INTERVIEW« Un même bulletin de vote, deux objectifs », estime Manuel Bompard

Législatives 2022 : « La Présidentielle n’a pas tranché définitivement », estime Manuel Bompard, candidat à Marseille

INTERVIEWManuel Bompard se présente aux élections législatives sur la 4e circonscription de Marseille. Première mesure, succession, ambition de cette alliance, abstention... Entretien avec le candidat de la Nupes.
Manuel Bompard (LFI) est le candidat de la Nupes dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône à Marseille, celle où Jean-Luc Mélenchon avait été élu député.
Manuel Bompard (LFI) est le candidat de la Nupes dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône à Marseille, celle où Jean-Luc Mélenchon avait été élu député. - ISA HARSIN/SIPA / SIPA
Alexandre Vella

Propos recueillis par Alexandre Vella

L'essentiel

  • À trois semaines du premier tour des élections législatives, 20 Minutes Marseille publie chaque mercredi une interview d'un des chefs de file, candidat dans les Bouches-du-Rhône, issus des trois blocs dessinés par le résultat de l'élection présidentielle.
  • Aujourd'hui, Manuel Bompard, candidat de la Nouvelle alliance populaire, écologique et sociale qui se présente dans la 4e circonscription, celle qui a élu Jean-Luc Mélenchon député en 2017, se prête à l'exercice.
  • Première mesure, succession, ambition de cette alliance, abstention... « avec un même bulletin de vote, on peut remplir deux objectifs », assure Manuel Bompard.

Installé dans le quartier du Panier à Marseille où Manuel Bompard a trouvé à se loger, le candidat aux élections législatives de la NUPES de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône a commencé à arpenter les marchés et les rues de sa circonscription. Une campagne de proximité et de terrain, à bas bruit, pour s’imprégner et être au contact. « La campagne que j’ai envie de mener », nous avait-il expliqué un peu avant cette interview.

Vous prenez la suite de Jean-Luc Mélenchon dans sa circonscription, est-ce une succession difficile ?

Non, pas du tout. Je pense que Jean-Luc Mélenchon a réalisé, depuis maintenant plusieurs années, des résultats qui sont très importants. Il a contribué à faire émerger dans le paysage politique une nouvelle formation, la France insoumise, et désormais la nouvelle alliance populaire. Ce qui m’oblige, c’est d’élire une majorité de députés à l’ Assemblée nationale. Et pour ça, il faut gagner cette circonscription, mais aussi en gagner plusieurs à Marseille. C’est ça l’objectif, puisqu’on est dans cette volonté de pouvoir gouverner ce pays dans quelques semaines. Il faut gagner dans plus de 289 circonscriptions.

Après, je ne pense pas que Jean-Luc Mélenchon disparaisse du paysage. Avec un même bulletin de vote, on peut remplir deux objectifs : m’élire député et propulser Jean-Luc Mélenchon Premier ministre.

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Si vous êtes élu, quel sera le premier sujet que vous porterez ?

Le premier sujet, d’urgence aujourd’hui, est celui du pouvoir d’achat et de l’explosion des prix. Alors, une proposition de loi qui intègre la hausse du smic, des salaires, des pensions de retraite et le blocage des prix sur les produits de premières nécessités doit être la première mesure. C’est celle qui permettrait à des millions de citoyens qui n’arrivent pas à finir les fins de mois de retrouver un peu de respiration. A un niveau plus local, la thématique du logement est prégnante dans cette circonscription. Elle a malheureusement donné lieu à un drame ici, et, donc, la lutte contre le logement insalubre, pour la rénovation y compris thermique et énergétique est un sujet sur lequel j’ai envie de m’investir.

À qui peut profiter abstention ? (En 2017, celle-ci avait été de 51,3 % au premier tour et 57,36 % au second)

Clairement, nous savons très bien que plus l’abstention est forte, plus c’est difficile pour nous. L’électorat qui s’est porté sur la candidature de Jean-Luc Mélenchon est un électorat populaire et jeune, les deux catégories qui votent le moins. Alors, l’un des objets de cette campagne est de convaincre sur l’idée que la présidentielle n’a pas tranché définitivement cette question. Nous ne sommes pas condamnés à vivre encore pendant cinq ans avec Emmanuel Macron et son programme.

C’est un troisième tour et ceux qui ont été déçus des résultats de la présidentielle, s’ils se mobilisent, s’ils se déplacent en masse, alors on peut changer et infléchir le cours des choses. Il ne faut pas être résigné. L’abstention ne servira que les amis et les partisans d’Emmanuel Macron.

Est-ce que la Nupes peut capitaliser sur cette élection, développer un ancrage local et survivre à une éventuelle défaite ?

Honnêtement, son premier objectif est de gouverner ce pays, et c’est possible. Je rappelle qu’en 2017 avec 32 % des voix à l’échelle nationale, Emmanuel Macron a eu une majorité absolue de députés ; et 32 % ce n’est pas très loin de ce que les sondages attribuent à notre alliance. Donc notre alliance permet d’envisager tout simplement d’exercer le pouvoir dans un mois. Ensuite si cette alliance peut dans des échéances futures locales renforcer notre ancrage local, pourquoi pas. Mais le sujet qu’on a en tête pour l’instant, c’est comment on change la vie des gens, comment on s’attaque à l’urgence climatique. Cette union se fait autour d’un programme. Il y a 650 mesures partagées, qui montrent que nous avons beaucoup de points en commun.

À 18-20 ans, vous imaginiez vous faire de la politique, être député européen et peut-être prochainement de Marseille ?

Non, à 18-20 ans, je n’imaginais pas ça. J’étais intéressé bien sûr par mon pays et les sujets au cœur de l’actualité. Je m’étais engagé dans la bataille contre le traité constitutionnel européen parce que je ne me retrouvais pas dans la construction européenne telle qu’elle était et telle qu’elle est aujourd’hui. Mais clairement, je n’imaginais que cela aller me conduire à exercer des responsabilités nationales, parlementaire. Je n’avais pas de plan de carrière, pas de plan de marche. C’est en m’engageant, en rejoignant une organisation politique, en militant, que, petit à petit, je me suis dit qu’il fallait passer de la protestation à l’idée que, dans ce cas-là, on prend les affaires en main. Et c’est que j’essaie de faire.