CRITIQUE« House of the Dragon » est-elle la digne héritière de « Game of Thrones »?

« House of the Dragon » est-elle la digne héritière de « Game of Thrones » ?

CRITIQUE« 20 Minutes » a vu les 6 premiers épisodes de « House of the Dragon ». Le spin-off est-il à la hauteur de « Game of Thrones » ? Notre verdict
Paddy Considine campe le roi Viserys Ier dans « House of the Dragon ».
Paddy Considine campe le roi Viserys Ier dans « House of the Dragon ».  - Home Box Office, Inc. All rights reserved / HBO
Anne Demoulin

Anne Demoulin

L'essentiel

  • Le premier épisode de House of the Dragon, le spin-off de Game of Thrones est diffusé dans la nuit de dimanche à lundi à 3h du matin sur OCS, simultanément avec sa diffusion américaine.
  • House of the Dragon, préquelle basée sur le roman Fire & Blood de George R.R.Martin paru en 2018, débute 172 ans avant la naissance de Daenerys Targaryen.
  • Le spin-off est-il à la hauteur de la série originale ? Notre verdict.

Commençons par la fin. Malgré ses défauts et une dernière saison qui n’a pas fait l’unanimité, Game of Thrones demeure la référence en matière d’épopée fantasy télévisuelle. Ni The Witcher sur Netflix, ni The Wheel of Time sur Amazon Prime Video n’ont réussi à combler le vide laissé par la série créée par David Benioff et D. B. Weiss à partir de la saga de George R.R. Martin.

Pas étonnant que ce dernier et HBO cèdent aux chants des sirènes de la franchise, au risque d’entacher son héritage. Avec l’arrivée du premier épisode de House of the Dragon en France ce lundi à 3 heures du matin sur OCS, simultanément avec sa diffusion américaine, les fans de la première heure nourrissent l’espoir que cette préquelle renoue avec la puissance et la grandeur des premières saisons de Game of Thrones. 20 Minutes a vu les six premiers épisodes sur les 10 que compte la première saison de House of the Dragon, notre critique sans divulgâchage.

House of the Dragon, préquelle basée sur le roman Fire & Blood de George R.R.Martin paru en 2018, débute 172 ans avant la mort d’Aerys II Targaryen, surnommé le Roi Fou et la naissance de e Daenerys Targaryen.

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Une apparence digne de « Game of Thrones »

Le premier épisode propulse les téléspectateurs dans l’univers familier de Game of Thrones : Port-Réal, le Donjon Rouge et son Trône de Fer, Flea Bottom et ses bordels… Les décors sont toujours aussi soignés, les costumes, splendides. Seul bémol, çà et là, quelques perruques peroxydées hideuses.

En termes de réalisation, on sent la patte de Miguel Sapochnik, co-showrunner, à qui l’on doit notamment l’épique Bataille des Bâtards de la série d’origine. La photographie est toujours impeccable. House of the Dragon renoue aussi avec la parfaite maîtrise du montage alterné de son aînée, comme avec cette séquence du pilote qui juxtapose avec maestria les collisions d’un tournoi de joute avec un accouchement compliqué.

En matière d’apparence, House of the Dragon honore la mémoire de Game of Thrones, d’autant plus que les aspects problématiques de la série originale ont été corrigés. Les scènes de nudité et de violence sont moins nombreuses et mise en scène de façon plus subtile, avec des jeux d’éclairage clairs-obscurs.

Une histoire de pouvoir et de succession

Comme dans Game of Thrones, la question du pouvoir est au cœur de House of the Dragon. L’intrigue principale tourne Viserys Ier, Targaryen aux cheveux blancs et monarque bienveillant du royaume des Sept Couronnes, prié de nommer son successeur.

L’aînée des enfants du roi est une fille, Rhaenyra (Milly Alcock, remplacée à la mi-saison par Emma D’Arcy). Le hic ? L’ordre de succession de la maison Targaryen n’est pas fixé par stricte primogéniture. Même si elle semble qualifiée pour lui succéder, son sexe est un obstacle. La cousine du roi, la princesse Rhaenys Targaryen (Eve Best) s’était vu refuser son droit d’aînesse des années auparavant… La question du sexisme patriarcal est donc aussi centrale de House of the Dragon.

De nombreux autres personnages ont ainsi des velléités de monter sur le Trône de fer après le décès de Viserys Ier : son oncle guerrier violent et débauché, Daemon (Matt Smith) ; les enfants de sa marâtre, Alicent (Emily Carey, plus tard Olivia Cooke) et d’autres personnages secondaires.

Bref, House of the Dragon promet toutes sortes de trahisons familiales – de préférence au sommet d’un dragon, à la manière de Succession, autre succès de HBO qui a inspiré George R.R. Martin, Ryan Condal et Miguel Sapochnik, aux manettes du show.

Un mouvement à l’inverse de « Game of Thrones »

A l’instar de Game of Thrones, House of the Dragon est une série bavarde, où l’on discute beaucoup de généalogie autour de maisons biens connues comme les Targaryen ou les Lannister, mais aussi de nouvelles maisons puissantes comme les Velaryon et Hightower.

Alors que Game of Thrones concernait des dynasties rivales s’affrontant pour prendre le contrôle des Sept Royaumes, les intrigues de House of the Dragon sont restreintes à une seule famille. La richesse narrative de la série est, pour le moment, considérablement amoindrie.

House of the Dragon semble suivre le mouvement inverse de Game of Thrones, les premiers épisodes sont une sorte de huis clos au sein de Dragon Rouge et plus les épisodes filent, plus l’univers de la série se déploie, à l’exact opposé de la dynamique de son aînée. Même le thème d’ouverture familier de Ramin Djawadi, compositeur déjà à l’œuvre dans la série d’origine, semble moins déployé.

Un petit quelque chose en moins que « Game of Thrones »

Des scènes de combat épiques, des noces somptueuses qui finissent mal, une pointe d’inceste… House of the Dragon reprend à son compte bon nombre d’ingrédients de la recette du succès Game of Thrones.

La saveur de Game of Thrones n’est pour autant pas complètement retrouvée. Le show pâtit notamment d’un cruel manque d’humour et de légèreté. Aucun personnage n’a pour le moment les traits d’esprits d’un Tyrion Lannister.

Et si ce spin-off est bavard, il manque les reparties cinglantes d’une Cersei Lannister et la langue perfide d’un Little Finger. La folie sous-jacente de Daemon Targaryen est encore trop contenue pour qu’on le haïsse à la manière d’un Ramsay Bolton ou d’un Joffrey Baratheon.

Si les dragons volent majestueusement dans les cieux de Port-Réal, House of the Dragon ne renoue que par allusion avec la magie et le mysticisme très présents dans la série originale.

Les querelles shakespeariennes au sein de la famille Targaryen suffiront-elles à passionner pleinement les spectateurs ? Il est trop tôt pour le dire, tout est possible avec cette saga. Mais le contexte de sortie de House of the Dragon n’est pas le même que celui de Game of Thrones. The Witcher sur Netflix s’améliore au fil des saisons et les fans de fantasy attendent de pied ferme une autre grande épopée, Le Seigneur des Anneaux : Les Anneaux de Pouvoir sur Amazon Prime Video.