FLAMBEEGare aux conséquences d’un embargo sur le pétrole russe

Guerre en Ukraine : Un embargo européen sur le pétrole russe pourrait entraîner une hausse des prix à la pompe

FLAMBEESelon un organisme d’études rattaché à Matignon, un embargo entraînerait une hausse des prix et ferait peser de lourdes contraintes techniques sur le reste de la production mondiale
Un embargo sur le pétrole russe risquerait d'entraîner une hausse des prix à la pompe. (illustration)
Un embargo sur le pétrole russe risquerait d'entraîner une hausse des prix à la pompe. (illustration) -  Charles Krupa/AP/SIPA / SIPA
Xavier Regnier

X.R. avec AFP

L’embargo européen sur le pétrole russe aurait-il tout de la fausse bonne idée ? C’est la question que pose en creux le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii), un organisme rattaché à Matignon, dans une note publiée ce mercredi. Si l’Europe se détourne du pétrole russe en réaction à la guerre en Ukraine, « il faudra remplacer un peu plus d’un quart des importations totales » d’or noir du continent, rappelle en premier lieu le Cepii.

Or, cela implique de diversifier les approvisionnements européens d’hydrocarbures, par exemple en se tournant vers l’Arabie saoudite, le Brésil, les États-Unis ou le Canada. Mais ces grandes puissances pétrolières sont géographiquement plus éloignées de l’Europe que la Russie et la diversification des approvisionnements européens se traduira donc par une hausse des coûts de transport, mettent en garde les auteurs de la note.

Prix cassé et pétrole de bonne qualité

De plus, ces nouveaux fournisseurs devraient accroître leur production pour répondre aux demandes du marché européen. Mais les convaincre serait plus délicat qu’il n’y paraît. En effet, la Russie a signé mi-mars un contrat avec des entreprises indiennes pour du pétrole à un prix bradé de 25 dollars le baril. « Le signal transmis par la Russie est qu’elle n’hésitera pas à casser les prix s’ils venaient à augmenter leur production » pour satisfaire les velléités européennes de diversification, analysent les chercheurs.

Enfin, « il est important de considérer la qualité des pétroles bruts » que l’Europe pourrait importer à l’avenir. « Le pétrole russe ayant de bonnes qualités pour produire des distillats moyens (gazole), son remplacement par un autre pétrole pourrait demander un traitement plus complexe en raffinerie pour obtenir les mêmes produits finis », pointe le Cepii. « Le prix des produits pétroliers devrait donc augmenter sous l’effet de ces contraintes techniques, indépendamment du jeu de l’offre et de la demande », conclut-il. De quoi reconsidérer l’opportunité d’un embargo sur le pétrole russe, objet de discussions au sein de l’Union européenne ?