SECOND TOURDes volontaires pour gouverner avec la courte majorité présidentielle ?

Résultats législatives 2022 : Des volontaires pour gouverner aux côtés de la (très) courte majorité présidentielle ?

SECOND TOURPlusieurs figures d'Ensemble ! ont déjà tenté d'amadouer les principaux partis d'opposition après le deuxième tour des élections législatives qui a vu la Nupes et RN engranger un nombre de sièges considérables à l'Assemblée nationale
Elisabeth Borne et Emmanuel Macron auraient souhaité compter sur un autre résultat au second tour des législatives.
Elisabeth Borne et Emmanuel Macron auraient souhaité compter sur un autre résultat au second tour des législatives.  - GONZALO FUENTES / POOL / AFP / bizdev
Julien Laloye

Julien Laloye

L'essentiel

  • La coalition présidentielle n’a pas réussi son pari d’obtenir la majorité absolue pour un second quinquennat, bloquée à moins de 230 sièges.
  • Un score qui oblige Ensemble ! à chercher des alliances parmi les trois forces d’opposition (Nupes, RN, LR).
  • Ces dernières ont pour l’instant adressé une fin de non-recevoir à la possibilité d’un pacte de gouvernement, même si le débat est (un peu) ouvert chez LR.

Une sacrée averse sur la nuque pour rafraîchir l’atmosphère caniculaire des derniers jours. La coalition présidentielle, qui espérait encore arracher une majorité absolue à l’Assemblée nationale, a fondu de moitié ou presque par rapport à 2017. Avec 220 sièges à peine en comptant ses alliés du Modem et d’Horizons, Ensemble ! se retrouve cerné sur sa gauche par la Nupes, qui, si elle a échoué dans sa quête de Matignon, accumule près de 150 députés prêts à batailler pied à pied sur chaque projet de loi, et sur sa droite par le RN, auteur d’une percée improbable même dans ses fantasmes les plus fous (89 sièges).

Une déconfiture qui s’accompagne de gros dégâts dans les troupes d’élite : exit Amélie de Montchalin, brève ministre de la Transition énergétique, exit Christophe Castaner, le patron du groupe LREM au Palais Bourbon, exit aussi Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale. Dit autrement, ça s’annonce coton pour gouverner avec un Parlement aussi hétéroclite, très IVe République dans l’esprit, et sans les tauliers macronistes du précédent quinquennat aux manettes. Une petite pensée pour Olivier Véran, qui pensait peut-être se la couler douce, après deux ans à incarner la crise du Covid. C’est raté pour le nouveau ministre des Relations avec le Parlement, qui a promis de « construire très vite une majorité pour qu’elle devienne absolue à l’Assemblée nationale », au moins sur les prochains projets de loi au programme (pouvoir d’achat, bouclier tarifaire), rejoignant « la main tendue » de la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire « à tous ceux qui voudront qu’on fasse avancer le pays ».

LR en force d’appoint ?

Mais qui va tendre l’autre main ? Sans surprise, Jean-Luc Mélenchon, qui n’a plus du tout envie de partir en retraite, n’y pense pas une seconde : « Il n’y a aucun clivage à dépasser avec nous, parce que nous ne sommes pas du même monde, nous n’avons pas les mêmes objectifs, les mêmes valeurs ». Le RN ? Marine le Pen évoque « une opposition ferme, sans connivence, mais responsable, respectueuse des institutions et toujours constructive », néanmoins elle se réjouit surtout « d’avoir fait d’Emmanuel Macron un président minoritaire ».

Alors évidemment, tout le monde voit gros comme une maison un mariage de raison avec LR, qui sur le fond des choses, n’aurait pas beaucoup de motifs de se faire prier après avoir sauvé les meubles sans plus dimanche soir (environ 80 sièges). C’est en tout cas le souhait de l’ancien patron de la droite Jean-François Copé, qui a appelé « à un pacte de gouvernement avec Macron afin de lutter contre les montées des extrêmes », aussitôt démenti par Christian Jacob, le boss actuel, qui préfère « rester dans l’opposition après avoir fait campagne dans l’opposition ».

Peu de volontaires, donc, mais entre les lignes une convergence de vues de celles qu’on ne dit pas à haute voix. En s’y mettant tous ensemble, les trois forces d’opposition peuvent menacer le gouvernement macroniste d’une motion de censure à tout moment, alors que l’usage du 49.3, désormais limité à un texte de loi par session, n’est plus une échappatoire auquel se raccrocher pour la majorité. Et encore, ça aurait pu être pire : Elisabeth Borne, la Première ministre choisie après des semaines d’hésitation par le président de la République, a été élue d’un cheveu dans la Calvados. Elle ne passera pas une bonne nuit pour autant.

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