INTERVIEW« J'aimerais inviter le prince Charles dans "C à Vous" »

France 5 : « A "C à Vous", on est toujours un peu à ça de la perfection », sourit Anne-Elisabeth Lemoine

INTERVIEWAnne-Elisabeth Lemoine présente à « 20 Minutes » les nouveautés de la quatorzième saison de « C à Vous » lancée ce lundi à 19h sur France 5 et revient sur la précédente, marquée par l’actualité politique
La journaliste et animatrice Anne-Elisabeth Lemoine entame à la rentrée 2022 sa sixième saison de C à Vous sur France 5.
La journaliste et animatrice Anne-Elisabeth Lemoine entame à la rentrée 2022 sa sixième saison de C à Vous sur France 5. - Audoin DESFORGES-FTV / FTV
Fabien Randanne

Propos recueillis par Fabien Randanne

L'essentiel

  • La quatorzième saison de C à Vous commence ce lundi, à 19h, sur France 5.
  • L’animatrice Anne-Elisabeth Lemoine confie à 20 Minutes son rêve d’inviter le prince Charles et Brigitte Macron. Elle dit avoir « envie d’événementialiser C à Vous, de faire des formats originaux, construits autour de personnalités exceptionnelles ou d’un événement en particulier. »
  • Alors que la saison précédente a été rythmée par la présidentielle, C à Vous continuera d’inviter des hommes et des femmes politiques. « Il y aura moins d’échéances électorales mais on voit bien à quel point la vie politique va être animée », suggère Anne-Elisabeth Lemoine.

Anne-Elisabeth Lemoine a accueilli 20 Minutes dans son bureau début juillet avec un large sourire. L’animatrice de C à Vous avait la satisfaction des défis accomplis. Elle venait de conclure une saison marquée par la présidentielle, une durée d’émission allongée d’une demi-heure et l’arrivée de nouveaux visages, Matthieu Belliard et Mohamed Bouhafsi, qui, dit-elle, « se sont intégrés avec une facilité déconcertante ». Aucun obstacle ne s’est jeté en travers de sa route : avec 1.2 million de téléspectateurs en moyenne (6.8 % de parts d’audience) au rendez-vous chaque soir, dès 19h, le talk de France 5 a même réalisé sa deuxième meilleure saison historique.

Anne-Elisabeth Lemoine entend bien entamer la nouvelle saison ce lundi sur cette dynamique. Des personnalités politiques seront régulièrement invitées et, parmi elles, pourquoi pas le prince Charles ? En attendant, elle nous annonce que Vincent Lindon sera l’invité spécial de cette émission de rentrée et qu’il restera jusqu’à la fin pour réagir à l’actu.

A quelles nouveautés peut-on s’attendre dans « C à Vous » en cette rentrée ?

La première partie ne bouge pas. Dans la partie 2, en nouveauté, il y a la pastille humoristique « J’étais à ça ». La séquence « L’œil de Pierre » conclura désormais un bloc-notes porté par l’ensemble des chroniqueurs. Ce sont des aménagements à la marge, il ne faut pas dire « Allez, on change tout ! »

« J’étais à ça » sera une fiction, hors plateau. Pourquoi l’ajouter au sommaire ?

Nos téléspectateurs aiment la famille que représente C à Vous. C’est bien d’avoir un nouveau visage. Cette pastille de deux minutes trente sur les déboires d’une trentenaire [incarnée par Zoé Bruneau], permet d’avoir une histoire différente, un profil différent. C’est une mini-fiction très produite, anglée et rigolote : à chaque fois le personnage « était à ça ». Ça correspond à l’esprit de C à Vous où on est toujours un peu à ça de la perfection (rires).

Envisagez-vous de délocaliser le plateau ? Par exemple au Festival de Cannes, maintenant que France Télévisions en est l’un des partenaires…

J’en rêve ! Pour Cannes, je ne sais pas. Notre première partie, c’est de l’actu, parfois dramatique. Difficile de la traiter en plateau sur la Croisette. La saison passée, ça paraissait inconcevable avec la présidentielle. Mais j’ai envie d’événementialiser C à Vous, de faire des formats originaux, construits autour de personnalités exceptionnelles ou d’un événement en particulier.

Quelle personnalité rêveriez-vous de recevoir ?

On parlait du prince Charles avant que vous arriviez (rires). On s’est dit qu’on allait lui écrire. Avant qu’on reçoive Sarah Ferguson, on m’a expliqué que c’était très cadré, qu’elle ne parlerait pas de ci ou de ça. Et puis, elle est arrivée, on a plaisanté. Cela paraît léger comme ça, mais elle a une personnalité de dingue, cette femme ! C’était l’un des cartons de l’année. Le prince Charles aurait plein de choses à dire. On l’a vu, il se mêle de politique, alors qu’il ne devrait pas. Brigitte Macron, aussi, j’adorerais. Je l’ai croisée rapidement sur l’opération Pièces jaunes, on a parlé de sujets de société. Je la trouve hypermoderne et, à mon sens, elle est inspirante pour beaucoup de femmes car elle est très disruptive, elle a fait des choix de vie qui ne sont pas anodins.

La saison passée de « C à Vous » a été marquée par la présidentielle. La couvrir, c’était grisant ? Stressant ?

C’était davantage responsabilisant que grisant. Quand les téléspectateurs nous voient avec des responsables politiques, c’est plus fort qu’eux, ils essaient de deviner quel est notre bord. Nous, on fait le même boulot pour chaque invité. Il faut maintenir l’équilibre, en restant nous-mêmes, c’est-à-dire ni trop techniques, ni trop légers, en faisant de l’information, mais à notre sauce. C’était stimulant mais on savait notre responsabilité, notamment dans un climat où il y a beaucoup d’opinions, sur les chaînes d’info en particulier. On essaye d’être d’abord une émission d’information, avec notre patte, nos angles, nos choix éditoriaux qui se différencient de ceux des JT. Nous disposons d’un temps d’interview plus long et sans le côté institutionnel d’un programme politique. Il fallait trouver le ton, c’était passionnant.

Vous envisagez de continuer à recevoir des personnalités politiques cette saison ?

Oui. Il y aura moins d’échéances électorales mais on voit bien à quel point la vie politique va être animée. Comme on succède à C dans l’air, qui est une émission d’experts, notre volonté, qui s’accentue au fil des ans, est de recevoir les acteurs et les actrices de l’actualité, donc des responsables politiques, ou d’associations, des chefs d’entreprise ou des grands sportifs.

Recevoir Emmanuel Macron, c’était le moment le plus fort de la dernière saison ?

Cela a été un moment très particulier. Il a très peu fait campagne. C à Vous est le seul talk qu’il ait fait. Il y a eu quand même une heure quarante d’interview, sérieuse, de journalistes, avant d’arriver à la chronique de Bertrand Chameroy. Il n’y avait pas eu mille occasions de le confronter à son programme. J’ai eu une petite montée d’adrénaline avant l’émission et puis, il est entré, on s’est salué et je me suis dit : « OK, il va jouer le jeu ». J’ai été comme je suis avec les autres. Je ne vous dit pas qu’il n’y a pas un peu de trac, mais j’avais autant la pression quand je recevais Eric Zemmour ou Jordan Bardella, ce sont toujours des moments où il faut y aller, sans être agressive.

Les chroniques de Bertrand Chameroy ont été très remarquées, avec une grande viralité sur les réseaux sociaux…

En venant tous les soirs, Bertrand Chameroy a explosé. C’est un rendez-vous que nos invités ne veulent pas louper. Muriel Robin m’a raconté qu’elle regarde C à Vous à 19 heures et il y a toujours un moment où il faut qu’elle change de pièce, alors elle met sur pause et cavale pour ne rater sous aucun prétexte la chronique de Bertrand. Il a créé ce rendez-vous avec les téléspectateurs, ça n’a fait que monter.

Vous êtes l’une des seules émissions à avoir poursuivi les directs en plateau lors du premier confinement. Vous pensez que cela l’a assise dans le paysage télévisuel ?

Je pense que oui. Récemment, un producteur de cinéma m’a dit : « Sans C à Vous, je n’aurais pas tenu le coup. » Quelqu’un d’autre me confiait avoir cessé de regarder les chaînes d’infos parce que ça tournait en boucle mais savait qu’à 19 heures, avec nous, il serait informé et qu’il y aurait toujours un moment où il y aurait plus de légèreté. Cette combinaison-là, je sens qu’elle a fait du bien aux gens. Bien sûr, on n’a sauvé aucune vie mais on a été un peu un phare dans la nuit. On n’a pas bougé, on était là, en gardant notre esprit, du sourire et du sérieux, pas d’opinion, pas d’invectives, juste des faits.

Vous allez entamer votre sixième saison aux commandes de « C à Vous ». Vous n’éprouvez pas de lassitude ?

Tous les jours, l’actu nous porte. Personne n’a l’impression de tourner en rond. Les sujets à traiter sont vastes à l’infini. Il y a des invités que l’on a reçus plusieurs fois mais cela crée une espèce de complicité avec les artistes qui est géniale à vivre. Ils se sentent ici chez eux. Bigflo et Oli, qui sont venus en fin de saison dernière, nous ont dit : « On n’oublie pas qu’à chaque fois qu’on a participé à l’émission ça a marqué une nouvelle étape dans notre carrière. » Clara Luciani, que l’on recevra pour le live ce lundi soir, a fait sa première télé dans C à Vous.

Vous regardez ce que font vos concurrents de « Quotidien » et « Touche pas à mon poste » ?

Quand je suis au maquillage, je regarde qui sont leurs invités. Parfois, je me dis qu’ils ont eu une bonne idée, parfois qu’on l’a déjà fait… Souvent, sur les réseaux sociaux, je vois certaines séquences. C’est sans rivalité quelconque. C’est juste que c’est important de savoir comment ils se comportent, les choix éditoriaux qu’ils font. On se rend compte qu’on a une ligne directrice, des envies, des habitudes avec nos téléspectateurs qui font que l’on ne marche pas spécialement sur les plates-bandes les uns des autres.