CHANGEMENT CLIMATIQUEFace à la sécheresse, quel plan d’action pour rétablir le cycle de l’eau ?

Hauts-de-France : Sécheresse et nappes souterraines au plus bas, quel plan d’action pour rétablir le cycle de l’eau ?

CHANGEMENT CLIMATIQUEDepuis 2017, la région Hauts-de-France est confrontée à des problèmes de déficits pluviométriques
Illustration de la sécheresse.
Illustration de la sécheresse.  - M.LIBERT/20 MINUTES / Pixpalace
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • Depuis 2017, la tension sur les ressources en eau ne cesse de préoccuper les autorités des Hauts-de-France.
  • Un nouveau plan de résilience vient d’être lancé et 27 millions supplémentaires ont été mis sur la table de l’agence de l’eau Artois-Picardie.
  • Il s’agit de mettre en place en urgence des solutions liées au changement climatique.

Alerte sécheresse ! La région Hauts-de-France n’était guère habituée à entendre ce genre de message. Or, depuis plusieurs années, la tension sur les ressources en eau ne cesse de préoccuper les autorités, au point qu’un nouveau plan de résilience vient d’être lancé. Mais cette fois, résilience semble rimer avec urgence et 27 millions supplémentaires ont été mis sur la table de l’agence de l’eau Artois-Picardie pour mettre en place des solutions. Seront-elles pérennes ?

La région ne va pas devenir, du jour au lendemain, le bassin de poussière (Dust Bowl) qui avait provoqué une catastrophe écologique dans les grandes plaines américaines au cours des années 1930, mais au fil des ans, le grand cycle de l’eau se transforme en véritable cercle vicieux.

Un problème de quantité d’eau

« Il y a un problème de quantité d’eau dans la région, notamment dans le triangle Lille-Lens-Douai où la tension risque de se faire sentir à court terme, mais les politiques mises en place vont dans le bon sens », rassure l’agence de l’eau Artois-Picardie, gestionnaire de l’eau potable dans la région. De fait, à la mission d’améliorer la qualité du réseau d’approvisionnement d’eau s’adjoint de plus en plus celle de la protéger coûte que coûte.

Depuis quelques années, l’Agence doit notamment mettre un coup d’accélérateur pour favoriser la recharge des nappes souterraines, le nerf de la guerre. L’an dernier, après un été particulièrement pluvieux, le niveau des nappes était considéré comme globalement « normal ». En ce début d’été, il est déjà redevenu préoccupant.

Car depuis 2017, le déficit de pluviométrie est criant, d’autant que « l’hiver 2021-22 a été l’un des plus doux depuis 1947 », selon la direction de l’environnement (Dreal). « Il a été marqué par une pluviométrie tout juste suffisante permettant une recharge correcte des nappes sur une majeure partie du territoire », précise-t-elle. Depuis, la situation s’est singulièrement gâtée.

Des bassins en alerte sécheresse

« Depuis le mois de mars, la météo s’est montrée clémente, avec des températures supérieures à la moyenne, un ensoleillement très marqué ainsi qu’une pluviométrie très faible. Cette tendance s’est accentuée durant les dernières semaines, aggravant la sécheresse des sols et la baisse des débits des cours d’eau », annonce la Dreal.

Résultat, en juin, les bassins de l’Yser et de la Sambre ont été placés en alerte sécheresse. En juillet, ce sont ceux du Boulonnais et de l’Audomarois ainsi que le delta de l’Aa qui ont pris le relais. Avec un lot de restrictions d’usage de l’eau récréatif et non essentiel qui commence à entrer dans les habitudes.

En cause, le changement climatique, admet l’agence de l’eau. Le constat n’évolue pas d’un iota : températures élevées, déficit pluviométrique persistant, niveau régulièrement bas des nappes phréatiques et diminution des débits des cours d’eau. D’où la mise en place du plan résilience.

Désimperméabiliser les zones d’activités

Face à la sécheresse des sols qui s’aggrave, l’agence de l’eau va devoir lutter contre le ruissellement et l’érosion des sols liés à l’agriculture intensive. Parmi les mesures concrètes qui doivent être mises en place figure aussi la préservation des prairies, des bocages et des zones humides et « l’accélération de la désimperméabilisation des zones d’activités », c’est-à-dire faire disparaître le béton.


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Par ailleurs, un plan à six ans a été décidé pour « tripler le rythme d’amélioration de l’état des cours d’eau ». L’heure est-elle si grave ? De plans de relance en plans de reprise, les risques sécheresse de plus en plus prégnants semblent pris en compte par les autorités qui cherchent des solutions pour, comme l’avoue l’agence de l’eau, « s’adapter au changement climatique​ ».