LAISSE PAS BÉTONEn Alsace, friture sur la ligne après du béton déversé sur une chaussée

Alsace : « On ne peut pas laisser passer ça »… A Krautergersheim, du béton déversé sur une chaussée a entraîné la colère du maire

LAISSE PAS BÉTONLe maire de Krautergersheim a réagi avec vigueur face à une situation qui dure « depuis des années »
Le béton s'est déversé à deux endroits sur l'un des axes principaux de la commune de Krautergersheim.
Le béton s'est déversé à deux endroits sur l'un des axes principaux de la commune de Krautergersheim. - Mairie de Krautergersheim / Mairie de Krautergersheim
Luc Sorgius

Luc Sorgius

L'essentiel

  • Après le déversement de béton sur l'un des tronçons routiers principaux de sa commune, le maire de Krautergersheim, en Alsace, a décidé de couper la circulation lundi matin.
  • Une action choc qu'il a entreprise pour répondre à « un problème de sécurité », mais qui découle également d'une lassitude des riverains, régulièrement confrontés à une dégradation de la chaussée selon lui.
  • L'entreprise Béton du Ried admet « une erreur humaine », mais conteste également certains chiffres avancés par l'élu.

C’est la goutte de béton qui a fait déborder le vase. A Krautergersheim (Bas-Rhin), petite commune de 1.700 habitants située à une vingtaine de kilomètres de Strasbourg, l’affaire a pris des proportions inédites. Et quelques bouchons.

Lundi dernier, vers 8h45 du matin, le maire René Hoelt est prévenu d’un écoulement de béton sur la D207, qui traverse le bourg d’est en ouest. L’incident de trop pour l’édile qui décide de fermer la route : « J’ai bloqué la circulation dans les deux sens parce qu’il fallait agir vite pour enlever le béton de suite avant qu’il ne sèche. Je ne me suis posé aucune question. »

« Un problème de sécurité »

Selon l’élu, un camion circulant en provenance de l’entreprise Béton du Ried, située sur le ban communal, aurait perdu deux mètres cubes de béton sur plusieurs parties du tronçon. Entraînant par-là même la dégradation de la chaussée et « un problème de sécurité », explique le maire pour jusitifer sa décision : « L’entreprise a réagi et est venue nettoyer. Mais ça a quand même mis deux heures. »

S’il a décidé de « ne pas laisser passer ça », René Hoelt explique que la situation dure « depuis des années » : « Les riverains sont excédés. Mais c’est la première fois qu’il y a eu autant de béton au même endroit. » En cause, toujours selon le maire, le passage à travers la commune « de 4.000 véhicules par jour, dont 800 camions » transportant à la fois du béton, mais aussi du gravier issu d’une gravière située dans la commune voisine.

« Toutes les semaines, les ouvriers communaux ramassent deux brouettes de graviers », avance l’élu. Selon lui, le problème viendrait du fait que « les camions sont trop chargés » : « Ça entraîne le déversement. »

« Une erreur humaine »

De son côté, Didier Laemmel, directeur général de Béton du Ried, admet « une erreur humaine » : « Le type de béton transporté était plus liquide et le chauffeur n’a pas fait tourner la toupie assez rapidement. On a tout de suite réagi, mais on a commis une boulette, on ne peut pas le nier. »

En revanche, il s’inscrit en faux sur plusieurs déclarations du maire de Krautergersheim : « Deux mètres cubes de béton, cela représente environ 4,5 tonnes de matériaux. Or, mes gars ont ramassé deux-trois brouettes, soit environ 150 kilos. »

« Tout est parti dans l’exagération »

Didier Laemmel conteste aussi le chiffre de « 800 véhicules » qui traversent la commune par jour : « C’est une hérésie totale. Nous travaillons neuf heures par jour, donc imaginez le nombre de véhicules que nous devrions charger par heure. » Enfin, il précise « qu’aucune surcharge n’est tolérée » : « Tout est parti dans l’exagération. »

Pour autant, les deux parties ne veulent pas « entrer dans une polémique », dixit Didier Laemmel. Même avis du côté de René Hoelt : « On ne veut pas interdire la traversée des camions, au contraire, on est pour l'activité économique ! Mais il faut que chacun fasse gaffe. »