Serbie : Ana Brnabic désignée Première ministre pour la troisième fois d’affilée

Ana Brnabic garde la main en Serbie. La Première ministre sortante a été chargée samedi par le président serbe, pour la troisième fois d’affilée, de former un nouveau gouvernement, près de cinq mois après les élections remportées par le parti présidentiel début avril.

« Il est très important qu’elle reste à la tête du gouvernement afin que nous puissions continuer à résoudre des problèmes », a déclaré le chef de l’Etat, en proposant le nom d’Ana Brnabic, 46 ans, au vote du Parlement. « Il est très important que quelqu’un qui est expérimenté et en qui j’ai pleinement confiance puisse assurer cette tâche en ce moment », a ajouté Aleksandar Vucic.

La mainmise du président sur le pouvoir

Le vote du Parlement ne devrait être qu’une formalité puisque la formation présidentielle, le Parti serbe du progrès (SNS), dispose de 120 sièges sur 250 à l’Assemblée nationale, et alors qu’Aleksandar Vucic a annoncé la participation dans le gouvernement d’Ivica Dacic, président du Parti socialiste, qui compte 31 députés.

Même si le poste de président est largement honorifique en Serbie, Aleksandar Vucic est souvent accusé de tendances autoritaires par des organisations des droits de l'Homme, alors que ses détracteurs affirment que le rôle de ses Premiers ministres n’est que de faire écho à sa propre politique.

Le chef de l’Etat a d’ailleurs aussitôt fait savoir qu’Ana Brnabic ne resterait pas en poste pendant quatre ans et que le nouveau gouvernement allait subir des « changements » en 2024. Néanmoins, Ana Brnabic, nommée une première fois en 2017, deviendra le premier chef du gouvernement serbe à entamer un troisième mandat, depuis la réinstauration du multipartisme au début des années 1990.

Une dirigeante politique plutôt qu’une « Première ministre gay »

Elle est aussi la première femme à être à la tête du gouvernement dans l’histoire de la Serbie et également la première personne ouvertement homosexuelle à occuper ces fonctions dans ce pays de 7 millions d’habitants et où l'homophobie reste répandue. Mais elle a été critiquée pour ne pas avoir défendu plus vigoureusement les droits de la communauté LGBTQ.

La compagne de la Première ministre a accouché en 2019 d’un garçon. Quelques mois plus tard, l’insémination artificielle a été interdite en Serbie pour les couples ayant une « histoire récente de relations homosexuelles ». La Serbie ne reconnaît pas légalement les couples homosexuels ni l’homoparentalité. Ana Brnabic avait en outre souligné par le passé que sa mission n’était pas d’être « une Première ministre gay », mais une dirigeante politique.

Samedi, le président serbe a annoncé, en consultation avec la Première ministre, l’annulation de l’Europride, un grand rassemblement annuel de la communauté LGBTQ prévu en septembre à Belgrade, justifiant cette décision par la crise au Kosovo et d’autres dossiers qui préoccupent les autorités serbes.