REPORTAGEAu bord du bassin d'Arcachon, les vacanciers fuient les flammes

Incendies en Gironde : « On est parti en laissant toutes nos affaires »... Le cœur serré, riverains et vacanciers fuient les flammes de la Teste-de-Buch

REPORTAGECe lundi était annoncé comme la pire journée sur le front des incendies qui sévissent en Gironde. A la Teste-de-Buch, l’exode s’est déroulé dans une certaine confusion
Les deux gigantesques feux qui ravagent depuis sept jours la Gironde ont brûlé 14.000 hectares de végétation, allant même jusqu'à l'océan, selon le dernier bilan des autorités ce lundi, a l'aube d'une des plus difficiles journées en raison des records de chaleur attendus.
Les deux gigantesques feux qui ravagent depuis sept jours la Gironde ont brûlé 14.000 hectares de végétation, allant même jusqu'à l'océan, selon le dernier bilan des autorités ce lundi, a l'aube d'une des plus difficiles journées en raison des records de chaleur attendus. - Mathys Nicolas/ZEPPELIN/SIPA / SIPA
Richard Monteil

Richard Monteil

L'essentiel

  • Depuis sept jours, les incendies monstres de la Teste-de-Buch et de Landiras ravagent la Gironde.
  • A La Teste-de-Buch, 8.000 personnes ont été évacuées ce lundi, journée noire sur le front des feux en raison de conditions météorologiques défavorables.
  • En Gironde, 15.000 hectares de végétation et la quasi-totalité des campings du Pilat ont brûlé. En une journée, 16.000 personnes ont été déplacées, l’équivalent des sept jours précédents, ce qui porte le nombre total d’évacués à 32.000.
  • Un suspect a été interpellé dans l’enquête sur l’incendie de Landiras, a annoncé le parquet de Bordeaux ce lundi soir.

De notre envoyé spécial à La Teste-de-Buch,

Dominique et Michel sont abasourdis. Ouvriers à la retraite, ils ont quitté Champigny (Ile-de-France) samedi pour passer quelques jours à la Teste-de-Buch, en Gironde, dans une petite maison louée à deux pas de la dune du Pilat, derrière laquelle depuis plus d'une semaine, la forêt s’embrase.

Deux quartiers – le Pyla-sur-Mer et les Miquelots – ont été évacués ce lundi dans la journée. Dominique et Michel ont été prévenus par téléphone, puis par le gardien de leur résidence. « On nous a dit de partir, alors on est parti en laissant toutes nos affaires », raconte Dominique.

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Son mari et elle espéraient retrouver leur logis le soir même. Ils n’en feront rien et dormiront sur des lits de camp au Parc des expositions de La Teste, vaste hangar où s’activent services municipaux, bénévoles de La Croix Rouge et autres acteurs solidaires impliqués dans la prise en charge des évacués.

Des personnes évacuées des abords du bassin d'Arcachon ont pu toruver refuge au parc des expositions de La Teste
Des personnes évacuées des abords du bassin d'Arcachon ont pu toruver refuge au parc des expositions de La Teste - Richard Monteil

« 90 % des cinq campings » du secteur brûlés

Au bord du bassin d’Arcachon, cet après-midi d’exode a concerné 8.000 personnes. « Évacuation immédiate en direction d’Arcachon. Pensez à prendre vos animaux de compagnie », scandent les policiers dans leur mégaphone, qui passent de maison en maison pour informer les habitants. Ils tentent de les rassurer au milieu de cette situation est confuse et la chaleur écrasante

Une opération « préventive », comme l’a rappelé la préfète de Gironde, Fabienne Buccio, lors d’un point de situation à 18h30. A ce stade, aucune victime n'est à déplorer, deux maisons ont brûlé et « 90 % des cinq campings » du secteur, dont le célèbre « camping des Flots bleus », sont partis en fumée, malgré les efforts des pompiers. Le bruit des bonbonnes de gaz abandonnées sur place et explosant les unes après les autres a ponctué la fuite des riverains.

Ce décompte demeure relativement positif, selon la préfète, à l’aune des 4.600 hectares calcinés. Mais Fabienne Buccio assume son pessimisme. Elle met en garde : « Nous ferons le maximum pour contenir l’incendie, mais ce bilan provisoire favorable risque de ne pas être maintenu », l’incendie étant loin d’être maîtrisé, malgré les efforts de plus d’un millier de pompiers, dont 650 mobilisés en permanence. « Le repos se fait rare », confie le chef des pompiers de Gironde.

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Une lutte dans des conditions météo extrêmes

Le travail des soldats du feu se complique jour après jour. Les températures n’ont cessé d’augmenter depuis le premier jour des feux en Gironde. En fin de semaine dernière, l’affrontement entre les flammes et les pompiers atteignait son paroxysme, aux heures les plus chaudes, quand la brise se lève. Mais ce lundi, la bascule critique a été atteinte dès la mi-journée, avec des pics de chaleur dépassant les 40°C et un vent tournant sans cesse, rendant imprévisible la progression du brasier.

A La Teste, les opérations sont coordonnées depuis un point de contrôle installé sur le parking du zoo
A La Teste, les opérations sont coordonnées depuis un point de contrôle installé sur le parking du zoo - Richard Monteil

En pleine crise, les réfugiés s’organisent sans savoir combien de temps le feu les empêchera de rentrer chez eux. Emilie a pris la route en début d’après-midi, à bord d’une voiture remplie de six enfants. Direction Rocamadour, dans le Lot, sous un soleil de plomb. D’autres rentrent moins loin, mais s’inquiètent pour leur maison laissée derrière eux, comme Mario qui s’est pressé de harnacher ses vélos à l’arrière de son véhicule avant de repartir pour Mérignac, à côté de Bordeaux.

La Teste en alerte

La majorité des personnes évacuées – dont Patrick Davet, le maire de La Teste – semble avoir trouvé des solutions pour se mettre à l’abri chez des proches ou dans des hôtels pas encore complets malgré la haute saison qui battait jusqu’alors son plein. Le téléphone de Séverine, qui vit ici à l’année, n’a cessé de sonner tout au long de l’après-midi. Des appels d’amis géographiquement éloignés et inquiets pour elle, d’autres passés par des proches en quête d’hospitalité de crise. La Testerine a donc ouvert ses portes pour permettre à ceux qui l’ont sollicité de venir chez elle.

Mario se prépare a quitter son lotissement situé au Pyla-sur-mer, pour aller se réfugier à Mérignac.
Mario se prépare a quitter son lotissement situé au Pyla-sur-mer, pour aller se réfugier à Mérignac. - Richard Monteil

Le refuge du Parc des expositions était ainsi bien vide, ce lundi soir, accueillant quelques touristes loin de chez eux, comme Dominique et Michel, mais aussi et surtout des personnes âgées isolées, assises en silence, le regard vide.

Vers 22 heures, le soleil s’est enfin couché à l’ombre de l’épais panache de fumée qui encombre le ciel du bassin d’Arcachon. Le feu progresse encore, et dans les rues de La Teste où l’ordre d’évacuer n’a pas été donné pour le moment, les familles discutent sur le trottoir et remplissent les coffres des voitures avec leurs valises, prêtes à partir si les flammes venaient à les menacer au lendemain d’une nuit qui ne saurait être tranquille.