FAKE OFFAttention à cette comparaison sur le manque de postes à la SNCF

La SNCF recherche-t-elle 1.200 conducteurs alors qu’elle a supprimé 1.200 postes en 2017 ? Prudence

FAKE OFFUn post viral sur Facebook compare la suppression prévue en 2017 de 1.200 postes et un manque de 1.200 conducteurs à la SNCF en 2022
Jour de départ en vacances, à la gare Montparnasse, le 30 juillet 2022.
Jour de départ en vacances, à la gare Montparnasse, le 30 juillet 2022. - Stephane Duprat/SIPA / SIPA
Emilie Jehanno

E.J.

L'essentiel

  • Dans une publication virale, la suppression programmée en 2017 de 1.200 postes à la SNCF est mise en parallèle avec les 1.200 conducteurs manquants aujourd’hui, comme l'a révélé Libération le 26 août 2022.
  • Mais ces chiffres recouvrent des postes différents. Selon Le Monde, les suppressions de postes prévues en 2017 concernaient les métiers de « l’entretien du matériel, des services administratifs et de la vente aux voyageurs ». Les Echos précisait que « la catégorie des conducteurs serait épargnée », d’après la direction du groupe à l’époque.
  • Pour autant, les effectifs diminuent année après année à la SNCF. Le bilan social de l’Unsa-ferroviaire, publié en mai 2022, dénonce la suppression de plus de 6.500 postes entre 2018 et 2021.

Les comparaisons ont parfois leur limite. Sur Facebook, un post, partagé 29.000 fois, met en parallèle la suppression prévue en 2017 de 1.200 postes et un manque de 1.200 conducteurs à la SNCF en 2022, captures d’écran de titres de presse à l’appui.

La première provient du site L'Express, si l’on se réfère à la photo et au chapo. C’est une reprise de dépêche AFP datée du 14 décembre 2016. La deuxième capture d’écran reprend l’information publiée par Libération le 26 août 2022. Le quotidien a expliqué qu’il manquerait, selon leurs informations, 1.200 postes d’agents de conduite à la SNCF, entraînant des suppressions de trains.

Capture d'écran d'un post sur Facebook.
Capture d'écran d'un post sur Facebook. - Capture d'écran/Facebook

« Ça c’est de la gestion de ressources humaines », s’amuse un internaute, tandis qu’un autre pointe des « titres sortis de leur contexte ».

FAKE OFF

En effet, les 1.200 postes concernés ne sont pas les mêmes entre 2017 et 2022. Comme l’explique la dépêche AFP de décembre 2016, reprise par d’autres médias, une suppression de 1.215 postes, correspondant à des départs non remplacés, était prévue dans la branche SNCF Mobilités. A l’époque, celle-ci exploitait les trains de voyageurs et de marchandises et a été notamment remplacée en 2020 par SNCF Voyageurs.

La catégorie des conducteurs « épargnée » en 2017

Dans un article du 15 décembre 2016, Le Monde soulignait que les métiers les plus touchés par les coupes seraient « ceux de l’entretien du matériel, des services administratifs et de la vente aux voyageurs ». De leur côté, Les Echos indiquait, toujours le 15 décembre 2016, que « la catégorie des conducteurs serait épargnée, selon la direction », où 200 postes étaient au contraire à pourvoir. Les syndicats avaient émis un avis négatif sur ce plan, estimant qu’il dégraderait la qualité du service public.

Six ans plus tard, le 26 août 2022, Libération a révélé qu’il manquerait 1.200 agents de conduite pour assurer toutes les liaisons ferroviaires en France. « Le chiffre figure dans un relevé de conclusions rédigé à l’issue d’une réunion [qui a eu lieu le 17 août] entre direction et syndicats », indique le quotidien, information que la SNCF n’a pas démentie.

Des effectifs en baisse

Les 1.200 postes que la SNCF prévoyait de supprimer en 2017 ne correspondent donc pas stricto sensu aux 1.200 postes de conducteurs manquants en 2022. Pour autant, année après année, les effectifs du groupe diminuent. Entre 2018 et 2021, plus de 6.500 postes ont été supprimés, selon le bilan social de l'Unsa-Ferroviaire publié en mai 2022. Le syndicat y dénonce notamment une baisse des conducteurs de trains, passé de 14.797 en 2019 à 14.328 à fin 2021, soit une différence de 469 postes.


Une info douteuse ? Passez par WhatsApp

Dans son rapport financier 2021, la SNCF elle-même craignait « des difficultés sur la capacité des réseaux à délivrer le service attendu » en 2022, en raison des absences liées au Covid-19 et de « la difficulté croissante » à recruter des conducteurs ou des mainteneurs.