SLURPLe champion de France de café ne les boit pas, il les « crache beaucoup »

Strasbourg : Le champion de France de café ne les boit pas, il les « crache beaucoup »

SLURPN'en voulez pas à Sébastien Maurer. Pour devenir champion de France de « Cup tasting », le Strasbourgeois a dû déguster... 24 tasses de café. Il ne pouvait pas toutes les avaler !
Sébastien Maurer travaille chez les Cafés Sati depuis vingt-cinq ans.
Sébastien Maurer travaille chez les Cafés Sati depuis vingt-cinq ans. - T. Gagnepain / 20 Minutes / 20 Minutes
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Le Strasbourgeois Sébastien Maurer est devenu pour la 4e fois champion de France de dégustation mi-mai.
  • Qui est-il ? Comment en est-il arrivé là ? Rencontre avec celui qui va prochainement participer aux championnats du monde à Milan.
  • Chaque jour, Sébastien Maurer déguste du café. Beaucoup. Il explique comment s’y prendre.

Des machines de toutes sortes. A capsules, filtres, dosettes, grains, avec percolateurs apparents… Mais aussi des torréfacteurs et de nombreuses tasses et autres cuillères. Bienvenue dans le laboratoire du champion de France de dégustation de café.

Sébastien Maurer a remporté pour la quatrième fois ce titre mi-mai à Paris. Comme en 2014, 2016 et 2017, l’Alsacien a été le meilleur dans l’épreuve de « cup tasting ». Le principe est simple : les concurrents ont trois tasses devant eux et doivent déterminer le plus vite possible laquelle n’a pas été remplie avec le même café. Une opération à renouveler huit fois, au premier tour, en demie et en finale. Soit à 72 reprises au total, sur deux jours de compétition.

« Celui qu’on retire est souvent très légèrement différent. On ne vous met pas deux robustas et un arabica. On peut jouer sur la région, le grade, la coopérative qui le produit dans telle région du monde etc. », détaille le spécialiste, 46 ans « dont 25 dans le café ». Pas à n’importe quel poste : comme responsable qualité chez Sati à Strasbourg, le plus grand torréfacteur de la région (3.000 à 4.000 tonnes par an).

« Il faut aspirer, gargariser et vaporiser dans la bouche »

Il ne surveille pas en permanence le processus industriel. Son rôle chaque jour : déguster. « Des cafés qu’on vient de recevoir dans nos entrepôts, pour vérifier si l’étiquette est bien conforme au produit, ou ceux que des négociants nous envoient pour d’éventuelles commandes. » A partir du grain, Sébastien Maurer entre en scène. Selon une technique bien particulière, dite « brésilienne ».

Le café fraîchement torréfié puis moulu est alors mis dans une tasse, avant d’être infusée via une eau à 93 °C. Puis quatre minutes de repos avant de « casser la croûte » qui s’est formée à la surface. C’est parti pour la dégustation. Attention, elle s’effectue avec une cuillère et en évitant d’avaler. « Il faut aspirer, gargariser et vaporiser dans la bouche. En anglais, on dit "slurp" car on ramène de l’air. Le palais analyse les saveurs et le nez le panel aromatique. » Puis le champion de France rejette pour éviter de saturer. « A l’arrivée, je n’en bois pas beaucoup, peut-être cinq à six par jour, je crache beaucoup », s’amuse le connaisseur, qui a « appris au fur et à mesure ».

Car le café n’était, à l’origine, pas une passion chez lui. « Comme un étudiant, j’en prenais à la machine à café, c’est tout. » Son arrivée chez Sati a tout changé. « Je préparais les dégustations et j’écoutais ce que le jury disait. Puis je goûtais ensuite. » Son avis n’était alors souvent « pas trop pris en compte, même si j’étais rarement à côté de la plaque », se souvient avec le sourire Sébastien Maurer. Question de palais, peut-être plus fin que la moyenne, d’expérience, et de travail. Depuis « une quinzaine d’années », son expertise est vivement écoutée.

Chaque année, son entreprise torréfie « entre 3.500 et 4.000 tonnes » de café.
Chaque année, son entreprise torréfie « entre 3.500 et 4.000 tonnes » de café. - T. Gagnepain / 20 Minutes

Il aura encore l’occasion de la prouver du 23 au 26 juin à Milan, pour les championnats du monde de sa spécialité. Ses quatrièmes. « J’ai fait 15e, 12e et la dernière fois, j’étais dans les bas-fonds. Je veux me rattraper ! », lance-t-il avant de retourner dans son labo. Pour quelques entraînements de dégustation.