AVIATIONBoeing remet les gaz pour sortir de sa plus grande crise économique

Après le Covid-19 et les accidents du 737 MAX, Boeing remet les gaz pour sortir de sa plus grande crise

AVIATIONPas encore remis de la pandémie et de ses propres tourments, le groupe affiche une santé chancelante
Un Boeing 737 d'United Airlines décolle de l'aéroport international de Los Angeles (LAX) à Los Angeles le 16 juin 2022.
Un Boeing 737 d'United Airlines décolle de l'aéroport international de Los Angeles (LAX) à Los Angeles le 16 juin 2022. - Daniel SLIM / AFP / AFP
Marie De Fournas

Marie De Fournas

Alors que débute ce lundi le salon aéronautique de Farnborough au Royaume-Uni, Boeing tente une nouvelle impulsion pour se dépêtrer de la crise historique qu’il traverse. Attendu sur des annonces de nouvelles commandes commerciales, Boeing va aussi présenter plusieurs avions dont le MAX 10, dernière et plus grande version de son modèle phare.

Après les accidents du 737 MAX, le groupe compte prouver que les déboires de son moyen-courrier sont derrière lui. Cet appareil a été cloué au sol pendant vingt mois, de mars 2019 à décembre 2020, après deux crashs mortels d’une autre variante du MAX. « La plus difficile de nos crises est gérée efficacement. Ce n’est pas fini », mais le constructeur remet ses avions MAX « en service pour [ses] clients », indique le directeur général de Boeing, Dave Calhoun, dans un entretien au FT paru lundi.

Le sort du MAX 10 en suspens

Depuis le retour dans le ciel du MAX, Boeing s’est efforcé de faire amende honorable auprès des autorités américaines et des régulateurs, reconnaissant partiellement sa responsabilité dans les accidents et versant plusieurs milliards de dollars pour solder des poursuites. « Sur le MAX, on a passé le cap », résume Michel Merluzeau du cabinet spécialisé AIR qui estime toutefois qu'« il reste pas mal de questions à résoudre du côté des fournisseurs », liées aux problèmes de la chaîne d’approvisionnement mondiale, aux pénuries de personnel et à la crise ukrainienne. « On sera limité par les problèmes d’approvisionnement pendant un moment », a reconnu dimanche Stan Deal, président de la division commerciale de Boeing.

Le sort du MAX 10 est également entre les mains du Congrès américain, qui doit décider d’ici à fin décembre d’accorder ou non une exemption à une loi imposant de nouvelles normes pour le système d’alerte de l’équipage. Une absence de certification impliquerait des formations supplémentaires pour les pilotes, rendant le modèle plus coûteux pour les compagnies, qui pourraient s’en détourner.

Une dette de 58 milliards de dollars

Sur le marché des gros-porteurs, la plupart des livraisons du 787 Dreamliner sont gelées depuis que des vices de fabrication ont été découverts à l’été 2020. Quant à la future version du 777, le 777X, sa certification a de nouveau été repoussée à 2025 pour satisfaire à des exigences réglementaires. « Quand on ne produit pas, c’est difficile d’obtenir des commandes », a souligné Stan Deal à propos du 787. Avec 51 avions livrés en juin (dont 43 MAX), Boeing a malgré tout réalisé son meilleur mois depuis mars 2019.

Pas encore remis de la pandémie et de ses propres tourments, le groupe affiche une santé chancelante. Il a accumulé les charges au premier trimestre (guerre en Ukraine, renégociation du contrat de l’avion présidentiel Air Force One, etc.) et sa dette s’élevait fin mars à près de 58 milliards de dollars.

« Financièrement, l’entreprise n’est pas dans un risque existentiel », rassure Michel Merluzeau, qui estime que certains programmes, notamment dans le secteur de la défense, seront rentables sur le long terme. C’est, selon l’expert, le cas du ravitailleur militaire KC-46 ou du MQ-25, futur drone ravitailleur de la Marine américaine. Boeing a également des ambitions dans la conquête spatiale. Sa capsule Starliner, qui doit transporter les astronautes de la Nasa vers la Station spatiale internationale, a réussi fin mai un test clef après moult péripéties, mais fait face à SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk.