RECAP'Pékin sort son « livre blanc » sur Taïwan quand Londres voit rouge

Tensions à Taïwan : Pékin sort son « livre blanc » quand Londres voit rouge

RECAP'Ce mercredi 10 août, « 20 Minutes » fait le point du jour sur la crise ravivée par la venue de l’américaine Nancy Pelosi à Taïwan
Des pointes anti-débarquement placées sur l'île Kinmen, qui se trouvent à seulement 3,2 km de la côte de la Chine continentale, le 10 août 2022.
Des pointes anti-débarquement placées sur l'île Kinmen, qui se trouvent à seulement 3,2 km de la côte de la Chine continentale, le 10 août 2022. - Sam Yeh / AFP
Marion Pignot

M.P. avec AFP

L'essentiel

  • La Chine estime que Taïwan, peuplée d’environ 23 millions d’habitants, est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949).
  • Opposé à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d’autres pays. Alors même si des responsables américains se rendent fréquemment dans cette île, la Chine a jugé que la visite le 4 août dernier de Nancy Pelosi, l’un des plus hauts personnages de l’Etat américain, a été une provocation majeure.
  • Tous les soirs, 20 Minutes revient sur les tensions autour de Taïwan alors que l’armée chinoise mène les plus grands exercices militaires de son histoire dans cette zone, envoyant avions de chasse, navires de guerre, drones et tirant des missiles balistiques.

Vous avez raté les derniers événements concernant le regain de tension autour de Taïwan ? Pas de panique, 20 Minutes fait le point chaque jour, depuis la visite de Nancy Pelosi, numéro trois américaine et présidente de la Chambre des représentants, qui a largement refroidi les rapports entre la Chine et les Etats-Unis. Qui a fait quoi ? Qui a dit quoi ? Où en sommes-nous ? La réponse ci-dessous :

Le fait du jour

Le Bureau des affaires de Taïwan, un organisme du gouvernement chinois, a publié mercredi un « livre blanc » détaillant la manière dont Pékin envisage de reprendre l’île, le premier sur ce thème depuis 2000. « Nous sommes disposés à créer un vaste espace (de coopération) afin de parvenir à une réunification pacifique », indique le document. La Chine propose ainsi de renforcer les liens culturels, en matière de Sécurité sociale, de santé ou encore d’encourager une meilleure « intégration » économique via notamment des « politiques préférentielles ».

« Mais nous ne laisserons aucune marge de manœuvre aux actions séparatistes ayant pour objectif une pseudo-indépendance de Taïwan, et cela, sous quelque forme que ce soit », y promet également Pékin. « Nous ne promettons pas de renoncer à l’usage de la force », ajoute la Chine, avant de nuancer son propos : « la force serait utilisée en dernier recours, en cas de circonstances impérieuses. »

« Avec une patrie forte sur laquelle s’appuyer, les compatriotes taïwanais seront plus forts, plus confiants, plus en sécurité et seront davantage respectés sur la scène internationale », assure encore le texte. A noter que la Chine considère comme « séparatiste » le parti de la présidente taïwanaise, mais également toute personne militant publiquement pour l’indépendance ou pour la dilution de l’identité chinoise des Taïwanais.

Le chiffre du jour

100 000. C’est le nombre d’habitants qui peuplent Kinmen, située à seulement 3,2 km de la Chine. Cette île contrôlée par Taipei, en première ligne face à la Chine, attire particulièrement les regards depuis le 4 août dernier et le regain de tensions entre la Chine, les Etats-Unis et Taïwan. En effet, si les forces chinoises traversaient le détroit de Taïwan, cette île-tampon serait certainement leur première cible.

La phrase du jour

« Le Royaume-Uni exhorte la Chine à résoudre tout différend par des moyens pacifiques, sans menace ni recours à la force ou à la coercition. » »

Ce sont les mots de la cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss qui a convoqué Zheng Zeguang, l’ambassadeur de Chine au Royaume-Uni, au ministère des Affaires étrangères au sujet de « l’escalade agressive et de grande envergure » de Pékin contre Taïwan. « J’ai demandé à des responsables de convoquer l’ambassadeur de Chine pour qu’il explique les actions de son pays », a ajouté Liz Truss.

La tendance du jour

Face à un Xi Jinping de plus en plus offensif sur la scène internationale, les craintes que Pékin ne décide de lancer une offensive militaire contre Taïwan ne cessent de croître. La Chine considère cette île autonome comme faisant partie intégrante de son territoire et entend depuis ce mercredi la reprendre par la force si nécessaire.

Mais une invasion à grande échelle ne serait pas la seule option envisagée par la Chine pour contraindre Taïwan à se soumettre. Elle pourrait avoir recours à différents moyens pour atteindre son objectif d’unification, notamment imposer une « quarantaine douanière ». Pékin pourrait ainsi prendre le contrôle effectif des frontières aériennes et maritimes de Taïwan en contrôlant les navires et avions entrants, en laissant circuler le trafic « anodin » et en détournant les navires « suspects » vers les ports chinois.


Notre dossier sur Taïwan

« Le gouvernement chinois laisserait les habitants de Taïwan gérer leurs propres affaires sur l’île, au moins pendant un certain temps, la Chine montrant qu’elle contrôle qui vient (et peut-être qui part) », selon un rapport du Council on Foreign Relations datant de 2021. Avec un tel scénario, les importations de nourriture et d’énergie seraient toujours autorisées, tout comme le trafic passagers. « L’objectif est de contraindre Taïwan à accepter une perte de contrôle, en la coupant, au moins, des transferts d’équipements militaires et des experts étrangers associés », indique le rapport.