EXPLOSIONCe que l’on sait de la mort de Daria Douguina, fille d’un idéologue russe

Russie : Ce que l’on sait de la mort de Daria Douguina, la fille d’un idéologue russe

EXPLOSIONSelon des proches de la famille, c’est son père, l’intellectuel et écrivain ultranationaliste Alexandre Douguine, qui était visé par l’explosion
Handout / Investigative Committee of Russia / AFP
Handout / Investigative Committee of Russia / AFP  - investigators work on the place of explosion of a car driven by Daria Dugina, daughter of Alexader Dugin / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L'essentiel

  • La voiture de l’idéologue Alexandre Douguine, favorable à la guerre en Ukraine, a explosé samedi dernier, alors que sa fille était à l’intérieur.
  • Daria Douguina, journaliste et politologue, également soutien du conflit, est morte sur place à l’âge de 30 ans.
  • Alors que Moscou accuse Kiev de cette explosion, ce que l’Ukraine dément, Vladimir Poutine a condamné un crime « ignoble, cruel ».

Elle était la fille d’un idéologue russe proche du Kremlin, soutien fervent de l’opération militaire russe en Ukraine, Alexandre Douguine. Daria Douguina a été tuée samedi soir dans l’explosion de sa voiture dans la région de Moscou, a indiqué dimanche le Comité d’enquête russe. Un crime « ignoble, cruel » qui « a mis fin prématurément à la vie de Daria Douguina, une personne brillante et talentueuse dotée d’un cœur véritablement russe », selon Vladimir Poutine.

Selon des proches de la famille, cités par les agences de presse russes, c’est son père l’intellectuel et écrivain ultra-nationaliste, 60 ans, qui était visé par l’explosion, Daria ayant emprunté sa voiture pour ce déplacement.

Engin explosif

Daria Douguina, journaliste et politologue, qui affichait elle aussi un soutien ouvert à l’offensive russe en Ukraine, était au volant d’une Toyota Land Cruiser au moment où celle-ci a explosé avant de prendre feu, sur une autoroute près du village de Bolchiïe Viaziomy, à une quarantaine de kilomètres de Moscou, selon le communiqué. La jeune femme, née en 1992, « a été tuée sur les lieux », précise-t-il.

Selon les enquêteurs, un engin explosif a été placé dans le véhicule et tout porte à croire que « le crime a été planifié à l’avance et commandité », souligne le communiqué. Une enquête pour « homicide » a été ouverte, ajoute le Comité, chargé des principales investigations criminelles dans le pays.

Selon les services spéciaux russes, la voiture conduite par Daria Douguina a été piégée par une femme de nationalité ukrainienne née en 1979, identifiée par les services de sécurité russes (FSB) comme Natalia Vovk, arrivée en Russie en juillet avec sa fille mineure, née en 2010. Toujours selon le FSB, cette personne avait notamment loué un appartement dans l’immeuble où vivait Douguina et elle s’était rendue samedi à un festival culturel où la journaliste et politologue était elle aussi présente. Cette femme ukrainienne se serait ensuite enfuie en Estonie avec sa fille.

Doctrine « eurasiste »

Promoteur de la doctrine « eurasiste », une sorte d’alliance entre l’Europe et l’Asie sous direction russe, Alexandre Douguine, qui influence une partie de l’extrême droite française, est visé depuis 2014 par les sanctions de l’Union européenne prises dans la foulée de l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie. Ces dernières années, l’Ukraine a interdit plusieurs de ses ouvrages, notamment Ukraine. Ma guerre. Journal géopolitique et Revanche eurasiatique de la Russie.

Alexandre Douguine, surnommé par certains médias « le cerveau de Poutine », est parfois présenté comme étant proche du président russe. Mais de nombreux observateurs relativisent son influence supposée au Kremlin. Nicolas Tenzer, spécialiste des questions stratégiques et internationales et enseignant à Sciences Po, explique par exemple que l’idéologue « n’était pas proche de Poutine, ni membre de son premier cercle » et que « le Kremlin le tenait à distance ».

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En revanche, « les thèses de Douguine constituent le substrat idéologique - mais pas exclusivement - des thèses radicales de Poutine. Elles alimentent en partie ses propagandistes les plus extrêmes », explique encore le spécialiste sur les réseaux sociaux.

Pour sa part, Daria Douguina était visée par des sanctions britanniques depuis juillet, Londres l’accusant de diffuser en ligne des « désinformations sur l’Ukraine ».

Moscou accuse Kiev

Le dirigeant de la République populaire de Donetsk (DNR), autoproclamée par les séparatistes prorusses dans l’Est de l’Ukraine, Denis Pouchiline, a accusé dimanche les forces ukrainiennes d’être derrière l’assassinat de Daria Douguina. « Les terroristes du régime ukrainien ont tenté de liquider Alexandre Douguine, mais ont fait exploser sa fille », a affirmé Denis Pouchiline sur Telegram. « Si la piste ukrainienne se confirme (…) et elle doit être vérifiée par les autorités compétentes, il s’agira de la politique du terrorisme d’Etat mise en place par le régime de Kiev », a réagi sur Telegram la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova.


Notre dossier sur le conflit

Les services de sécurité russes (FSB) ont également accusé lundi les « services spéciaux » ukrainiens d’avoir tué la fille d’un idéologue réputé proche du Kremlin, morte dans l’explosion de sa voiture près de Moscou, ont rapporté les agences de presse russes.

Pour sa part, un conseiller de la présidence ukrainienne, Mikhaïlo Podoliak, a démenti toute implication ukrainienne dans cet attentat. « L’Ukraine n’a sans aucun doute rien à voir avec l’explosion d’hier, parce que nous ne sommes pas un Etat criminel », a-t-il affirmé, lors d’une intervention télévisée. Quoi qu’il en soit, cette mort pourrait engendrer une aggravation du conflit.