REPORTAGE« On souffle un petit peu », témoigne un pompier luttant en Gironde

Incendies en Gironde : « On souffle un petit peu, ça fait du bien au moral », témoigne un pompier sur le terrain

REPORTAGELes incendies en Gironde, à La Teste-de-Buch et Landiras, ne sont pas encore fixés ni maîtrisés mais leur progression a été très ralentie par les pompiers
Le lieutenant Jean-Paul Vallette fait partie d'une colonne d'Île de France appelée en renfort en Gironde.
Le lieutenant Jean-Paul Vallette fait partie d'une colonne d'Île de France appelée en renfort en Gironde.  - E.Provenzano / 20 Minutes / 20 Minutes
Elsa Provenzano, avec R.M.

Elsa Provenzano, avec R.M.

L'essentiel

  • La baisse de l’intensité des incendies en Gironde donne un peu de répit aux pompiers, mobilisés depuis huit jours dans une lutte compliquée.
  • 20 Minutes a suivi le travail d’une colonne venue d’Île-de-France qui veille à éviter toute reprise de feu dans les secteurs à risque.
  • Le lieutenant Jean-Paul Vallette estime que c’est une accalmie qui arrive à temps car les effectifs sont fatigués.

De notre envoyée spéciale à Landiras et Louchats,

Les mines sont un peu moins graves même si personne ne crie victoire. Depuis le 12 juillet, les pompiers de la Gironde, appuyés par des sapeurs venus de toute la France, luttent jour et nuit sans relâche contre deux incendies particulièrement virulents qui ont déjà dévoré près de 21.000 hectares de forêts de pins. Quelque 2.000 pompiers sont mobilisés sur ces feux d’une ampleur nouvelle.

Un détachement de la colonne Ile-de-France est par exemple arrivé en renfort dans la nuit du 13 au 14 juillet sous le commandement du lieutenant Jean-Paul Vallette qui a quatre véhicules sous sa responsabilité. Ce mercredi, la compagnie traque la moindre reprise de feu dans le secteur de Landiras, dans le Sud-Gironde, soucieuse de ne pas perdre l’avantage alors que pour la première fois depuis huit jours, l'intensité du brasier est à la baisse.

Les pompiers interviennent sur chaque reprise de feu pour éviter toute propagation.
Les pompiers interviennent sur chaque reprise de feu pour éviter toute propagation.  - E.Provenzano / 20 Minutes

Dans ce secteur où plus de 13.000 hectares sont partis en fumée à mesure qu’on se rapproche du cœur de l’incendie, c’est un paysage sinistré qui s’impose. Les pins sont calcinés mais encore debout sur des hectares, la cendre a remplacé le sable à leurs pieds. Le tout donne une allure lugubre à ces forêts. « On est prépositionnés sur des secteurs à risque, et dès qu’il y a un départ de feu, cela nous permet d’intervenir très vite et d’éviter une propagation et de protéger les habitations, ce qui reste la priorité de la mission des sapeurs pompiers », explique le lieutenant Jean-Paul Vallette. Plusieurs communes alentour ont été évacuées, et en les traversant, on sent que leurs occupants sont partis précipitamment, prenant soin de fermer les volets mais laissant par exemple les jouets des enfants étalés dans le jardin. Le temps y semble suspendu.

« On en avait besoin, c’est arrivé à temps »

On arrive aux côtés des pompiers dans un secteur de Louchats, à 15 km de Landiras, où une fumée grise épaisse s’échappe du sol. « On est affecté à un secteur géographique et on prépositionne les véhicules détaille le lieutenant. On intervient même quand il n’y a pas de feu car cela peut aller très vite, en fonction de la position des fumerolles [petit panache de vapeur sortant de terre]. S’il s’agit d’une fumerolle dans le vert et proche d’une habitation, on intervient très rapidement. »

Les pompiers veillent à intervenir sur chaque reprise de feu dans les secteurs à risque.
Les pompiers veillent à intervenir sur chaque reprise de feu dans les secteurs à risque.  - E.Provenzano / 20 Minutes

Il confirme un début d’accalmie liée notamment à une perte de dix degrés en 24 heures. « C’est ce qui fait qu’on arrive un petit peu à fixer le feu, estime-t-il. On souffle un petit peu, ça fait du bien au moral et à l’organisme. On en avait besoin, c’est arrivé à temps. » Le rythme est très soutenu pour les pompiers qui peuvent prendre des temps de repos « assez limités » à Louchats dont la salle polyvalente a par exemple été aménagée pour eux. On y aperçoit des petits groupes assis dans des sièges pliants qui prennent un peu de repos et se restaurent.​

A La Teste-de-Buch, Sébastien Castel, commandant adjoint des pompiers de Gironde, loue la venue de pompiers de toute la France pour les aider. « Les collègues venus prêter main forte se rangent derrière l’objectif commun, les appels au renfort ont trouvé réponse dans des délais très court ». « On est descendus pour donner un coup de main aux collègues de la Gironde, c’est avec grand plaisir qu’on le fait. Mais, cela implique une intensité de travail assez importante », résume le lieutenant Jean-Paul Vallette.


Notre dossier Incendies en Gironde

Les pompiers se gardent bien de crier victoire et continuent leur veille, un travail de fourmi sur cet immense massif forestier. « Un territoire unique au monde pour lequel les girondins ont un attachement féroce », souligne Sébastien Castel. En deux heures mercredi après-midi, ils sont intervenus à quatre reprises sur le seul secteur qui leur a été attribué.