BIODIVERSITÉA Strasbourg, un jardin « de fainéants » afin de « changer les pratiques »

Strasbourg : La ville crée un jardin « de fainéants » afin de « faire changer les pratiques »

BIODIVERSITÉLa mairie de la capitale alsacienne a mis en place un jardin témoin. Le but ? « Attiser la curiosité afin d'accompagner la transition que l'on souhaite », selon un élu
Marie Schwartz va bientôt pouvoir récolter ce chou !
Marie Schwartz va bientôt pouvoir récolter ce chou ! - T. Gagnepain / 20 Minutes / 20 Minutes
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Un jardin « A-VENIR » a été inauguré dans l’un des nombreux lotissements de jardins familiaux de Strasbourg.
  • Il a pour objectif de montrer qu’il est possible de jardiner autrement. Avec moins d’eau notamment.
  • « Sur plein de sujets, on laisse faire les auxiliaires que sont notamment les insectes et on en fait, nous, le moins possible », résume un adjoint de la ville.

Plusieurs tournesols déjà hauts, des tomates, des choux ici et là… Cette parcelle n°7704 ne ressemble vraiment pas aux autres jardins familiaux de l’Ameisenkoepfel, dans le quartier de la Robertsau, à Strasbourg. Ça tombe bien, c’est l’objectif !

Ici, sur une petite centaine de mètres carrés, la ville tente une expérience depuis quelques mois. Un jardin témoin, appelé à dessein « A-VENIR », a été installé sur cette ancienne zone de parking. Le but ? « Attiser la curiosité afin d’accompagner la transition que l’on souhaite », répond l’adjoint à la maire écologiste de Strasbourg, Hervé Polesi. « Il demande moins d’effort, moins d’entretien, moins d’eau, est plus résilient, etc. C’est un jardin de fainéants », s’amuse l’élu.

« Le jardinage, c’est une bonne plante au bon endroit et ça marche »

Son occupante confirme. Marie Schwartz a déjà récolté des courgettes, des fraises, des pommes de terre, des salades, le tout sans grands efforts. « Je viens une heure tous les deux jours environ », estime-t-elle sans se considérer comme ayant la main verte. « De toute façon, ça n’existe pas la main verte. Le jardinage, c’est une bonne plante au bon endroit et ça marche », coupe Phlippe Ludwig, qui intervient pour l’eurométropole.

Philippe Ludwig montre ce tas de graviers et sable, où poussent notamment du thym. « C'est un ilot pour les polinisateurs », explique le spécialiste.
Philippe Ludwig montre ce tas de graviers et sable, où poussent notamment du thym. « C'est un ilot pour les polinisateurs », explique le spécialiste. - T. Gagnepain / 20 Minutes

C’est lui, avec Emeline Baal, qui a dessiné cet espace témoin. Que peut-on y voir ? Dès l’entrée, un épais tas de graviers et sable sur lesquels prospère du thym, des œillets, du thym, des hysopes etc. « C’est un îlot pour attirer les pollinisateurs. Ils vont venir ici et ensuite se diriger vers les tomates ou les courgettes par exemple. C’est un peu le restaurant des insectes », détaille le spécialiste, avant de passer à la suite.

« On laisse faire les auxiliaires »

Ici, un chou pousse dans différentes couches de matières organiques. « Ce sont des déchets verts, même si je n’aime pas le terme, qu’on a mis selon la technique dite des lasagnes », justifie-t-il. Là, une « butte de permaculture » a été installée, avec du bois mort enfoui. Encore ici, une petite marre creusée, sans oublier ces orties laissées ou ces zones à peine fauchées… Impensable dans un jardin plus classique où la moindre herbe de travers jugée inutile est retirée.

« Sur plein de sujets, on laisse faire les auxiliaires que sont notamment les insectes et on en fait, nous, le moins possible », résume Hervé Polesi. « Il y a plein de choses de la nature qui sont bien faites et s’autorégulent », prolonge Phlippe Ludwig en espérant que ses méthodes inspirent des voisins.

A entendre les curieux hier, ce n’est pas gagné ! « On essaie de distiller des conseils doucement et cet endroit est justement fait pour prouver que ça marche. Deux autres suivront dans d’autres lotissements à Strasbourg », promet l’adjoint à la tête des presque 5.000 jardins familiaux de la capitale alsacienne. Sans se faire trop d’illusion sur l’impact immédiat de ces parcelles témoins. « Le jardinage se fait dans un temps long. Les changements de pratique s’inscrivent dans la même temporalité. »