SECHERESSE« C’est dingue… » Le bas niveau de la Loire surprend riverains et curieux

« Je n’en reviens pas… » Entre Angers et Nantes, le bas niveau de la Loire surprend riverains et curieux

SECHERESSEEntre Nantes et Angers, les bancs de sable prennent de plus en plus de place au détriment du fleuve. Un spectacle qui fait beaucoup parler et attire du monde
A Varades (Loire-Atlantique), l'un des deux bras de Loire entourant l'île Batailleuse est presqu'à sec.
A Varades (Loire-Atlantique), l'un des deux bras de Loire entourant l'île Batailleuse est presqu'à sec. - F.Brenon/20Minutes / 20 Minutes
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • En raison de la sécheresse, la Loire, plus long fleuve de France, approche de son plus bas débit historique.
  • Le manque d'eau est spectaculaire entre Nantes et Angers, à seulement 100 km de l'embouchure.
  • Des curieux font même le déplacement pour voir ce paysage étonnant.

«Voir la Loire dans cet état, c’est franchement désolant. Tout ce sable, je n’en reviens pas », réagissent Daniel et Hélène, couple de Nantais ayant profité de leurs « derniers jours de vacances » pour venir constater par eux-mêmes ce « spectacle étonnant ». C’est le plus grand fleuve de France et il devient l’un des marqueurs de la sécheresse 2022. Entre Angers et Nantes, à 100 km seulement de son embouchure où elle mesure près de deux kilomètres de large, la Loire est méconnaissable.

Au fil des semaines, le niveau a progressivement baissé, donnant désormais parfois l’impression que les bancs de sable, certes habituels à cette époque de l’année, vont entièrement coloniser le cours d’eau. A Varades (Loire-Atlantique), dans un secteur où les petites îles sont légion, l’un des bras entourant l’île Batailleuse est presque entièrement à sec. Un filet étroit s’écoule toujours sous l’élégant pont suspendu mais il peut désormais être franchi à pied !

« Le réchauffement climatique, on l’a, là, sous nos yeux »

« C’est impressionnant ici. Je n’avais connu ça. Les canoës passent tout juste par endroits. Plus en amont, du côté de Tours, des clients m’ont même dit qu’ils avaient dû descendre de bateau », raconte Hélène, gérante du camping Ecoloire implanté sur l’île. Celle qui est aussi guide touristique de métier avait l’habitude de voir les curieux débarqués « au moment des crues hivernales ». Mais pour observer son fleuve en souffrance, c’est un « phénomène nouveau ». Annie, cliente du camping, avoue qu’elle avait « envie de voir les conséquences de la sécheresse » après avoir été surprise par des clichés publiés dans les médias. « C’est triste, c’est même affolant. L’avenir n’est pas réjouissant », commente-t-elle. Joël, un riverain, confirme qu’il n’avait « jamais vu autant de gens prendre » des photos sur les berges.

« On voit tourner beaucoup d’images de la Loire dernièrement. Ça attire du monde forcément. D’autant plus que c’est très photogénique avec le pont, tout comme à Ancenis. Je déconseille toutefois de marcher sur les bancs de sable, ça peut être extrêmement dangereux », insiste Philippe Jourdon, adjoint au maire de Varades (commune nouvelle de Loirauxence).

De l’autre côté du fleuve, dans la coquette commune de Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire), Mélanie confirme que le niveau de l’eau est devenu incontournable dans les conversations. « Il y a des habitués qui reviennent chaque été et qui sont très surpris, raconte cette employée de l’office de tourisme. J’en parlais avec des anciens de Saint-Florent et ils me disent qu’ils n’avaient jamais vu ça depuis 1976. Ça m’alarme énormément à titre personnel. » « C’est dingue !, renchérit Clotilde, cyclotouriste. Les conséquences du réchauffement climatique on les a, là, sous nos yeux. Pour ceux qui doutaient du phénomène, c’est maintenant incontestable. Espérons au moins que ce soit profitable pour accélérer le changement des comportements. »

Une Loire de plus en plus salée ?

Philippe Jourdon souligne que la navigation a déjà été restreinte cet été. Mais c’est pour l’approvisionnement futur en eau potable que l’élu s’inquiète. « Ces épisodes climatiques pourraient se reproduire. On a cette crainte que la Loire ne puisse plus alimenter nos habitants. On voit que c’est déjà compliqué, il a fallu faire des ajustements de puisage. » Depuis le 17 août, l’eau du réseau public d’alimentation a été placée en situation de « crise »​ par la préfecture de Loire-Atlantique.

Selon l’Office français de la biodiversité (OFB), les débits de la Loire pourraient avoir baissé de 50 à 60 % à la fin du siècle. « La baisse du débit et la remontée du niveau de l’océan vont rendre la Loire aval de plus en plus salée. Le bouchon vaseux sera de plus en plus présent à Nantes, compliquant l’alimentation en eau potable », estime l'OFB, lequel craint aussi « une diminution des surfaces de vasières, et donc de leur richesse écologique ».