SOLIDARITELe Russe Mouratov vend sa médaille Nobel au profit des enfants ukrainiens

Un prix Nobel de la paix russe vend sa médaille près de 100 millions d’euros pour les enfants ukrainiens

SOLIDARITEDmitri Mouratov, rédacteur en chef du journal d’investigation Novaïa Gazeta, a reçu le prix Nobel de la paix en 2021 aux côtés de la journaliste philippine Maria Ressa
Les deux lauréats du prix Nobel de la paix 2021 : Maria Ressa et Dmitri Mouratov.
Les deux lauréats du prix Nobel de la paix 2021 : Maria Ressa et Dmitri Mouratov.  - ISAAC LAWRENCE, YURI KADOBNOV / AFP / AFP
20 Minutes avec agences

20 Minutes avec agences

Un prix Nobel russe au secours des enfants déplacés par la guerre en Ukraine. Dmitri Mouratov, rédacteur en chef russe du journal d’investigation indépendant Novaïa Gazeta, a vendu ce lundi la médaille qu’il avait reçue en remportant le prestigieux prix en 2021.

L’objet a établi un nouveau record pour des enchères de ce genre : l’acheteur a déboursé 103,5 millions de dollars (environ 98 millions d’euros) pour se l’offrir. Cette somme sera reversée au programme de l'Unicef consacré aux enfants ukrainiens déplacés par le conflit, selon Heritage Auctions, qui s’est chargé de la vente.

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Pour l’Unicef qui n’appartient « à aucun gouvernement »

Dmitri Mouratov avait remporté le prix Nobel de la paix aux côtés de la journaliste philippine Maria Ressa, le comité les honorant « pour leurs efforts visant à préserver la liberté d’expression ». Il l’avait dédié à son journal Novaïa Gazeta et à ses collaborateurs « morts en défendant le droit des gens à la liberté d’expression ».

La vente, qui se déroulait à New York, a été très animée, ponctuée de nombreux applaudissements et stimulée par les enchérisseurs qui s’encourageaient les uns les autres pour tirer la vente vers le haut. La médaille a finalement été acquise par un enchérisseur dont l’identité n’a pas été dévoilée. Lorsque l’offre finale est tombée, augmentée de dizaines de millions de dollars par rapport à la précédente, la salle a été prise de stupéfaction, y compris Dmitri Mouratov lui-même. Son choix de l’Unicef comme bénéficiaire des fonds était motivé par le souci « essentiel pour nous que cette organisation n’appartienne à aucun gouvernement », mais puisse « travailler au-dessus », sans « frontières ».

Un journal réduit au silence par la guerre

Dmitri Mouratov fait partie des fondateurs du journal Novaïa Gazeta en 1993 après la chute de l’Union soviétique et en a dirigé la publication de façon quasi continue depuis. Connu notamment pour ses enquêtes sur la corruption et les atteintes aux droits humains en Tchétchénie, le tri-hebdomadaire est devenu cette année le dernier grand journal à critiquer le président Vladimir Poutine et ses tactiques à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

Novaïa Gazeta a annoncé fin mars suspendre ses publications en ligne et au format papier en Russie jusqu’à la fin de l’intervention en Ukraine, en plein durcissement du Kremlin contre les voix dissonantes. « Il n’y a pas d’autre solution. Pour nous, et, je le sais, pour vous, c’est une décision terrible et douloureuse. Mais il faut que nous nous protégions les uns les autres », avait alors écrit le prix Nobel dans une lettre adressée aux lecteurs du journal. Selon lui, sa rédaction avait poursuivi son travail pendant 34 jours « dans les conditions d’une censure militaire », depuis le lancement de l’offensive russe.

Le journal a déjà payé le prix fort pour son engagement : six de ses journalistes ou contributeurs ont été tués depuis les années 1990, dont la célèbre journaliste Anna Politkovskaïa, connue pour ses critiques de la guerre sanglante du Kremlin en Tchétchénie et assassinée le 7 octobre 2006. Les commanditaires de ce crime n’ont jamais été identifiés.

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« Nous devons aider les gens qui souffrent le plus »

Ebranlé par ce meurtre, Dmitri Mouratov avait envisagé de fermer le journal, qui lui semblait « dangereux pour la vie des gens », confiait-il en mars 2021 à l’AFP, mais avait décidé de continuer face à la détermination de sa rédaction. Lundi, il a salué la persévérance des journalistes, qui constituent un frein important pour les gouvernements et un moyen de prévenir la guerre. « Peu importe le nombre de fois où chacun d’entre nous veut rendre son préavis et démissionner, nous devons rester à notre poste », a-t-il déclaré à l’AFP.

Dans une vidéo publiée par Heritage Auctions, le journaliste déclare que gagner le prix Nobel « vous donne une opportunité d’être entendu ». « Le message le plus important aujourd’hui, c’est que les gens comprennent qu’un conflit se passe et que nous devons aider les gens qui souffrent le plus », a-t-il ajouté, désignant en particulier « les enfants dans les familles réfugiées ».