SYMBOLEEn Finlande, les touristes russes accueillis au son de l’hymne ukrainien

Finlande : les touristes russes accueillis au son de l’hymne ukrainien

SYMBOLELa Finlande, qui partage une frontière orientale de 1.300 kilomètres avec la Russie, s’apprête également à limiter les visas touristiques délivrés aux Russes
Drapeau Ukraine (illustration).
Drapeau Ukraine (illustration). - jorono / Pixabay / ¨Pixabay
20 Minutes avec agences

20 Minutes avec agences

Les touristes russes ne sont pas les bienvenus en Finlande. Aux rapides d’Imatrankoski, situés à l’est du pays, l’hymne national ukrainien retentit chaque jour à la même heure. Le barrage presque centenaire s’ouvre puis l’eau s’engouffre sous le regard de centaines de visiteurs, dont de nombreux Russes. Traditionnellement, c’était la musique du compositeur finlandais Jean Sibelius seule qui accompagnait l’événement quotidien. Mais depuis fin juillet, elle est précédée de l’hymne de l’Ukraine pour protester contre l’invasion russe du pays.

Outre cette mesure symbolique, la Finlande, qui partage une frontière orientale de 1.300 kilomètres avec la Russie, s’apprête à limiter les visas touristiques délivrés aux Russes, imitant les autres pays de l’Union européenne. « C’est mauvais pour les Russes qui aiment la Finlande », déclare Mark Kosykh, un touriste russe de 44 ans venu voir les rapides en famille. « Mais nous comprenons le gouvernement de la Finlande », ajoute-t-il, s’empressant de souligner que tous ses compatriotes ne soutiennent pas la guerre. « Tous les Russes ne sont pas pour Poutine. Le gouvernement et tous les gens doivent le comprendre », dit-il.

« Exprimer un soutien fort à l’Ukraine »

Dans la ville voisine de Lappeenranta, l’hymne national ukrainien résonne chaque soir du sommet de l’hôtel de ville qui surplombe les centres commerciaux prisés par les touristes russes. « L’objectif est d’exprimer un soutien fort à l’Ukraine et de condamner la guerre », explique le maire, Kimmo Jarva. De nombreux Russes se rendent à Lappeenranta pour acheter vêtements et cosmétiques, et les plaques d’immatriculation russes sont légion à travers la ville. « Bien sûr, si les touristes russes ne viennent pas ici, il y aura une perte de revenus pour les entreprises, c’est regrettable », constate le maire de Lappeenranta.

Toutefois, le soutien en faveur de la limitation des visas touristiques russes est bien ancré, selon Kimmo Jarva. Depuis le début du conflit, les Finlandais voient ces touristes d’un mauvais œil. 58 % des Finlandais sont favorables à une limitation des visas touristiques pour les citoyens russes, d’après un sondage publié la semaine dernière par la télévision publique Yle. « À mon avis, leur nombre devrait être restreint très fortement. Je ne vois pas d’autre moyen de faire réfléchir les politiciens russes », déclare Antero Ahtiainen, 57 ans, habitant de Lappeenranta. « Nous devons faire un choix. Nous soutenons fermement l’Ukraine », conclut l’édile.

Les visas touristiques limités à la fin du mois ?

Encouragé par la montée du mécontentement dans l’opinion publique, le ministre des Affaires étrangères a présenté un plan visant à limiter les visas touristiques délivrés aux Russes. Seul voisin de la Russie au sein de l’UE à ne pas avoir mis en place des restrictions sur les visas touristiques accordés aux citoyens russes, la Finlande est devenue un pays de transit pour les Russes avides de voyages. Privés de liaisons aériennes entre leur pays et l’Europe, ils peuvent se rendre en Finlande en voiture ou en bus et y prendre l’avion. « Beaucoup ont vu cela comme un contournement du régime de sanctions », déplore le chef de la diplomatie finlandais Pekka Haavisto.

Le système Schengen combiné à la loi finlandaise ne permettant une interdiction pure et simple des visas basée sur la nationalité, la Finlande peut seulement réduire le nombre de visas délivrés en fonction de la catégorie, explique Pekka Haavisto. « La catégorie touristique peut être limitée en termes de nombre de visas pouvant être demandés en une journée », dit-il. Selon lui, les restrictions pourraient être adoptées d’ici la fin du mois d’août.

Des deux côtés de la frontière, les habitants de la région frontalière ont traditionnellement vécu en contact étroit. « À Saint-Pétersbourg, beaucoup de gens ont des grands-parents finlandais, comme ma femme », dit Pekka Kosykh, qui se rend en Finlande chaque année. À la suite de la levée des restrictions anti-Covid le 15 juillet, le nombre de touristes russes, qui constituent une source essentielle de revenus pour de nombreuses villes frontalières finlandaises, ne cesse d’augmenter dans le pays nordique. Plus de 230.000 passages de frontière ont été enregistrés en juillet, contre 125.000 en juin.