre son record sur le marathon de Paris en 2h35.
Antoine Scortatore va tenter de battre son record sur le marathon de Paris en 2h35.  - Famille Scortatore / Famille Scortatore
Clément Carpentier

Clément Carpentier

L'essentiel

  • Antoine Scortatore est un jeune militaire de l’armée de l’Air et de l’Espace. Dimanche prochain, il espère battre son record sur le marathon de Paris.
  • Il y a trois ans, il était atteint d’un cancer du système immunitaire de stade 2. Une maladie qu’il a vaincue grâce à sa passion pour la course à pied et qui le rend encore plus fort aujourd’hui.
  • Son rêve est de participer aux championnats du monde d’Ironman à Hawaï en 2023.

Ce vendredi, c’est un jour de « grande victoire » pour Antoine Scortatore. Près de trois ans après avoir été touché par un cancer du système immunitaire, le jeune militaire de 26 ans de l’armée de l’Air et de l’Espace va retrouver « ses aptitudes à servir » ! Dans quelques semaines, il pourra ainsi enfin répartir sur le terrain comme n'importe quel militaire de la base aérienne 204 de Mérignac Beauséjour en Gironde. Mais d’ici là, ce fou de course à pied vise une autre grande victoire : battre son record sur marathon à Paris, le 3 avril prochain. C’est-à-dire, passer sous la barre des 2h35 !

Pour ceux qui ne se rendent pas compte de la performance, on est sur du 16,5 km/h de moyenne sur les 42,195km. Une performance de semi-professionnel. Et surtout une performance hors norme au regard de la terrible épreuve vécue par Antoine Scortatore entre 2018 et 2019. Il prépare alors le marathon de La Rochelle avec l’objectif de passer sous les 3 heures, lui qui avait bouclé deux ans plus tôt son tout premier marathon en 4h24 à Bordeaux : « Je revenais d’une opération en Afrique [septembre 2018] et j’avais une grosse boule au niveau de la clavicule droite, se souvient-il. Je ne savais pas ce que c’était mais j’avais 23 ans, j’étais en pleine forme donc on se dit sur le moment que ce n’est rien. » Malheureusement, les médecins, eux, se montrent rapidement inquiets. Le militaire est dans un premier temps positif à la maladie des griffes du chat (la Bartonellose) mais il passe tout de même un scanner.

Des records et un marathon en plein traitement

On lui annonce qu’il a « une masse de 5 centimètres au niveau du médiastin entre les deux poumons et que c’est sûrement un lymphome ». Deux semaines plus tard, trois jours avant le marathon de La Rochelle, la confirmation tombe : il s’agit d’un cancer du système immunitaire (lymphome au stade 2). Le coup est très rude mais Antoine Scortatore prend tout de même le départ de la course même si certains médecins le lui déconseillent. Résultat ? 2h59. « J’étais super content et là je me suis dit, je suis prêt à me battre. Mentalement, ça suit et je vais au charbon avec la chimio », se remémore celui qui courait également déjà à l’époque des Ironman (un triathlon longue distance consistant à enchaîner 3,8 km de natation, 180,2 km de cyclisme puis un marathon).

Antoine Scortatore est aussi un triathlète de haut niveau.
Antoine Scortatore est aussi un triathlète de haut niveau.  - Famille Scortatore

Le 23 décembre 2018, il commence son traitement. La première semaine est « horrible » en raison de la chimio mais aussi parce qu’il ne peut plus faire de sport. « Je me suis dit que six mois, ça allait être très long » mais il retrouve vite le sourire :

« Au bout d’une semaine, je recours enfin et ça allait ! Donc, je me suis mis à m’entraîner une ou deux fois par jour [une fois les jours de chimio]. J’ai même repris la compétition assez rapidement et pour moi c’était génial. J’avais l’impression de vivre normalement et de ne pas être malade. C’était très important. » »

Mieux encore, au bout d’un mois et demi, il fait un scanner et « il n’y a plus rien, c’était le jackpot ». « Je me suis dit : ''Je vais survivre et je vais pouvoir continuer à faire du sport.'' Il fallait tout de même que je continue le traitement jusqu'au bout. » Pendant cette période, début 2019, Antoine Scortatore bat ses records sur 5 et 10 km puis participe au marathon d’Albi. Depuis, il enchaîne les marathons et les Ironman comme si de rien.

L'Ironman d'Hawaï dans le viseur

Aujourd’hui, celui qui n’a eu aucun effet secondaire lors du traitement de son cancer en est persuadé : le sport y est pour quelque chose. « Certains médecins me disent que oui il y a une relation entre les deux, d’autres non. Moi ce que je peux dire, c’est que pratiquer sa passion ou faire quelque chose qu’on aime dans ces moments-là, aide beaucoup. Psychologiquement bien sûr mais je suis sûr aussi qu’il y a une relation physique », explique le Girondin. Soutenu depuis le début de sa maladie par l'armée, il a désormais plein de rêves en tête. Battre son record sur marathon à Paris dans quelques jours mais surtout disputer les championnats du monde d’Ironman à Hawaï en octobre 2023. Le Graal pour un sportif comme lui.

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Pour ça, il a une force que d’autres non pas. « Avant de tomber malade, je pensais à ma grand-mère qui est décédée après trois cancers, je me battais pour elle. Maintenant, je repense à cette semaine terrible de décembre 2018 mais aussi à chaque rendez-vous de chimio car c’était dur et je ne le souhaite à personne. J’ai un mental décuplé aujourd’hui quand je dois doubler un concurrent ou réussir une perf. »

Il poursuit: « Au début, je me suis dit : ''Put… fais chier, je vais être minable toute ma vie'' et en fait, on se rend compte que ça nous rajoute une force incroyable et qu’après on peut soulever des montagnes. Ce n’est pas parce qu’on est malade que la vie s’arrête là. » Et avant de partir à l'entraînement, il a un dernier message pour tout le monde : « Ce n’est pas parce que la route est mauvaise qu’on est sur la mauvaise route ! »

20 secondes de contexte

20 Minutes est partenaire de l'édition 2022 du marathon de Paris.