VOTELe droit de vote des étrangers suscite les réactions des élus

Droit de vote des étrangers : La gauche apporte son soutien, la droite critique

VOTELa proposition de loi sur le vote des étrangers aux élections municipales, déposée ce mercredi par le député Renaissance (ex-LREM) Sacha Houlié, suscite les réactions des élus
Le député LREM Sacha Houlié
Le député LREM Sacha Houlié - NICOLAS MESSYASZ/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

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Ouvrir le vote aux élections municipales aux étrangers extracommunautaires. Telle est la proposition de loi déposée ce mercredi par le député Renaissance (ex-LREM) Sacha Houlié. Une idée qui réjouit plusieurs élus de gauche, mais qui est vivement critiquée à droite et à l’extrême droite.

« Nous nous ferions un plaisir de la voter », a assuré sur Europe 1 la députée LFI Manon Aubry, rappelant que c’était une proposition « soutenue de longue date » par LFI, et par la Nupes, qui lie LFI, le PS, EELV et le PCF depuis le mois de mai.

Grand soutien de la gauche

« Je souhaite que cela aille au bout », mais « je constate juste que le gouvernement pour le moment a plutôt regardé du côté de la droite voire de l’extrême droite de l’hémicycle (…) donc j’ai mes doutes sur le fait que ça aille au bout », a ajouté Manon Aubry. Serpent de mer à gauche, le droit de vote des étrangers aux élections locales avait été promis par François Mitterrand et François Hollande, sans aboutir. « Nous soutiendrons toutes les démarches allant dans ce sens », a argué le député LFI Alexis Corbière sur Twitter, s’interrogeant toutefois pour savoir s’il s’agissait de la part de Sacha Houlié d’un « effet d’annonce » ou d’une « démarche sincère ».

« La macronie cherche-t-elle un moyen de se dissocier du RN après avoir bien contribué à sa banalisation en ce début de mandat ? », a aussi demandé la députée LFI Clémentine Autain dans un tweet. Chez les écologistes d’EELV, le maire de Grenoble Eric Piolle a salué sur LCI « une excellente idée », soulignant qu'« EELV soutient fortement cette proposition ».

Une opposition au sein de Renaissance

Alors que depuis 1992 seuls les citoyens de l’Union européenne peuvent voter aux élections municipales, Sacha Houlié, président de la commission des lois, veut lever cette condition. Il a déposé mardi, « à titre personnel », une proposition de loi constitutionnelle en ce sens. Il la présentera au groupe Renaissance à la rentrée parlementaire. Elle suscite toutefois déjà les critiques de Gérald Darmanin qui y est « fermement opposé », selon son entourage. Le ministre de l’Intérieur a proposé un débat au Parlement en octobre.

Au sein de la macronie, Refondation républicaine, le petit mouvement politique lancé en avril par l’ancien ministre de gauche Jean-Pierre Chevènement est également réticent : il estime que « citoyenneté et démocratie ne peuvent être déconnectées » et soutient plutôt « la naturalisation, accompagnée d’un parcours d’intégration républicaine ouvert et exigeant ». « Accorder le droit de vote et d’éligibilité pour les étrangers aux élections municipales revient à introduire la possibilité de regroupements politiques autour de candidatures activant les ressorts du communautarisme », anticipe également le mouvement dans un communiqué.

Un « vieux marronnier de la gauche depuis 1981 »

A droite, le député LR Eric Ciotti, candidat à la présidence des Républicains, s’est « réjoui » mercredi sur RMC de la réponse du ministre, mais a dit attendre un « positionnement » de la Première ministre Elisabeth Borne et du président de la République Emmanuel Macron sur le sujet. Contre également, le député LR Philippe Juvin a fait valoir que « la République, c’est le lien entre nationalité et citoyenneté », et indiqué qu’il « voterai (t) donc contre cette proposition de loi ».

A l’extrême droite, le président par intérim du Rassemblement national Jordan Bardella avait fustigé mardi une « dépossession finale des Français de leur pays ». Louis Aliot, maire de Perpignan, vice-président du RN et candidat à la présidence, a estimé sur France Inter que cette proposition, « vieux marronnier de la gauche depuis 1981 », était « un signal » qui lui est lancé, mais qui n’aura « aucune réalité dans le vote de la loi, et heureusement d’ailleurs ».