COMMERCELe blé et le maïs se rapprochent de leurs prix d’avant la guerre en Ukraine

Céréales : Le blé et le maïs se rapprochent de leurs prix d’avant la guerre en Ukraine

COMMERCELa reprise des exportations ukrainiennes est le fruit d’un accord signé le 22 juillet entre Kiev et Moscou, sous l’égide de l’Onu et de la Turquie
Du maïs en Ukraine.
Du maïs en Ukraine. - Esteban Biba/EFE/SIPA / Pixpalace
20 Minutes avec AFP

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Retour à la case départ pour le cours des céréales. Six mois après le début de l’invasion de l’Ukraine, le blé et le maïs se rapprochent de leurs prix d’avant-guerre, dans un marché qui retrouve « un point d’équilibre ».

Le scénario du pire, avec ses « ouragans de famine » redoutés par l’Onu, a été évité mais les prix restent très élevés. Les cours du blé s’étaient envolés à près de 440 euros la tonne sur le marché européen mi-mai - le double de l’été dernier - alors que le trafic marchand était presque au point mort sur la mer Noire. Mais ils sont redescendus autour de 330 euros en août.

Une détente « amorcée fin mai-début juin »

« Les marchés ont appris à vivre avec la crise. La détente s’est amorcée fin mai-début juin avec de premières estimations de production rassurantes en Europe et la reprise des exportations d’Ukraine », explique Gautier Le Molgat, analyste chez Agritel. L’Ukraine est « en voie d’exporter presque 4 millions de tonnes de produits agricoles en août », toutes voies confondues, se rapprochant des plus de 5 millions mensuels d’avant-guerre, a d’ailleurs annoncé mardi un responsable du département d’État américain.

Cette accélération des exportations de l’Ukraine, superpuissance agricole qui pesait avec la Russie​ 30 % du commerce mondial du blé fin 2021, est le fruit de l’accord signé le 22 juillet entre Kiev et Moscou, sous l’égide de l’Onu et de la Turquie. Cet accord pour l’ouverture d’un couloir maritime est destiné à sortir plus de 20 millions de tonnes de maïs, blé et tournesol stockés en Ukraine. D’après le Joint Coordination Centre qui supervise le corridor, 721.449 tonnes sont déjà sorties du pays par la mer.

Pour le moment, cette détente profite plus à l’Ukraine qu’à la Russie, qui prépare un retour en force sur les marchés à la faveur d’une exceptionnelle récolte de blé, estimée à 88 millions de tonnes. Les exportations russes de blé pour juillet et août sont en baisse de 27 % sur un an, selon les estimations du cabinet de conseil russe SovEcon.

Le blé russe est encore trop cher et rudement concurrencé, notamment par le blé français, pour plusieurs raisons : des frais de transport élevés, un « rouble fort », une taxe russe à l’exportation en baisse mais encore « très élevée » (environ 80 dollars la tonne), explique Andrey Sizov, directeur général de SovEcon. La faiblesse des exportations russes a été l’un des principaux facteurs expliquant les prix élevés, estime-t-il, dans une crise qui fut moins de disponibilité que de prix et de logistique.

La menace de l’inflation

Sur le terrain, l’accord de juillet devrait favoriser une reprise globale des flux en mer Noire, avec la baisse des primes d’assurances qui étaient un facteur de frein pour les affréteurs. Les cours restent tout de même très élevés. Les causes de la flambée post-Covid sont en effet toujours là : hausse des coûts de l’énergie, des engrais (dont le prix a triplé en un an), et des transports. Et à cela s’ajoute « l’épée de Damoclès de l’inflation » souligne Edward de Saint-Denis, courtier chez Plantureux & Associés.

Si les analystes voient le cours du blé continuer à refluer à moyen terme, ils sont plus circonspects pour le maïs : la sécheresse qui sévit partout inquiète. L’Union européenne estime sa production de maïs en repli de 16 %, tandis que les États-Unis ont revu à la baisse leurs rendements dans certaines régions, notamment dans le Nebraska et le Dakota du Sud (-21,7 %).