CHEMISETTEA quoi servent les universités d’été des partis politiques ?

Raouts médiatiques mais pas que, à quoi servent les universités d’été des partis politiques ?

CHEMISETTELes partis de gauche ouvrent le bal des universités d’été ce week-end, des rendez-vous bien plus significatifs que de simples rentrées médiatiques
L'université d'été du PS à La Rochelle a longtemps été le mètre étalon du genre. (archives)
L'université d'été du PS à La Rochelle a longtemps été le mètre étalon du genre. (archives) - PIERRE ANDRIEU / AFP / AFP
Rachel Garrat-Valcarcel

Rachel Garrat-Valcarcel

L'essentiel

  • Ce week-end ont lieu les universités d’été du PS, d’EELV, de LFI et du PCF. Plus tard auront lieu celles du MoDem ou de LR.
  • Ce sont des rendez-vous médiatiques incontournable qui marquent le tempo de la rentrée politique.
  • Mais le côté raout médiatique de ces évènements cache complètement les programmes parfois très denses.

C’est un peu le signal que ce n’est plus tout à fait les vacances, mais pas encore totalement la rentrée. Les universités d’été/journées d’été/campus d’été (rayez les mentions inutiles) des partis politiques arrivent. Ils n’en sont pas les inventeurs, et n’ont pas non plus l’exclusivité de ces rendez-vous estivaux aussi organisés par des syndicats ou des associations, mais ce sont clairement les plus visibles. Ces rendez-vous militants sont vite devenus des grands raouts médiatiques, avec leurs inoubliables images de politiques qui tombent la veste, en bras de chemise, voire, si vous étiez à une université d’été de droite dans les années 1990, avec le pull sur les épaules, noué autour du cou.

Si ce sont les Jeunes giscardiens (en 1975) et le RPR (en 1983) qui ont lancé la mode des universités d’été en France, ce sont les partis de gauche qui se montrent les plus réguliers dans l’exercice. Le Parti socialiste, avec son inénarrable rendez-vous annuel à La Rochelle (de 1993 à 2015, puis en 2019), a même longtemps servi de mètre étalon du genre. Locaux et locales se souviennent à quel point le dernier week-end d’août les bars et restaurants du vieux port étaient remplis des éléphants et éléphanteaux socialistes qui alimentaient les colonnes d’échos des journaux. Le dimanche, après le discours de clôture, des journalistes triés sur le volet avaient rendez-vous pour déjeuner avec le Premier secrétaire du moment qui délivrait ses off, autour des fruits de mer de chez André, une institution.

« Bal des ego »

« C’est le moment de la rentrée politique, d’envoyer un message à l’extérieur sur les thématiques qu’on veut développer dans les prochains mois », estime Corinne Narassiguin, numéro du 2 du PS, en charge du « Campus », désormais à Blois pour la deuxième année consécutive. Donner le tempo de la rentrée politique est donc un des objectifs de ce type d’évènement. On ne s’en cache pas non plus chez LFI, qui organise cette année lors de ses « Amfis », à Valence, trois duels entre ténors insoumis et membre du gouvernement, dont le premier objectif est « de faire parler les journalistes », assure le député Bastien Lachaud, responsable de l’organisation. Et ça marche.

Ces gros temps forts très médiatiques sont néanmoins parfois devenus caricaturaux. Comme à La Rochelle, un « bal des ego devenus horripilant », d’après les mots du premier secrétaire actuel du PS, Olivier Faure, en 2019. D’autant que se retrouvaient complètement cachés – et de manière assez injuste – les programmes souvent assez denses en débats, tables rondes, rencontres, ateliers ou formations de ces universités d’été. « C’est un beau moment d’intelligence collective, estime Marine Tondelier, chargée de la coordination des Journées d’été d’EELV. Un gros moment de formation, sur les fondamentaux de l’écologie, sur des sujets émergents, qui suscitent le débat… » Des formations pratiques aussi sur l’organisation de campagne, par exemple. Pour elle, le côté « com pol » est une sorte de dégât collatéral inévitable.

Un effort financier important mais jugé indispensable

Les écolos organisent cette année leurs 38e Journées d’été, presque aussi vieilles que le parti Les Verts, créé en 1984. « C’est très important pour nous, car on est le parti des territoires et de la convivialité, explique Marine Tondelier. Ce n’est pas un moment réservé à l’élite du parti ou à quelques-uns. Même pendant le Covid ou quand c’était plus difficile financièrement on a tenu à organiser ce rendez-vous. » C’est en effet un vrai effort financier pour les partis. Chez EELV, il est autofinancé par les droits d’entrée, les dons et la buvette, mais quand même. Au PS, le Campus de Blois coûte 200.000 à 300.000 euros. Cher, mais bien moins que les 750.000 à 800.000 euros de La Rochelle, du temps des grandes heures.

Pour autant, le rendez-vous est jugé trop important pour la vie interne des partis pour s’en passer : « C’est le seul moment dans l’année où tous les militants du pays qui le souhaitent peuvent se retrouver », rappelle Bastien Lachaud. Si indispensables que les Insoumis ont d’ailleurs créé dès 2017 leur rendez-vous estival. « Toutes les fédés organisent leur pot. On le voit dans l’ambiance sur les terrasses… C’est un moment de camaraderie, de retrouvailles, décrit Corinne Narassiguin. Ça avait un sens encore plus important pendant la période Covid où même les militants d’un même secteur ne pouvaient pas beaucoup se voir. » En conséquence le programme n’est pas que politique. Chez les écolos et les insoumis, le calendrier culturel et même assez solide, avec des concerts notamment. On compte même une soirée karaoké pour EELV.

« C’est la deuxième année qu’on a une programmation musicale importante, note Bastien Lachaud. Trop souvent on cantonne la politique à des débats qui peuvent apparaître de loin comme tristes ou rébarbatifs or, c’est tout le contraire. C’est la vie du pays ! Et ça passe aussi par la fête et la musique. » De quoi fluidifier les débats. De quoi aussi, peut-être, tenter de ramener vers la politique des publics qui en sont éloignés. C’est en tout cas l’espoir des partis.

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