PLEINS GAZSur France 2, « Masterchef » fait un retour écoresponsable et empathique

« Masterchef » : Sur France 2, l’émission fait un retour écoresponsable et empathique

PLEINS GAZLe format culinaire, qui cartonne à l’international, tente un retour en France sur le service public après sept ans d’absence
Yves Camdeborde, Agathe Lecaron, Georgiana Viou et Thierry Marx dans « Masterchef »
Yves Camdeborde, Agathe Lecaron, Georgiana Viou et Thierry Marx dans « Masterchef » - Nathalie GUYON / Phototélé
Clément Rodriguez

Clément Rodriguez

L'essentiel

  • Ce mardi 23 août, France 2 relance un format que l’on n’avait pas vu depuis sept ans sur nos écrans : Masterchef.
  • Les jurés Georgiana Viou, Thierry Marx et Yves Camdeborde auront la charge d’élire le meilleur cuisinier amateur de France à travers l’émission animée par Agathe Lecaron.
  • Même s’il s’agit d’une compétition, les équipes du programme affirment mettre la bienveillance au centre de la table.

A la mi-mai, un rendez-vous nous est donné au studio 210 d’Aubervilliers, au nord de Paris. Nous sommes sur le lieu de tournage habituel de Top Chef mais c’est une autre émission culinaire qui nous intéresse ce jour-là : Masterchef. Le format emblématique, qui a fait les belles heures de TF1 au début des années 2010, revient cette fois-ci sur France 2 dès ce mardi 23 août pour une sixième saison.

Dans les cuisines, les candidats sont au four et au moulin. « C’est moi qui passe aujourd’hui », crie l’un d’eux. « Oui, bah ce serait bien la première fois ! », lui répond une autre. Voilà qui donne le ton de cette nouvelle version à laquelle participent dix femmes et huit hommes sur la ligne de départ. Mais ne vous attachez pas trop vite : dès le premier épisode, neuf d’entre eux seront priés de faire leurs valises après avoir présenté leur plat signature.

Pas de faiblesses à l’écran

Pour les juger, France 2 a fait appel à Yves Camdeborde, présent dans les quatre premières saisons du programme, à Thierry Marx, juré de Top Chef pendant cinq ans (et accessoirement 2 étoiles Michelin) ainsi qu’à Georgiana Viou, candidate de la toute première édition et cheffe du restaurant Rouge à Nîmes.

Tout ce beau monde est chapeauté par Agathe Lecaron, animatrice de La maison des maternelles qui connaît bien les émissions culinaires, elle qui a coanimé Top Chef avec Stéphane Rotenberg en 2011 sur M6. « Je ne voulais pas aborder Masterchef comme on m’avait fait aborder Top Chef à l’époque, assure-t-elle. Pour moi, la cuisine, c’est la joie, le vivre ensemble, la transmission. Je voulais que ce soit positif. Vous ne verrez pas quelque chose qui vous mettra mal à l’aise ou qui appuiera sur la faiblesse d’un candidat ».

Une compétition qui n’en a pas tous les aspects

Le partage, la bienveillance et l’empathie semblent être les lignes directrices de cette renaissance du programme. « On est moins dans une compétition, on n’est plus dans la “fighting cuisine” [cuisine de combat] mais on est là pour apprendre des choses et faire ce que l’on peut », souligne le producteur Matthieu Bayle. Le rôle du jury est bien entendu de classer les candidats mais aussi de leur transmettre les gestes, les techniques et leur expertise.

Yves Camdeborde rappelle que « le management dans nos cuisines a été revu avec beaucoup de prévenance et de respect » pour les équipes il y a une trentaine d’années. Le jugement de l’émission est donc à l’image de la façon dont travaillent les chefs aujourd’hui. « Vous le verrez, c’est dans la joie et la bonne humeur. Ça n’empêche pas qu’on demande de la rigueur, de l’organisation, de la propreté… Mais dans une ambiance très bon enfant », appuie le cuisinier.

Attention, même si elle ne veut pas en avoir tous les aspects, Masterchef reste « quand même un concours parce qu’on a un vrai entonnoir global qui amène au titre de meilleur cuisinier amateur de France », insiste Matthieu Bayle. Après plusieurs semaines de dur labeur, le gagnant ou la gagnante repartira avec la somme de 100.000 euros.

Des « idées françaises » autour de l’écoresponsabilité

Sur le plateau, la tendance est au bois et au vert. Au fond, le logo trône d’ailleurs devant un mur végétal. Tout ce qui se trouve sur les côtés est à la disposition des concurrents : assiettes, casseroles, ustensiles, et évidemment nourriture. Dans un coin, un composteur. Un peu plus loin, un distributeur de vrac et des herbes aromatiques. « Tout ça, ce sont des idées françaises, témoigne le responsable de la cuisine Vincent Meslin. Il y a des épreuves avec un garde-manger mais on fait attention à l’empreinte carbone et à choisir des produits de saison ». Les fruits exotiques, ce ne sera donc pas au programme de cette émission.

Comme lors des éditions précédentes, Masterchef soumettra ses concurrents à la boîte mystère, à des tests de reconnaissance et aux épreuves sous pression. « On a décidé que ces dernières seraient toutes végétales, à base de légumes ou de fruits », annonce le producteur. D’autres challenges répondront à des questions environnementales : comment mieux manger, comment cuisiner avec un impact moindre sur notre consommation d’eau ou encore comment moins gaspiller ? Pour répondre à ces questions, il sera par exemple demandé aux candidats de cuisiner sans poubelle dans le cadre d’une épreuve sur le gaspillage alimentaire. « Ça marche bien avec les amateurs parce qu’ils ont des réflexions qu’on peut tous avoir en cuisine », se réjouit Matthieu Bayle.

« On n’est pas dans un spectacle culinaire »

Bien que les thématiques autour de la bienveillance et de la responsabilité environnementale soient creusées au cœur de cette sixième saison de Masterchef, il ne faudrait pas oublier quelle est la particularité principale de ce format… Demander à des amateurs de créer de grands plats jugés par des chefs de renom ! Grâce à cela, « on n’est pas dans un spectacle culinaire », rapporte Matthieu Bayle qui voit deux avantages à ce format : construire des épisodes remplis d’émotions (les premières images montrent des mains qui tremblent beaucoup beaucoup) et découvrir une cuisine « d’une audace folle et totalement inattendue » avec des cuisiniers « prêts à expérimenter des choses imprévisibles ».

Yves Camdeborde soutient les propos du producteur : « Ils sont en totale liberté par rapport aux associations de goût. Ils se permettent des choses qu’on ne pourrait pas faire parce qu’on toucherait à la grande gastronomie française… On passerait pour des fossoyeurs de notre métier ! » Choisis parmi plusieurs centaines de candidatures, les dix-huit chefs en herbe cachent beaucoup d’atouts dans leurs manches. À tel point que Thierry Marx dira que certaines assiettes sont « tellement professionnelles que faites par un amateur, c’est agaçant ». Reste à savoir qui aura l’honneur de susciter l’admiration du chef.