INTERVIEW« Je ne suis pas encore trop technique », sourit Selma Bacha avant Barça-OL

FC Barcelone-OL : « Je ne suis pas encore trop technique », sourit Selma Bacha, meilleure passeuse de la Ligue des champions

INTERVIEWVéritable révélation de la saison, la latérale de 21 ans sera l’un des principaux atouts de l’OL, ce samedi (19 heures) à Turin, pour la finale de la Ligue des champions contre le Barça
Selma Bacha, ici lors du quart de finale aller de la Ligue des champions contre la Juventus.
Selma Bacha, ici lors du quart de finale aller de la Ligue des champions contre la Juventus. - Cristiano Mazzi/SPP/Shutterstock/SIPA / SIPA
Jérémy Laugier

Propos recueillis par Jérémy Laugier

L'essentiel

  • Pourtant latérale gauche, Selma Bacha est l’actuelle meilleure passeuse de la Ligue des champions, avec 8 offrandes réalisées cette saison dans l’épreuve reine.
  • Formée à l’OL, la prometteuse joueuse de 21 ans s’est confiée à 20 Minutes avant la finale européenne, ce samedi (19 heures) à Turin, contre le FC Barcelone, tenant du titre.
  • De ses débuts aux côtés des garçons au FC Gerland, où elle se faisait surnommer « Puyol », à ses premières sélections en équipe de France, elle revient sur son éclosion extrêmement rapide.

Ne lui parlez pas d’âge. A 21 ans, Selma Bacha compte remporter la quatrième Ligue des champions de sa carrière, ce samedi (19 heures) à Turin contre le FC Barcelone. Un palmarès déjà monstrueux pour la latérale gauche de l’OL, qui avait été titularisée par Reynald Pedros à 17 ans, lors de la finale européenne 2018 face à Wolfsburg (4-1 après prolongation). Sous contrat jusqu’en 2025 avec son club formateur, désormais indiscutable dans le 11 lyonnais, meilleure passeuse de cette Ligue des champions (8 offrandes en 9 matchs) et internationale tricolore depuis novembre dernier, la joueuse de poche (1,61 m) est la révélation de la saison. Elle s’est confiée à 20 Minutes avant ce choc tant attendu au Juventus Stadium.

A seulement 17 ans, Selma Bacha avait déjà vécu une finale de Ligue des champions en tant que titulaire, en mai 2018 contre Wolfsburg (4-1 après prolongation).
A seulement 17 ans, Selma Bacha avait déjà vécu une finale de Ligue des champions en tant que titulaire, en mai 2018 contre Wolfsburg (4-1 après prolongation). - FRANCK FIFE / AFP

Quels souvenirs gardez-vous de vos débuts de footballeuse, de 5 à 8 ans, au FC Gerland (Lyon 7e) ?

Avant de basculer dans les matchs féminins avec l’OL en 2008, j’ai joué trois ans avec les garçons à Gerland. J’étais la seule fille de l’équipe, aux côtés de joueurs devenus pros comme Georges Mikautadze (FC Metz, prêté cette saison à Seraing, en Belgique) et Kays Ruiz-Atil (ex-milieu du PSG et du Barça). Ça m’a forgé mentalement. J’étais déjà compétitrice et je ne lâchais rien. Je vivais tout le temps avec des garçons et je pense que ça m’a donné « un caractère d’homme ». Comme je jouais alors en défense centrale, que j’avais les cheveux lâchés et un bandeau, on me prenait pour l’ancien joueur du Barça Carles Puyol (rires). Tout le monde me surnommait « Puyol » sur le terrain au FC Gerland.

Selma Bacha a déjà pu embrasser à trois reprises la Ligue des champions, comme ici en août 2020 à Saint-Sébastien (Espagne) après le 7e sacre européen du club contre Wolfsburg.
Selma Bacha a déjà pu embrasser à trois reprises la Ligue des champions, comme ici en août 2020 à Saint-Sébastien (Espagne) après le 7e sacre européen du club contre Wolfsburg. - Alvaro Barrientos/AP/Sipa

Depuis son premier sacre européen en 2011, l’OL a le plus bel effectif d’Europe et les joueuses du centre de formation à s’y être imposées sont rares (Majri, Cascarino). Quand cela vous a-t-il paru réaliste de vous faire malgré tout une place un jour dans cette équipe ?

A l’âge de 15 ans, quand j’ai commencé mon sport études, j’ai réalisé que j’avais vraiment envie de devenir pro pour mon club formateur. J’étais surclassée en U19 et le coach Arnaud Favrelière m’a basculée latérale gauche car il me voyait devenir la remplaçante d’Amel Majri à ce poste en équipe première. Au final, j’ai atteint mon objectif en intégrant le groupe pro à partir de 16 ans, et en m’y faisant petit à petit ma place.

Vous estimez-vous avant tout comme une guerrière sur le terrain ou comme une latérale offensive et technique ?

J’aime bien être présente offensivement tout comme défensivement. Mais j’aime avant tout défendre, le combat, le duel… Je ne suis pas encore trop technique (sourire), à part sur les centres.

Comment faites-vous pour être partout sur le terrain, entre un retour défensif décisif lors du quart de finale retour contre la Juventus et vos 8 passes décisives dans cette campagne européenne ?

Aux entraînements, je suis avec le premier groupe au niveau de la VMA (vitesse maximale aérobie). Avant, je ne gérais pas mes efforts sur le terrain, j’étais un peu « fofolle ». Plus j’avance et plus je corrige ça pour répondre présent dans les rencontres de haute intensité de Ligue des champions. Sur ces matchs-là, je me dis que je suis avant tout défenseure. Si je dois toucher des ballons offensivement, on verra. Ce n’est pas que je n’ose pas trop monter mais je gère mes efforts pour éviter les courses inutiles. Je sens que j’ai pris beaucoup de maturité dans mon jeu, que j’ai appris à me canaliser, en fonction des temps forts et des temps faibles.

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Pensiez-vous vraiment voir l’OL rebondir de la sorte après une saison sans titre historique en 2020-2021 ?

Quand je suis arrivée dans cette équipe en 2017-2018, j’ai tout gagné direct. Donc là, après notre saison blanche, j’ai passé de mauvaises vacances. Mais on a toutes appris de ces moments-là et perso, je suis encore plus forte mentalement aujourd’hui. Donc bien sûr que l’OL existe toujours en Europe. On est là cette année pour la reconquête. Avant le FC Barcelone (champion d’Europe l’an passé), il y avait l’OL. Lyon a une histoire et c’est maintenant à nous de ramener ce trophée à la maison, et de montrer ainsi qu’on est toujours là.

Honnêtement, êtes-vous surprise de votre niveau individuel cette saison, qui vous a même valu d’être élue joueuse du mois en octobre et en novembre en D1 ?

Oui, car je ne pensais pas que ça irait aussi vite pour moi. J’ai pris des responsabilités cette saison et j’en suis très fière. Aux côtés de Sonia Bompastor, je grandis et j’ai montré qu’on pouvait compter sur moi. A moi d’aller encore chercher des passes décisives pour cette finale.

Wendie Renard remercie sa passeuse privilégiée Selma Bacha, après un but crucial inscrit le 30 avril au Parc des Princes, en demi-finale retour de la Ligue des champions (1-2).
Wendie Renard remercie sa passeuse privilégiée Selma Bacha, après un but crucial inscrit le 30 avril au Parc des Princes, en demi-finale retour de la Ligue des champions (1-2). -  Cristiano Mazzi/SPP/Shutterstock/SIPA

Dans ce registre, on sent notamment une connexion spéciale avec Wendie Renard, à l’image du deuxième but en demi-finale à Paris (1-2)...

Le matin de ce match contre le PSG, je suis allée voir Wendie dès mon réveil pour lui dire que j’avais rêvé d’une passe décisive que je lui faisais au Parc des Princes. Et mon rêve s’est réalisé (sourire). Sur le terrain, en un regard, je sais où elle veut le ballon. J’essaie toujours de la rechercher car elle est la meilleure joueuse sur les coups de pied arrêtés. J’ai vu qu’elle venait de resigner au club (jusqu’en 2026), tant mieux, je pourrai encore lui casser la tête (rires). C’est une grande sœur et un exemple pour moi. J’aimerais suivre son chemin et pourquoi pas faire ma carrière à Lyon tout comme elle. C’est ma deuxième famille ici.

Au vu de vos débuts professionnels à l’OL dès 2017, ne vous attendiez-vous pas à être convoquée par Corinne Diacre bien avant cette première cape de novembre 2021 ?

La saison dernière, j’y pensais. Mais au début de cette saison, ce n’est pas que je n’y croyais plus trop, mais quand même… Et quand j’ai été appelée en renfort après la blessure de Sakina Karchaoui, c’était un rêve d’enfant (elle compte désormais 4 sélections avec les Bleues). Quelque part, je préfère être appelée dans les derniers moments précédant un événement comme l’Euro (en juillet en Angleterre).

Depuis novembre dernier, Selma Bacha est appelée en équipe de France par Corinne Diacre. La latérale gauche devrait donc participer au prochain Euro, en juillet en Angleterre.
Depuis novembre dernier, Selma Bacha est appelée en équipe de France par Corinne Diacre. La latérale gauche devrait donc participer au prochain Euro, en juillet en Angleterre. - David Winter/Shutterstock/SIPA

La saison lyonnaise a également été marquée par la naissance d’un enfant pour votre coéquipière Sara Björk Gunnarsdottir. Comment le groupe a-t-il perçu l’arrivée d’un bébé d’une joueuse en activité, ce qui est extrêmement rare dans le football féminin professionnel ?

Ça met une bonne ambiance et on se dit que le club est ouvert sur ce sujet. C’est super car être maman, c’est un rêve pour tout le monde. Quand on voit le bébé de Sara, tout le monde est content, et on en veut plein d’autres. La prochaine, ce sera Amel Majri, et on verra bien qui sera la suivante (sourire).