ECONOMIELa piste de l’arrachage de pieds de vignes évoquée dans le Bordelais

Bordeaux : Faut-il arracher des pieds de vignes pour réduire la taille du vignoble et sortir de la crise ?

ECONOMIELe Bordelais est en surproduction et veut rééquilibrer son vignoble en subventionnant l'arrachage de certaines parcelles
Les six cépages phares du Bordelais
20 Minutes avec AFP

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L'essentiel

  • Le plus grand vignoble de France en superficie, 100.000 hectares, est en surproduction structurelle.
  • L’interprofession estime que l’arrachage de certaines parcelles de vignes pourrait être une piste pour faire face à la crise, si d’autres régions viticoles suivent le même chemin.
  • Un audit va être réalisé pour faire un état des lieux des parcelles, et recenser les vignes qui ne sont pas cultivées ou « en souffrance ».

C’est une solution assez radicale. L'Interprofession des vins de Bordeaux (CIVB) a plaidé lundi, lors de son assemblée générale, pour le financement public de l'arrachage définitif ​des vignes, vu comme « une des pistes » qui aiderait le Bordelais, en surproduction, à sortir de la crise.

« Les textes européens ne permettent pas aujourd’hui [ce financement]. Ils doivent être changés », a déclaré Bernard Farges, le président du CIVB. « Les représentants de la viticulture bordelaise demandent seulement de pouvoir arbitrer au sein des aides de l’Union européenne entre restructuration, investissements de chais et arrachage », a-t-il ajouté.

« Nous sommes la seule région » viticole à porter cette idée de financer l’arrachage, estimé à 2.000 euros/hectare, auprès des autorités de l’Etat mais « tant qu’un seul vignoble la porte, nous n’avons aucune chance d’aboutir », a-t-il assuré, regrettant que d’autres régions en difficulté ne parlent pas du sujet plus « ouvertement ».

Un audit pour connaître l’état du vignoble

Il a souligné que les « vignes non cultivées », les « vignobles en souffrance », stigmates concrets de difficultés de certains exploitants, n’étaient « pas bons pour l’image » de la région ni sur le plan sanitaire. Le CIVB a lancé un audit pour en connaître l’ampleur.

Selon le président de la Fédération des grands vins de Bordeaux Jean-Marie Garde, les « surfaces plantées en Gironde sont trop importantes » et « une partie doit avoir une autre destination » que la vigne. « Il y a urgence à trouver des solutions », a-t-il poursuivi.

En conférence de presse, le vice-président du CIVB Allan Sichel a évoqué l’idée que des « surfaces en AOC [appellation d’origine contrôlée] puissent être réorientées en IGP [indication géographique protégée] » pour faire des vins « plus simples, plus faciles » qui correspondraient mieux aux nouvelles habitudes des consommateurs.

De nombreux « signaux d’alerte »

Parmi les autres sujets d’inquiétude évoqués : la pyramide des âges de la profession – 60 % des exploitants bordelais auront plus de 60 ans dans les cinq prochaines années – et les doutes sur les capacités de certains viticulteurs à rembourser les prêts garantis par l’Etat (PGE) octroyés pendant la pandémie de Covid-19.

Globalement, Bernard Farges a estimé que les « signaux d’alertes » étaient nombreux pour le Bordelais à cause de l'« écart entre le niveau de production actuel et notre niveau de commercialisation », et ce malgré un rebond des sorties à la propriété (4,2 millions d’hectolitres, +9 %) et des exportations (+15 %).

Le Bordelais est le premier vignoble AOC de France avec plus de 100.000 hectares cultivés et 600 millions de bouteilles produites par an.