BIODIVERSITEAu Salagou, un cactus très piquant et invasif résiste malgré les arrachages

Hérault : Au lac du Salagou, un cactus très piquant et invasif résiste malgré les arrachages

BIODIVERSITEUne piqûre de l'espèce peut nécessiter une petite intervention chirurgicale
Ce cactus invasif a été découvert en 2005 au lac du Salagou.
Ce cactus invasif a été découvert en 2005 au lac du Salagou. - Pascal Arnaud / OFB / 20 Minutes
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • Au lac du Salagou, une espèce de cactus résiste, malgré les arrachages réguliers.
  • Si les volumes ont nettement diminué depuis sa découverte, en 2005, ils semblent cependant se stabiliser, preuve de l’extrême résilience de l’espèce.
  • Une piqûre de l’Opuntia rosea peut nécessiter une petite intervention chirurgicale.

Peut-être avez-vous fait, lors d’une balade au lac du Salagou, dans l'Hérault, la douloureuse expérience d’une rencontre avec un Opuntia rosea. Ce cactus originaire d’Amérique centrale, aux piquants acérés, se la coule douce dans ce petit coin de paradis. Et s’y confronter est particulièrement désagréable. « Ça pique énormément ! », confie un employé d’une base nautique du Salagou. « On se retrouve avec plein de petits bouts d’aiguilles, qu’on n’arrive pas à retirer. »

Les piquants de ces satanés cactus sont « tellement longs et tellement durs qu’ils rentrent même, parfois, dans les chaussures », explique Laurent Retière, inspecteur de l’environnement à l’Office français de la biodiversité (OFB), dans l’Hérault. Cruels jusqu’au bout, ils disposent, à l’extrémité de leurs épines, d’une « petite cuticule, qui reste à l’intérieur de la chair. Elle est pourvue de micro-dents, et on n’arrive pas à la retirer à la main. On est souvent obligé de faire une petite chirurgie locale ».

« Un tout petit morceau du cactus parvient à constituer des racines et à repartir »

Depuis 2009, une à deux fois par an, des campagnes d’arrachage permettent toutefois d’en éliminer une bonne partie. Le 2 avril, des agents de l’OFB, du Syndicat mixte de gestion du grand site du Salagou et de la mairie de Celles, épaulés par une vingtaine de cadets de la gendarmerie, ont arpenté les pentes du Cébérou, au-dessus du village de Celles. A grands coups de pioches, ils ont décimé de nombreux cactus. Deux comportes pleines. Sans gants, parce que ça ne sert à rien : les piquants les transpercent.

Lors d'une campagne d'arrachage du cactus, au lac du Salagou
Lors d'une campagne d'arrachage du cactus, au lac du Salagou - Pascal Arnaud / OFB

Mais des cactus, il en reste, toujours, quelques-uns. Ou de petits bouts. Le problème, c’est « qu’un tout petit morceau du cactus parvient à constituer des racines, et à repartir, confie Laurent Retière. Et au bout d’un ou deux ans, il fait la taille d’un cactus normal ». Les volumes ont toutefois nettement diminué depuis sa découverte au Salagou, en 2005. Il y a des années, certains atteignaient 1,50 mètre de haut. Mais les populations semblent cependant se stabiliser, preuve de l’extrême résilience de l’espèce.

Aucun moyen de s’en débarrasser, hormis les arrachages

« Pour l’instant, nous n’arrivons pas à l’éradiquer complètement », explique l’inspecteur de l’environnement. Ils se déplacent très facilement, via des troupeaux d’animaux ou des sangliers. L’origine de son implantation au Salagou reste inconnue, mais il pourrait bien s’agir d’une personne, qui s’est tout simplement débarrassée d’un spécimen, il y a des décennies. Un spécimen qui a colonisé en quelques années le lac et ses alentours.

Pour l’instant, hormis l’arrachage, il n’existe aucun autre moyen d’anéantir ces cactus invasifs, « très, très résistants ». Pulvériser un produit serait inutile, et même dangereux pour l’écosystème. « Ce sont des plantes résistantes, confie Laurent Retière. Et autour, il y a d’autres plantes, que l’on risque de tuer. » Malgré les campagnes d’arrachage régulières, il convient de rester prudent, donc, au lac du Salagou. En étendant sa serviette. Ou en courant faire un plouf. Et en cas de découvertes importantes, les promeneurs peuvent les signaler auprès de l’OFB de l’Hérault.