RESEAUX SOCIAUXSur Twitter, la guerre en Ukraine se joue aussi par signalements interposés

Guerre en Ukraine : Sur Twitter, le conflit se joue aussi par signalements interposés

RESEAUX SOCIAUXDes internautes détournent une loi allemande imposant de retirer certains contenus en 24 heures pour signaler des messages sur le conflit
Un immeuble bombardé à Kiev, le 21 mars.
Un immeuble bombardé à Kiev, le 21 mars. - Vadim Ghirda/AP/SIPA / SIPA
Mathilde Cousin

Mathilde Cousin

L'essentiel

  • Des messages de journalistes travaillant sur la guerre en Ukraine, mais également des posts de comptes anonymes soutenant le Kremlin, ont été signalés sur Twitter en vertu d’une loi allemande sur les réseaux sociaux.
  • Cette loi impose à Twitter ou Facebook de retirer en 24 heures des contenus manifestement litigieux.

Mais que vient faire une loi allemande dans la guerre en Ukraine ? Depuis le début du conflit, les utilisateurs de Twitter sont nombreux à voir leurs tweets sur l’invasion russe signalés en vertu d'une loi allemande sur les réseaux sociaux. Un des tweets de Kevin Rothrock, rédacteur en chef de la version anglophone de Meduza, un site d’information indépendant sur la Russie, publié le 10 mars, a ainsi été visé : le journaliste ironisait sur une accusation du ministère de la Défense russe concernant des échantillons de coronavirus.

Un tweet d’un journaliste du site d’investigation Bellingcat, Nick Waters, a également été signalé en vertu de cette loi. Twitter a estimé que ces deux messages ne contreviennent pas à la loi allemande, ils sont encore tous deux en ligne. Des messages émanant du camp pro-russe ont également fait l'objet de signalement.

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Est-ce un nouvel épisode de l'offensive de communication qui se joue sur les réseaux sociaux ? Cette loi, connue sous l’acronyme NetzDG, ordonne aux plateformes, comme Twitter ou Facebook, de retirer en 24 heures un contenu s’il s’agit d’une « violation évidente » de la loi ou en une semaine si le contenu demande plus de temps d’examen, explique à 20 Minutes Matthias C. Kettemann, chercheur spécialisé sur la régulation d’Internet. « L’idée [de cette loi], c’est de faire en sorte de lutter avec plus d’efficacité contre les crimes sur les réseaux sociaux, comme la diffamation, l’incitation à la haine, certaines insultes, ou des activités néonazies. »

« Le NetzDG ne s’applique pas aux personnes en dehors de l’Allemagne »

Seuls les internautes en Allemagne ont la possibilité de signaler un contenu sur Twitter ou Facebook en faisant appel à cette loi. Il n’y a d’ailleurs pas besoin de compte Twitter pour faire un signalement. Pourquoi alors des internautes signalent-ils des contenus sur la guerre en Ukraine publiés en dehors de l’Allemagne ? « Le NetzDG ne s’applique pas aux personnes en dehors de l’Allemagne », rappelle le professeur à l’université autrichienne d’Innsbruck. Si un tweet doit être retiré en vertu de cette loi, il sera seulement dissimulé aux internautes allemands.

En revanche, Twitter va également examiner le message pour vérifier que le contenu n’enfreint pas ses règles d’utilisation. S’il l’enfreint, celui-ci « sera complètement supprimé de la plateforme », explique Twitter. Est-ce là le véritable objectif de ces signalements ?

Dans le délai de parution de l’article, Twitter n’a pas été en mesure de nous donner le nombre de tweets qui ont été signalés depuis le début de la guerre. La plateforme est toutefois légalement obligée de publier deux fois par an un rapport sur l’application de la loi. Le prochain rapport doit être publié cet été.