REPORTAGEUne épicerie solidaire pour les étudiants toulousains en galère

Toulouse : Une épicerie solidaire aide les étudiants en galère à remplir leurs cabas

REPORTAGEL’Université Toulouse-Capitole vient d’ouvrir une épicerie solidaire pour aider les étudiants à faire face à une précarité accentuée par la crise du Covid-19 puis maintenant par la guerre en Ukraine
Dans les rayons de la nouvelle épicerie solidaire pour les étudiants précaires de Toulouse.
Dans les rayons de la nouvelle épicerie solidaire pour les étudiants précaires de Toulouse. - Dorian Naryjenkoff - 20 Minutes / 20 Minutes
Dorian Naryjenkoff

Dorian Naryjenkoff

L'essentiel

  • L’université Toulouse-Capitole a ouvert il y a trois semaines au sein de ses locaux une épicerie solidaire pour venir en aide aux étudiants en difficulté financière.
  • Ouverte sur critères sociaux à tous les étudiants toulousains, elle propose des produits à environ 20 % du prix en supermarché grâce à un partenariat avec la Banque alimentaire.
  • Les étudiants étrangers sont particulièrement demandeurs, notamment les Russes depuis quelque temps, dont les comptes bancaires ont été bloqués dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Dans le panier de Mike*, 25 ans, on peut trouver du dentifrice, des noix de cajou, du thé glacé, des fraises ou encore du pain, le tout pour seulement une douzaine d’euros grâce à la nouvelle épicerie solidaire de l’université Toulouse-Capitole, ouverte depuis trois semaines. Une aubaine pour cet étudiant arrivé du Yémen il y a un an et demi. « Malgré les aides de mes parents et ma bourse, je n’arrive pas toujours à couvrir toutes mes dépenses alimentaires, confie l’étudiant étranger qui suit des cours de français à l’université. C’est ça, ma plus grosse difficulté. »

L’épicerie a été montée en collaboration avec la Banque alimentaire afin de fournir aux étudiants en difficulté des produits à seulement 10 à 30 % de leur prix en supermarché. Il s’agissait d’un projet de longue date de la présidence de l’Université Toulouse Capitole et que Chloé Calmette, enseignante-chercheuse, a finalement pu concrétiser. « La précarité étudiante était déjà présente avant la crise sanitaire, mais elle s’est accrue dernièrement, constate cette ancienne étudiante de l’université. Il était normal qu’on soit à leurs côtés pour qu’ils puissent suivre leur scolarité sereinement. »

Les étudiants étrangers particulièrement exposés

Ouverte les mercredis et jeudis de 14 à 19 heures, l’épicerie a comme particularité d’être également accessible aux étudiants d’autres universités toulousaines. Une présélection sur critères sociaux s’effectue en ligne avec un dossier à remplir, en anglais si besoin, les étudiants internationaux étant particulièrement exposés à la précarité. « Pour l’instant, on constate que ce sont surtout des étudiants étrangers qui viennent », remarque Séverine, 47 ans, bénévole à l’épicerie et aide-soignante en reconversion.

Avec la guerre en Ukraine, l’université a aussi pris la décision d’ouvrir l’épicerie aux étudiants ukrainiens et russes, même non-boursiers. Anastasia, 23 ans, originaire de Sibérie, a été ravie de l’apprendre, ses parents en Russie ne pouvant plus lui envoyer d’argent à cause des sanctions internationales qui pèsent sur les banques du pays. « A ce stade, ma carte bancaire est bonne pour la poubelle », ironise la jeune femme en Master 2 de Management à l’université Toulouse Capitole. Dans son panier de courses se trouve du savon, des coulants au chocolat, des céréales, du beurre ou encore de la crème solaire, indispensable selon elle pour s’adapter au changement de climat depuis qu’elle a emménagé. « Heureusement, j’ai un stage rémunéré de prévu prochainement dans le cadre de mes études. J’ai essayé de trouver un emploi de serveuse pour me financer moi-même mais les employeurs me reprochent mon niveau de français. »

Pour s’adapter aux horaires de travail des étudiants, l’épicerie envisage d’ouvrir également le week-end.

*Le prénom a été modifié