ZERO DECHETSDans le pays d'Aubagne, les poules offertes aux habitants ont la (co)cotte

Pays d’Aubagne et de l’Etoile : Les poules offertes aux familles pour réduire leurs déchets ont la (co)cotte

ZERO DECHETSLe territoire a prévu entre 7000 et 10.000 poules pondeuses à offrir à l’adoption, soit deux gallinacées pour chaque foyer qui veulent s’engager dans une démarche zéro déchets
Deux poules pondeuses
Deux poules pondeuses - Libor Sojka/AP/SIPA / SIPA
Caroline Delabroy

Caroline Delabroy

L'essentiel

  • D’abord expérimentée à Belcodène et Saint-Savournin, le don de deux poules pondeuses par foyer est étendue aux 12 communes du pays d’Aubagne et de l’Etoile.
  • L’objectif est de réduire les déchets consommables à ramasser, dans une optique «zéro déchets».

Il ne s’attendait pas à un tel « succès populaire ». Patrick Pin est maire de Belcodène, une petite commune rurale du pays d’Aubagne et de l’Etoile. L’an passé, les habitants ont pu adopter deux poules pondeuses offertes par l’agglomération.

« Plus de 200 personnes ont adhéré à cette démarche de réduction des déchets », sourit l’édile. L’opération a aussi été expérimentée à quelques kilomètres de là, à Saint-Savournin. Sur ces deux communes, ce sont au total 750 poules qui ont trouvé (en binôme) le chemin des jardins, la condition pour repartir avec les gallinacées mangeuses d’épluchures et de restes de repas.

Charte du bien-être écrite par la SPA

Forte de ce succès, l’initiative est aujourd’hui élargie aux douze communes du territoire du Pays d’Aubagne et de l’Etoile. « Au regard des demandes, nous avons prévu entre 7000 et 10.000 poules », avance Serge Perottino, son président. Selon lui, le calcul est rapide si l’on met en regard le coût de l’opération (80.000 euros) et les économies réalisées sur les « 340 tonnes de déchets consommables en moins à ramasser ». « Le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas », rappelle-t-il, espérant par cette initiative diminue de 20 à 30 % le volume des déchets alimentaires.

Les adoptants intéressés peuvent aller chercher des coupons de retrait directement en mairie, pour ensuite chercher les poules chez un aviculteur installé à Trets. Ils signent une charte du respect du bien-être animal, établie en partenariat avec la SPA Marseille Provence, où ils s’engagent à prendre soin des poules. « Il faut un espace suffisant en extérieur, au minimum 5 mètres carrés par poule, un abri pour dormir tranquille, une mangeoire avec une base de céréales, et tous les jours de l’eau propre », met en garde Thomas Dano, de l’association Poule Pour Tous.

Et dans le reste de la métropole ?

« Normalement, à partir de là, on est plutôt tranquille, poursuit-il. Un peu de temps à leur consacrer pour nettoyer le poulailler, après c’est que du plaisir, des œufs frais et bio ». Sans oublier du grillage pour protéger des prédateurs. Basée à Nantes, cette structure sauve des poules pondeuses promises à l’abattoir car plus assez rentables, en les proposant à l’adoption au prix de 5 euros la poule. Il lui arrive d’organiser des opérations de sauvetage ailleurs en France, comme bientôt près de Montpellier.

Dans le pays d’Aubagne, l’opération s’inscrit dans une démarche de territoire « zéro déchet ». Peut-on imaginer un jour l’étendre au reste de la métropole Aix-Marseille ? Serge Perottino élude la question, tout en donnant une perspective : « Sur les 92 communes de la métropole, on compte 80 % d’habitations pavillonnaires. Et on peut très bien mettre des poules dans un jardin à Marseille. » « Et il n’y a pas de coq, relève pragmatique Patrick Pin, sinon ce serait la guerre dans le village entre voisins ! ».