ENSEIGNEMENT SUPERIEURComment les écoles de commerce luttent contre la triche lors des concours

Ecoles de commerce : Comment s’organise la lutte contre la triche lors des concours Sésame et Accès

ENSEIGNEMENT SUPERIEURLa révélation de cas de triche dans deux banques de concours aux écoles de commerce a suscité beaucoup de commentaires, mais le nombre de cas reste minime
Illustration du système de surveillance sur TestWe pendant les épreuves écrites du concours Sésame.
Illustration du système de surveillance sur TestWe pendant les épreuves écrites du concours Sésame. - Sésame / Sésame
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L'essentiel

  • Cette année, les banques de concours d’entrée en école de commerce Sésame et Accès ont eu lieu à distance. Et certains cas de fraude ont été détectés, donnant lieu à des sanctions.
  • Les organisateurs expliquent à 20 Minutes comment les outils de surveillance à distance traquent les comportements suspects.
  • Ce qui devrait dissuader les futurs candidats de prendre de tels risques.

Ils se croyaient plus malins que les autres, mais ont été pris la main dans le sac. Des candidats aux concours d’entrée d’écoles de commerce post-bac ont triché lors des épreuves d’admissibilité. Epidémie de Covid-19 oblige, celles-ci avaient lieu à distance cette année pour la banque des concours Sésame (donnant accès à 14 écoles) et celle des concours Accès (Esdes, Essca et Iéseg).

Les 11.600 candidats de Sésame devaient passer 6 épreuves sous forme de QCM, et les 7.000 d’Accès 4 épreuves (dont 3 sous forme de QCM). « Nous avons eu 73 suspicions de triche cette année et nous avons conclu à 40 cas de fraude avérée (soit 0,34 % des candidats) », indique Thomas Lagathu, directeur de Sésame. Les soupçons de fraude pour Accès étaient, elles, au nombre de 203, « pour final 27 cas réellement constatés (soit 0,4 % des candidats) », signale Céline Verdrière, responsable concours à l’Iéseg. Les coupables ont pu s’en mordre les doigts, puisqu’ils ont écopé d’une interdiction de passer ces concours pendant cinq ans.

« En cas de comportement douteux, une alerte nous est envoyée »

Si le nombre de fraudes est finalement peu important alors même que la formule à distance semble plus propice à la triche, c’est que les organisateurs ont mis en place des dispositifs de contrôle très stricts. Tout d’abord, la plateforme sur laquelle les candidats passent leurs épreuves est sécurisée. Un système qui est utilisé par des universités et grandes écoles dans plusieurs pays. « Une fois le candidat entré dans son espace d’examen, son ordinateur est verrouillé : aucune application n’est accessible, tout comme l’accès à Internet », explique Céline Verdrière. Impossible aussi pour le candidat de faire un partage d’écran avec un autre ordinateur.

Ceux qui envisageraient de faire passer leur grand frère hyper doué à leur place risquent aussi une déconvenue : « Un système de reconnaissance facial s’assure de la correspondance avec le candidat qui passe l’épreuve », indique Céline Verdrière. Pour Sésame, « le candidat doit montrer sa pièce d’identité à côté de son visage avant le début de l’épreuve. Il doit aussi filmer l’intégralité de son environnement de travail, la pièce où il va composer, montrer ses oreilles face caméra », décrit Thomas Lagathu. Et à partir du top départ, les lycéens sont sous étroite surveillance. « Ils sont pris en photo toutes les 5 secondes, et la plateforme enregistre les sons et les images. En cas de comportement douteux, une alerte nous est envoyée », poursuit le directeur du concours Sésame. Pour Accès « les épreuves écrites sont toutes télésurveillées en temps réel par 400 personnes. Les surveillants signalent toute attitude suspecte », précise Céline Verdrière.

« Nous traquons aussi ceux qui se vantent d’avoir triché sur les réseaux sociaux »

Garantie supplémentaire pour les deux banques d’épreuves : les questions des QCM sont présentées de manière aléatoire. Par ailleurs, le contrôle des images n’est pas effectué uniquement par un logiciel, mais aussi par des êtres humains : « A l’issue des épreuves, 200 personnes sont missionnées pour visionner 60.000 vidéos d’épreuves pendant une dizaine de jours. Si un candidat parle à quelqu’un, a l’air de regarder souvent quelque chose à côté de son écran ou si une autre personne se tient dans la pièce, on va s’en rendre compte rapidement. Et nous traquons aussi ceux qui se vantent d’avoir triché sur les réseaux sociaux », prévient Thomas Lagathu. Pour Accès, outre la télésurveillance en direct, les organisateurs vérifient les vidéos des personnes signalées et jettent aussi un œil pour voir s’il existe une corrélation entre les notes du candidat dans son dossier Parcoursup et sa performance lors des épreuves.

Des armes anti-fraudes qui semblent très performantes, « même s’il n’existe pas de système 100 % étanche », reconnaît Thomas Lagathu. Reste que la médiatisation des sanctions infligées aux tricheurs à de quoi dissuader ceux qui auraient des velléités de triche l’an prochain. Car bien que l’on ignore encore si les épreuves d’accès aux écoles de commerce post-bac auront lieu à distance, la formule a vocation à se développer dans l’enseignement supérieur. « Cela permet aux candidats d’éviter des frais de transport et d’hébergement », estime Thomas Lagathu. Ce qui est appréciable quand on sait que la présentation aux concours coûte 290 euros pour Sésame et 190 euros pour Accès. « C’est aussi beaucoup moins stressant pour les candidats. Et plus facile pour ceux qui sont porteurs d’un handicap », souligne aussi Céline Verdrière.