SCRUTINAbstentionnistes au premier tour des législatives, ils voteront au second

Législatives 2022 : « Tout sauf Mélenchon le ronchon », « Macron, hors de question »... Ils ont zappé le premier tour mais voteront au second

SCRUTINLes abstentionnistes du premier tour des législatives ont été très courtisés cette semaine… Et certains d’eux vont se mobiliser. Vote d’adhésion ou barrage ?
Bureau de vote pour le premier tour des législatives. Ecole Jean Moulin Baumettes, Nice.
Bureau de vote pour le premier tour des législatives. Ecole Jean Moulin Baumettes, Nice. - SYSPEO/SIPA / Pixpalace
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L'essentiel

  • Au premier tour des législatives, 52 % d’électeurs se sont abstenus. Mais certains d’entre eux comptent bien voter au second tour.
  • Car trois scenarii sont possibles : la majorité absolue pour Ensemble !, ou simplement relative, ou bien encore une cohabitation avec la gauche.
  • Nos lecteurs qui ont zappé le premier tour mais comptent se mobiliser au second nous dévoilent les raisons qui vont les pousser cette fois-ci à se rendre au bureau de vote.

Dimanche dernier, ils avaient piscine. Ou bien la campagne des législatives ne les a pas intéressés, ils ne savaient pas pour qui voter, avaient perdu espoir en leur camp… Au premier tour de ces élections, 52 % des électeurs ont boudé les urnes. Mais une partie des abstentionnistes ne comptent pas réitérer l’expérience ce dimanche. Certains feront leur devoir de citoyen tout bonnement parce qu’ils seront de retour chez eux, comme Patrick, qui a répondu à notre appel à témoins. « Je n’ai pas voté au premier tour car je suis parti en vacances. J’ai également reculé devant la complexité du vote par procuration. Donc de retour pour le second tour. »

Mais la plupart de ces électeurs du second tour « seulement » seront mus par leur volonté de peser dans le game. Car trois scenarii sont possibles à l’issue des législatives : soit la confédération Ensemble ! (LREM, Modem, Horizons et Agir) remporte au moins 289 sièges sur les 577 que compte l’Assemblée, ce qui permettra au président Macron de bénéficier d’une majorité absolue, comme en 2017. Soit Ensemble ! est en tête de peloton, mais gagne moins de 289 sièges, ce qui ne lui fournira qu’une majorité relative. Soit la Nupes remporte la mise et Emmanuel Macron devra cohabiter avec la gauche.

« Une majorité pour gouverner et que le pays tente de se réformer »

Cette dernière hypothèse est redoutée par certains de nos lecteurs, qui se déplaceront pour voter Ensemble ! ce dimanche. C’est le cas de Bertrand : « Je ne suis pas d’accord avec tout le programme du gouvernement, mais je préfère qu’il ait une majorité pour gouverner et que le pays tente de se réformer, plutôt que cinq ans de cohabitation, et donc cinq ans de foutus avec des guéguerres sans fin. Pour finalement qu’il ne se passe rien de nouveau ». Certains voteront pour Ensemble ! même s’ils ne sont pas fans d’Emmanuel Macron, à l’instar de Frédéric : « A un moment ou il y a de très fortes turbulences qui secouent le monde, il me semble raisonnable que le président (que je ne soutiens pas du tout) puisse avoir les mains libres pour pouvoir mener une politique ». Pour Alain, ce sera davantage un vote d’adhésion : « Je veux donner une majorité au gouvernement en espérant qu’il réagisse dans trois domaines qui à l’évidence ne fonctionnent pas : sécurité, justice et immigration ».

Le bon score au premier tour du RN, qui sera présent au second dans 200 circonscriptions, motive aussi ceux qui n’ont pas sorti leur carte d’électeur dimanche dernier. Comme Grégory : « Je vais me déplacer pour le second tour afin de donner une voix supplémentaire au RN. C’est la première fois qu’il est au second tour des législatives sur mon secteur ». D’autant que le parti d’extrême droite espère obtenir un groupe à l’Assemblée, une première depuis 1986.

« Le résultat de la Nupes m’a redonné espoir »

De l’autre côté de l’échiquier politique, le vent porteur qui a soufflé sur la Nupes au premier tour inspire les sympathisants de la gauche qui ne se sont pas déplacés dimanche dernier. Maxime souhaite ainsi conforter cette coalition de gauche : « Le résultat de la Nupes (au 2e tour dans plus de 406 circonscriptions) m’a redonné espoir. La gauche peut enfin gagner, avec l’espoir, enfin possible, d’une cohabitation dès lundi prochain ». Thibaud y croit aussi : « Je veux que la Nupes ait le meilleur score possible. Une majorité absolue serait parfaite, avec Jean-Luc Mélenchon Premier ministre ».

Certains jeunes abstentionnistes du premier tour ont-ils entendu le message de l’Insoumis ? « Ce n’est pas la peine de venir râler sur Parcoursup si après, ce n’est pas pour voter pour ceux qui veulent l’abolir », a déclaré lundi le tribun pour les convaincre de voter. Ça a marché sur David : « Je vois bien que la Nupes peut obtenir beaucoup de sièges et je veux la soutenir pour enfin défendre l’action pour le climat et supprimer Parcoursup ».

« Ce sera tout sauf Mélenchon, le ronchon »

Force est de constater aussi que la colère risque d’en pousser certains vers les urnes. Tout d’abord, celle qui s’exprime contre le chef de l’Etat. « Je n’ai pas voté au premier tour, mais j’irai dimanche car il est hors de question que Macron ait la majorité. Autrement, la France est foutue », lance Jérôme. Chris, lui ira voter pour le candidat qui sera en face de celui d’Ensemble !, quel que soit son parti. « Je n’oublie pas le pass sanitaire qui a séparé les Français, a créé des sous-citoyens dans le pays de l’égalité de droits. Je ne le pardonne pas. » Idem pour Catherine : « J’irai voter pour n’importe quel candidat. Au moins pour que Macron voie les chiffres du refus de lui accorder une quelconque confiance. » Michel veut aussi faire barrage à la majorité présidentielle : « Je vais aller voter Nupes pour arrêter ce libéralisme à tous crins ».

La Nupes suscite aussi des votes barrage. « Ce sera tout sauf Mélenchon, le ronchon », annonce José. Chantal est aussi vent debout contre le chef de file de la Nupes : « Je ne veux pas d’une opposition systématique, qui nous laissera dans un marasme inacceptable. D’autant plus qu’avec son soi-disant projet social totalement finançable, Jean-Luc Mélenchon mène les Français en bateau. Le Trump français, c’est lui », fustige-t-elle. Paul, qui n’a pas voté depuis trente ans, va aussi se faire violence « pour faire barrage à la Nupes ». Le RN sera aussi l’objet de votes barrage comme en témoigne Mat, abstentionniste des législatives repenti : « Face au risque RN, j’irai voter malgré tout pour empêcher cela ».