CHANTIERUn tuyau de 60 kilomètres pour arroser l’Ille-et-Vilaine en eau potable

Ille-et-Vilaine : Un tuyau de 60 kilomètres pour arroser Rennes en eau potable

CHANTIERLa troisième et dernière phase de la construction du projet Aqueduc Vilaine Atlantique démarre en Ille-et-Vilaine
Une fois assemblés, les 11.000 tuyaux bleus formeront un aqueduc long de 60 kilomètres entre Bains-sur-Oust et Rennes.
Une fois assemblés, les 11.000 tuyaux bleus formeront un aqueduc long de 60 kilomètres entre Bains-sur-Oust et Rennes.  - J. Gicquel / 20 Minutes / 20 Minutes
Jérôme Gicquel

Jérôme Gicquel

L'essentiel

  • La construction de l’Aqueduc Vilaine Atlantique démarre en Ille-et-Vilaine avec la réception des premiers tuyaux.
  • Le projet vise à sécuriser l’alimentation d’eau potable dans le département où les ressources s’épuisent.
  • L’association Eaux et Rivières de Bretagne dénonce « un projet inutile », estimant qu’il faudrait mieux investir dans la protection de la ressource.

Le convoi stationné en gare de la Brohinière, à une demi-heure à l’ouest de Rennes, est impressionnant. Partis de l’usine sidérurgique Saint-Gobain PAM de Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), 405 tuyaux bleus en fonte viennent de rejoindre à bord d’un train de quinze wagons la Bretagne, leur destination finale. Une scène qui est amenée à se reproduire chaque semaine jusqu’en janvier avec un train qui déchargera la même quantité de tuyaux sur cette plateforme de ferroutage. Une fois assemblés, ces 11.000 cylindres formeront d’ici 2024 un long tunnel de 60 kilomètres reliant Bains-sur-Oust, au sud-ouest de l’Ille-et-Vilaine, à Rennes.

Vieux serpent de mer, le projet Aqueduc Vilaine Atlantique pourra alors entrer en service plus d’une dizaine d’années après les premiers travaux. Il vise à relier par une canalisation de 90 kilomètres enfouie sous terre les deux plus grosses usines d’eau potable de Bretagne, celle de Férel alimentée par le barrage d’Arzal dans le Morbihan et celle de Villejean à Rennes.

« Sécuriser l’alimentation en eau potable en Ille-et-Vilaine »

Alors que la ressource en eau s’épuise en Bretagne, un phénomène encore accentué cette année par la sécheresse précoce, l’aqueduc doit permettre de « sécuriser l’alimentation en eau potable en Ille-et-Vilaine », précise Joseph Boivent, président du Syndicat mixte de gestion de l’eau potable d’Ille-et-Vilaine (SMG 35). L’enjeu est de taille quand on sait que le département gagne chaque année environ 10.000 habitants, faisant ainsi grimper la consommation d’eau. Dans le même temps, les ressources se fragilisent. Avec seulement 3 % des masses d’eau considérées comme « de bonne qualité écologique », difficile en effet de trouver des endroits pour prélever de l’eau en Ille-et-Vilaine.

L’aqueduc va donc permettre au département de s’approvisionner chez son voisin morbihannais qui pourra lui fournir « un volume d’eau potable supplémentaire de 7 millions de m³ par an, soit 15 % des besoins en eau actuels du département », précise le SMG 35. « Mais cela fonctionne dans les deux sens, précise Joseph Boivent. L’eau d’Ille-et-Vilaine permettra aussi de faire face aux pics de consommation que l’on enregistre chaque été sur la côte Atlantique ».

« Une solution palliative », selon les écologistes

Alors que la troisième et dernière phase démarre, l’aqueduc étant déjà construit côté Morbihan, le projet continue toujours de contrarier les militants écologistes qui dénoncent « un grand projet inutile ». « Ce n’est qu’une solution palliative, estime Pauline Pennober d’Eau et Rivières de Bretagne. Plutôt que d’investir dans un tel projet, il faudrait réorienter les financements vers la protection de la ressource en eau et le renouvellement des réseaux d’eau potable qui sont très vieillissants ».

L’association pointe également les lacunes des études d’impact environnemental du futur aqueduc. En décembre, le tribunal administratif de Rennes lui avait d’ailleurs donné raison, estimant que l’étude d’impact n’avait pas été menée dans sa globalité. Une décision qui n’a pas pour autant bloqué le chantier, déclaré d’utilité publique par le préfet. « Nous allons poursuivre les études manquantes et les fournirons comme cela est prévu d’ici 2024 », indique Antoine Deconchy, directeur du SMG 35.