USINE A GAZLes efforts de l’UE insuffisants pour tenir l’hiver sans gaz russe

Guerre en Ukraine : Les efforts de l’UE insuffisants pour tenir l’hiver sans gaz russe, selon l’AIE

USINE A GAZL’Union européenne ne peut se contenter de diversifier ses approvisionnements, elle devra aussi diminuer sa consommation de gaz
Au terminal gazier de Werne, en Allemagne. (illustration)
Au terminal gazier de Werne, en Allemagne. (illustration) - INA FASSBENDER / AFP / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Diversifier les fournisseurs ne suffira pas : l’Union européenne va devoir réduire plus rapidement qu’aujourd’hui sa demande de gaz pour constituer ses stocks, si elle veut tenir l’hiver sans gaz russe, a prévenu lundi le directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), « inquiet pour les mois qui viennent ». « Il ne faut pas juste compter sur les ressources gazières non-russes : celles-ci ne vont tout simplement pas suffire en volume pour remplacer les livraisons de Russie », souligne Fatih Birol, dans un article publié par son organisation.

« Et ce même si l’offre de Norvège et d’Azerbaïdjan afflue à capacités maximum, même si les livraisons d’Afrique du Nord approchent leur niveau de l’an dernier, et même si la croissance des flux de GNL garde son rythme du premier semestre ». Moscou a déjà commencé à fermer le robinet et les Européens craignent une rupture totale des livraisons en réaction aux sanctions prises contre l’invasion de l’Ukraine. Pour Fatih Birol, c’est « une alerte rouge » pour l’UE. L’économiste constate « des progrès » pour s’affranchir de la dépendance russe, « mais pas assez, surtout du côté de la demande, pour éviter que l’Europe ne se retrouve aujourd’hui dans une situation incroyablement précaire ».

Situation compliquée si Nord Stream ne redémarre pas

Selon une analyse de l’AIE, le continent devrait stocker dans les trois mois 12 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires (de quoi remplir 130 méthaniers de GNL), pour se mettre à l’abri avec des stocks remplis à 90 %. Mais cela suppose aussi que le gazoduc Nord Stream, principale voie de livraison par la mer Baltique et actuellement en maintenance, soit bien relancé par les Russes jeudi 21 juillet, et ce jusqu’à début octobre. S’il ne l’était pas, la situation serait encore plus compliquée. Or « on ne peut écarter un arrêt complet », dit Fatih Birol.

Face à cela, l’AIE préconise en urgence des mesures telles que des systèmes d’enchère pour la vente de gaz aux industriels, privilégier temporairement d’autres sources d’électricité y compris charbon ou pétrole, ou encore lisser les pics de consommation en gaz et électricité via une coordination européenne accrue. La demande électrique peut être réduite en fixant des normes dans la climatisation par exemple, bâtiments publics en tête, ajoute Fatih Birol, qui appelle les « gouvernements à préparer les populations » via des campagnes, car « chaque action compte. Des gestes simples comme baisser le chauffage de quelques degrés peut économiser la même quantité de gaz que celle fournie par Nord Stream sur un hiver ».