STERILISATIONLa vasectomie séduit de plus en plus d'hommes en France

Contraception masculine : La vasectomie séduit de plus en plus d'hommes en France

STERILISATIONLe nombre de vasectomies remboursées en France est passé de 1.908 en 2010 à 23.306 en 2021
Médecin (Illustration)
Médecin (Illustration) - orzalaga / Pixabay / Pixabay
20 Minutes avec agences

20 Minutes avec agences

Elle souffre encore d’idées reçues mais la vasectomie se développe enfin en France. Cette méthode de stérilisation masculine, qui consiste à couper et bloquer les canaux déférents transportant les spermatozoïdes à partir des testicules, séduit de plus en plus d’hommes. Ils ne veulent plus d’enfants, ne comptent jamais en avoir ou ont décidé de prendre leur part de la contraception et se tournent donc vers cette solution.

Selon les derniers chiffres de l’assurance maladie, le nombre de vasectomies remboursées en France est passé de 1.908 en 2010 à 23.306 en 2021. Dans le même temps, le nombre de ligatures des trompes, une intervention chirurgicale de contraception définitive concernant les femmes, a chuté de 31.473 en 2010 à 21.490 en 2021. « La vasectomie a été multipliée par dix en dix ans, les chiffres restent faibles car on part de très loin, mais clairement ça explose », assure l’urologue Vincent Hupertan.

Très répandue dans les pays anglo-saxons

« En septembre 2016, je pratiquais trois vasectomies par mois, là je suis à 35, au maximum de mes capacités », détaille ce chirurgien spécialiste de la vasectomie « sans bistouri » ou « sans scalpel », qui limite les risques chirurgicaux. Une technique encore méconnue en France mais qui va nécessairement progresser « face à la demande », estime-t-il.

Très répandue dans les pays anglo-saxons ou au Québec (un homme sur trois de plus de 50 ans y a recours), la vasectomie n’est légale en France que depuis 2001. « Les premières années suivant la légalisation, la demande était très faible, à cause de préjugés dans la population, de manque d’informations et de difficultés d’accès », expose Elodie Serna, docteure en histoire, auteure de l’essai Opération vasectomie.

« Depuis 2011-2012, les choses ont changé en partie à cause de la "crise de la pilule", qui a fait réagir sur les usages des hormones, poursuit-elle. C’est à peu près dans la même période que des collectifs se sont remobilisés sur le sujet de la contraception masculine ».

« Tout un tas de tabous concernant la virilité »

Si les mentalités évoluent, son extension se heurte toujours à des freins. « Le premier, c’est la peur de la douleur, énonce Antoine Faix, membre de l’association française d’urologie. Persistent aussi tout un tas de tabous concernant la virilité, d’idées reçues autour des conséquences potentielles qu’aurait l’opération sur l’érection ou le plaisir ».

Les hommes peuvent faire la démarche de congeler leur sperme avant l’opération. La vasectomie est en effet potentiellement, mais difficilement, réversible et cette réversibilité n’est pas garantie. Dernier obstacle : le prix de l’acte, fixé par l’assurance-maladie, n’est pas incitatif pour le praticien, et la ligature des trompes reste aujourd’hui quatre fois mieux rémunérée. « Ce n’est pas un acte rentable », regrette le Docteur Hupertan. Pour autant, il en est persuadé, « une révolution est en marche ».

Sujets liés