RESEAUX SOCIAUXFacebook risque de régulièrement aider la police à punir les avortements

Etats-Unis : Pour les observateurs, Facebook va continuer d’aider la police à enquêter sur les avortements illégaux

RESEAUX SOCIAUXDepuis que la Cour suprême américaine a annulé le droit à l’avortement, les militants craignent que la police n’utilise les données personnelles en ligne pour enquêter sur des femmes
Un militant des droits à l'avortement tient une pancarte à côté d'un militant anti-avortement dans le bâtiment du Capitole de l'État de l'Indiana le 25 juillet 2022 à Indianapolis, Indiana.
Un militant des droits à l'avortement tient une pancarte à côté d'un militant anti-avortement dans le bâtiment du Capitole de l'État de l'Indiana le 25 juillet 2022 à Indianapolis, Indiana. - Jon Cherry / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP / AFP
Marie De Fournas

M.d.F. avec AFP

L’affaire a fait grand bruit. A cause de Facebook, une mère et sa fille ont été inculpées aux Etats-Unis. La police accuse Jessica Burgess, une Américaine de 41 ans d’avoir aidé sa fille de 17 ans à avorter dans le Nebraska. La mère est visée par cinq chefs d’inculpation dont l’un directement lié à une loi votée en 2010 dans cet Etat du Midwest, et qui bannit l’IVG après 20 semaines de grossesse. Sa fille, elle, fait face à trois chefs d’accusation, dont ceux de dissimulation et d’abandon de cadavre. Les deux femmes ont plaidé non coupable la semaine dernière, selon la presse.

Si ces deux femmes ont été inculpées par la police, c’est parce que Facebook a participé à l’enquêtes policière et a fourni aux agents des messages privés échangés par les deux femmes sur le réseau social. Meta, la maison mère de Facebook, s’est défendue mardi en notant que le mandat de la cour « ne mentionnait pas du tout l’avortement » et avait été émis avant la volte-face de la Cour suprême. L’entreprise a également mis en avant sa politique consistant à répondre favorablement aux requêtes des autorités quand « la loi nous l’impose ».

« Cela va continuer d’arriver »

Cette ligne de défense « semble insinuer que *si* le mandat de perquisition avait mentionné l’avortement, le résultat aurait été différent. Mais c’est évidemment faux », a tweeté Logan Koepke, chercheur qui étudie notamment l’impact de la technologie sur la justice pénale. Comme lui, les militants pour les droits des femmes ont prévenu du danger que représentent les montagnes de données accumulées par les entreprises de la tech sur leurs utilisateurs.

Pour de nombreux observateurs, l’affaire du Nebraska ne restera pas un cas isolé. « Cela va continuer d’arriver aux entreprises qui possèdent beaucoup de données sur les gens dans le pays et le monde entier », explique Alexandra Givens, de l’ONG Center for Democracy & Technology. Selon cette dernière, les firmes confrontées à des requêtes légales formulées dans les règles ont intérêt à y répondre.

Mais « les entreprises doivent au moins s’assurer de réclamer un processus judiciaire complet, que les mandats soient spécifiques et ne ratissent pas large, que les recherches soient rigoureusement formulées et d’avertir les usagers afin qu’ils puissent tenter de les combattre », ajoute Alexandra Givens. « L’entreprise n’a jamais indiqué qu’elle ne se conformerait pas aux requêtes des forces de l’ordre lorsqu’il s’agit d’avortement », rappelle Caitlin Seeley George de l’ONG Fight for the Future, qui défend les droits numériques.