VOTRE VIE, VOTRE AVISNos lecteurs partagés sur le périphérique transformé en « ceinture verte »

Paris : Faire du périphérique « une ceinture verte », un changement d’habitude des automobilistes « sous la contrainte »

VOTRE VIE, VOTRE AVISCe mercredi, la mairie de Paris exposait son projet de réaménagement du périphérique décidé en novembre dernier. Consultés, les lecteurs de « 20 Minutes » ont des avis partagés sur la nouvelle « ceinture verte » promise à l’horizon 2030.
Le périphérique parisien va-t-il changer de physionomie?
Le périphérique parisien va-t-il changer de physionomie? - Philippe Dannic/SIPA / SIPA
Marin Daniel-Thezard

Marin Daniel-Thezard

L'essentiel

  • La mairie de Paris va transformer le périphérique en plantant massivement des arbres et en consacrant une voie aux covoiturages et transports en commun entre 2024 et 2030.
  • 20 Minutes a demandé l’avis de ses lecteurs, dont la diversité montre la complexité du chantier.
  • Entre la contrainte de la transformation, la mauvaise gestion des transports en commun et les doutes quant à l’efficacité écologique du projet, les opinions sont partagées.

«La végétalisation est un levier extraordinaire et fabuleux pour transformer tout ce territoire. » Anne Hidalgo était enthousiaste mercredi en présentant le projet du futur périphérique. Les ambitions écologiques de la maire de Paris ne sont un secret pour personne et place maintenant à « la transformation du boulevard périphérique » avec l’ambition de passer « de la ceinture grise à la ceinture verte ».

Le plan de la mairie poursuit dès lors un triple objectif. D’abord, il s’agit d’améliorer la qualité de vie des 555.200 habitants proches de l’anneau routier, exposés à des niveaux de pollution supérieurs aux recommandations de l’OMS. Les deux objectifs suivants sont à vrai dire presque synonymes : lutter contre le réchauffement climatique et limiter l’émission de gaz à effet de serre.

Le périphérique pourrait ressembler à ça en 2030.
Le périphérique pourrait ressembler à ça en 2030. - Diane Berg

Pour remplir ces deux objectifs et demi, deux mesures et demie. La première est de planter. A l’horizon 2024, sur les talus, sur les terre-pleins centraux, sur les bretelles pousseront quelque 50.000 arbres pour accompagner les 18.000 déjà plantés entre 2020 et 2022. La seconde mesure consiste à modifier la circulation sur le périph' en instaurant une voie réservée aux modes de transport vertueux (bus, taxis, covoiturages) que le boulevard héritera de la « voie olympique et paralympique ». Cette solution implique immanquablement la réduction d’une voie pour les automobilistes « normaux ». C’est là la volonté de réduire le nombre des 820.000 conducteurs qui empruntent seuls « la ceinture grise » chaque jour. Lectrices et lecteurs de 20 Minutes vous avez réagi à ce projet et force est de constater qu’ils sont partagés. L’immense majorité reconnaît néanmoins qu’une évolution de la circulation autour de Paris est nécessaire.

Passer de 4 à 3 voies, alors « ça roule déjà très mal »

Que les lecteurs soient opposés ou en accord avec ce plan, tous voient en cette transformation une difficulté pour les automobilistes. Pour Quentin, « les usagers ne changeront leurs habitudes que sous la contrainte », un système qui finit selon lui par limiter l’usage de la voiture. Thibault espère lui aussi que cette réduction de voie fera sortir les usagers « du réflexe de la voiture en solitaire ».

Mais s’il y a contrainte, il y a contraints. « Si elle croit qu’on prend le périphérique par plaisir », tonne Matt à l’encontre de la maire de Paris. Pour beaucoup, cette transformation rime avec régression. « A quand le retour des charrues tirées par des bœufs ? », ironise Walter, tandis que Yona ose à peine imaginer un périphérique à trois voies quand à quatre, « ça roule déjà très mal ».

« Cesser la traque aux automobilistes »

Ceinture verte ou non, les Franciliens demandent une meilleure efficacité des transports en commun. « Je prends la voiture parce que les transports en commun de banlieues à banlieues sont nullissimes », s’agace Marco. Paris et les banlieues, une longue histoire de désamour, résultat d’une incompréhension des priorités des uns et des autres. « Tout le monde n’habite pas près d’une gare RER. Il faut cesser la traque aux automobilistes », poursuit Marco. Les « banlieusards » dénoncent une chasse aux sorcières. Hichem estime qu’il faut « trouver un autre moyen que de punir les automobilistes » notamment en incitant « à rouler plus vert, et à favoriser le télétravai ».

De l’autre côté du périph', on demande également de la cohérence dans le projet. Daniel comme Martin le disent : « si l’on réduit l’offre de 4 à 3 voies, il faudra augmenter l’offre de transport en commun » mais aussi de « parkings gratuits ». Un second Quentin pointe du doigt une difficulté : « L’offre de transport en commun n’est pas contrôlée par la municipalité mais par la région. Cependant, aucune concertation n’a lieu entre les deux parties. » Cette absence de communication entre la municipalité gérée par Hidalgo, qui organise le périphérique, et la région présidée par Valérie Pécresse, qui régit les transports, serait selon lui la source de nombreux problèmes, actuels et à venir.

« Couvrir le périph et faire des voies vertes dessus »

« Je suis pour ce projet car il prend en compte la réelle urgence climatique et la santé publique », confie Carine qui prône le « recyclage naturel d’une partie du CO2 par les plantes ». Certains ne partagent pas l’enthousiasme de cette habitante du 11e arrondissement. C’est le cas de Régine, pour qui ce projet « pharaonique » n’a pas sa place sur le boulevard, « le centre de Paris est déjà piéton, pourquoi ne pas se concentrer sur cette zone pour commencer ? ». Al, quant à lui, assure que « les arbres ne pousseront pas dans ces conditions inadaptées ».


Notre dossier sur le périphérique

D’autres lecteurs sont davantage force de proposition pour réduire l’impact carbone de la ceinture grise. Laurent avance l’idée « d’enfouir le périphérique afin de construire des logements et des espaces verts. » Carole abonde dans son sens « Je suis 1.000 fois contre ce projet ! Il faudrait le couvrir et faire des voies vertes au-dessus. » Qu’on la cache ou qu’on la réduise, le vœu d’Hiro se réalisera : « Au revoir la bagnole ! »