FAKE OFFUne épidémie de syphilis en France ? C’est faux

Non, la France n’est pas frappée par une épidémie de syphilis

FAKE OFFLes cas de syphilis ont nettement augmenté en France sur la dernière décennie, mais les autorités sanitaires ne parlent pas d’épidémie
Visage en cire représentant un homme âgé de 25 ans atteint de syphilis au musée d'anatomie d'Orfila-Rouvière.
Visage en cire représentant un homme âgé de 25 ans atteint de syphilis au musée d'anatomie d'Orfila-Rouvière. - JOEL SAGET / AFP / AFP
Romarik Le Dourneuf

Romarik Le Dourneuf

L'essentiel

  • Sur les réseaux sociaux et messageries, certains internautes multiplient les alertes au sujet d’un retour de la syphilis en France et d’une possible nouvelle épidémie.
  • Disparue d’une grande partie de la surface du globe à la fin du XXe siècle, cette maladie a connu un nouvel essor depuis, en grande partie à cause de la désaffection des jeunes pour le préservatif.
  • Si le nombre de cas a augmenté, cette progression s’est stabilisée ces dernières années et Santé Publique France estime « exagéré » de parler d’épidémie.

Après le Covid-19 et la variole du singe, la syphilis ? C’est ce que suggèrent de nombreux internautes sur les réseaux sociaux, et surtout sur certaines messageries comme Telegram.

Exemple de messages diffusés alertant sur le retour de la Syphilis.
Exemple de messages diffusés alertant sur le retour de la Syphilis. - Capture d'écran

Alors que beaucoup croyaient cette maladie éradiquée depuis le XXe siècle, certains avancent qu’une nouvelle épidémie aurait déjà commencé. 20 Minutes fait le point.

FAKE OFF

La syphilis est une infection bactérienne sexuellement transmissible très contagieuse. Elle est causée par une bactérie, nommée Treponema pallidu, qui se transmet donc par voie sexuelle, mais également de la mère à l’enfant durant la grossesse. Le dépistage se fait par une prise de sang.

La première épidémie liée à cette infection a été décrite à la fin du XVe siècle lors de l’invasion de l’Italie par Charles VIII. Chaque partie rejetant la faute sur l’adversaire, elle a été surnommée « le Mal Français » par nos voisins italiens, et le « Mal de Naples » par les soldats français.

La maladie, qui a fait de très nombreuses victimes jusqu’au début du XXe siècle, a peu à peu disparu de France grâce aux traitements antibiotiques jusqu’à devenir rarissime dans nos frontières. En revanche, elle n’a jamais été éradiquée totalement du globe.

Plus de dépistages, plus de cas détectés

Contactée par 20 Minutes, Santé Publique France tient à éviter la psychose. La syphilis n’inquiète pas les autorités outre mesure. Si le nombre de cas détectés a certes augmenté ces dernières années, c’est aussi en raison d’une hausse du nombre de dépistages depuis 2012.

Selon le dernier rapport sur le sujet de Santé Publique France, publié en décembre 2021, sur les 2,57 millions de personnes de plus de 15 ans testées dans les secteurs privés et dans les Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) en 2020, 2.500 cas de syphilis ont été diagnostiqués. Un chiffre en baisse de 18 % par rapport à 2019.

Le rapport précise que cette diminution « étant moindre que la diminution du nombre de dépistages de syphilis en CeGIDD, le taux de positivité est passé de 1,2 % en 2019 à 1,4 % en 2020 ».


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« Exagéré de parler d’épidémie »

Territorialement, ce sont les départements d’Outre-mer qui présentent le taux de positivité le plus important. Selon un autre rapport de Santé Publique France, 61 % des personnes diagnostiquées en CeGIDD sont des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, ce qui en fait la population la plus concernée par ces infections.

Si les hétérosexuels sont moins touchés, leur nombre est toutefois en progression selon l'Assurance maladie, qui ajoute que les travailleurs et travailleuses du sexe et les personnes ayant eu des rapports sexuels avec des personnes provenant de pays où la maladie est endémique sont particulièrement exposées.

Après administration des antibiotiques, la syphilis disparaît rapidement mais, ne s’agissant pas d’un virus, un malade guéri peut être de nouveau contaminé par la bactérie. Ainsi, si la maladie reste surveillée par les autorités sanitaires, au même titre que d’autres MST, il est « exagéré » de parler d’épidémie.